Les Américains sont connus pour leur soft power, un concept défini pour décrire la capacité d’un Etat « à influencer indirectement le comportement d’un autre acteur ou la perception qu’il a de ses propres intérêts, par des moyens non coercitifs (structurels, culturels ou idéologiques). Mais aussi par leur hard power – l’armée, la puissance économique ou le droit.
La réunion des deux approches avait été reprise sous l’appellation smart power par Hillary Clinton lorsqu’elle était ministre des Affaires étrangères et théorisée en 2004 par la diplomate Suzanne Nossel, dans la même revue Foreign Affairs et définie comme « l’ensemble des outils à notre disposition : diplomatiques, économiques, militaires, politiques, légaux et culturels. Il faut choisir le bon outil ou la bonne combinaison d’outils la mieux adaptée à chaque situation ». (Le sharppower des régimes autoritaires face au soft power des démocraties).
Certains États ont développé une nouvelle approche désignée par Christopher Walker et Jessica Ludwig du National Endowment for Democracy sous le nom de Sharp Power qui fait référence à « the information warfare being waged by today’s authoritarian powers, particularly China and Russia ». Les éléctions de 2016, pendant lesquelles les Russes ont fait preuve d’une intense activité, en constitue un exemple éclatant. Est-ce que cela a suffi à faire élire Donald Trump, ce n’est pas prouvé. Est-ce que c’était là l’intention des Russes, cela a été documenté.
Depuis, les Russes continuent et amplifient leurs activités de malfaisance en Europe comme aux Etats-Unis avec l’idée de faire vaciller les fondements de la démocratie (Top Republican warns pro-Russia messages are echoed ‘on the House floor’) . Dimanche, le représentant Mike Turner (R-OH), président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, a déclaré qu’il était « absolument vrai » que les membres républicains du Congrès répètent comme des perroquets la propagande russe. « Nous voyons directement de la Russie des tentatives de masquer les communications qui sont des messages anti-Ukraine et pro-Russie, dont certains que nous entendons même prononcer sur le parquet de la Chambre », a-t-il déclaré lors de l’émission State of the Union de CNN.
Mike Turner a été interrogé au sujet d’une interview dans laquelle le représentant Michael McCaul (R-TX), président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a déclaré que « la propagande russe a fait son chemin aux États-Unis, malheureusement, et qu’elle a infecté une bonne partie de la base de mon parti ». McCaul a blâmé les médias de droite. Lorsqu’on lui a demandé de quels républicains il parlait, McCaul a répondu que c’était « évident ».
Catherine Belton et Joseph Menn ont examiné plus de 100 documents internes du Kremlin datant de 2022 et 2023 obtenus par un service de renseignement européen et ont rapporté aujourd’hui dans le
Au vu d’une centaine de documents internes du Kremlin, un récent article du Washington Post montre que le gouvernement russe mène « une campagne en cours qui cherche à influencer le Congrès et d’autres débats politiques pour attiser le sentiment anti-Ukraine » (Top GOPers’ extraordinary comments on their party and Russian propaganda). Les trolls soutenus par le Kremlin écrivent de faux « articles de presse, des publications sur les réseaux sociaux et des commentaires qui font la promotion de l’isolationnisme américain, suscitent la peur quant à la sécurité des frontières des États-Unis et tentent d’amplifier les tensions économiques et raciales aux États-Unis » tout en affirmant que « les politiques de Biden mènent les États-Unis vers l’effondrement ». D’ailleurs, en bon agent de Moscou, Donald Trump ne fait que répéter ces mêmes inepties.
Les sénateurs Mitt Romney (R-UT), Thom Tillis (R-NC) et John Cornyn (R-TX), l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley et même le vice-président de Trump Mike Pence, ont mis en garde contre les liens du parti avec la Russie. L’ancienne représentante Liz Cheney (R-WY) a déclaré que le Parti républicain avait maintenant « une aile Poutine ».
A plusieurs reprises, Donald Trump a laissé entendre qu’il avait un plan pour mettre fin à la guerre de la Russie en Ukraine en 24 heures. Grâce à « The art of the deal » ? Non plus simplement en accordant l’annexion par la Russie de la Crimée ukrainienne et de la région du Donbass.
Les élus MAGA de la Chambre des représentants ont bloqué le financement de l’Ukraine pendant six mois. Bien qu’un projet de loi supplémentaire sur la sécurité nationale qui financerait l’Ukraine ait été adopté par le Sénat et qu’il soit adopté par la Chambre s’il était présenté, le président de la Chambre, Mike Johnson (R-LA), refuse de le présenter. La Chambre reprendra ses travaux demain après une pause de deux semaines et la pression est de plus en plus forte pour que cette aide soit votée.