Ces dernières semaines, Gérard Depardieu a défrayé la chronique en annonçant son départ à Néchin en Belgique pour des raisons fiscales. Certains lui ont apporté son soutien – Catherine Deneuve – d’autres l’ont accablé de tous les maux de la Terre à commencer par le Premier ministre qui avait qualifié ce comportement d’”assez minable”. Chacun y allant de ses arguments, de sa bonne ou mauvaise foi et de se morale (parfois très flexible pour condamner, justifier, excuser… que sais-je encore). Loin de retomber, l’affaire de nouvelles proportions – à juste titre – lorsque le président élu (de force ?) Vladimir Poutine déclarait que Gérard Depardieu était le bienvenu en Russie et en signant un décret lui accordant la nationalité russe. «Si Gérard veut vraiment avoir un permis de séjour ou un passeport russe, c’est une affaire réglée, et de manière positive», avait-il déclaré lors d’une conférence de presse fin décembre.
De son côté, l’acteur renouvelait ses compliments au peuple et à la culture russe (rien à dire) mais aussi soutien non seulement au régime russe et aux dictatures avoisinantes, notamment la Tchétchénie, et là c’est beaucoup plus problématique. Critiquant à juste titre un tel comportement, André Gluckman a déclaré avoir honte pour l’acteur et eu cette formule : « Gérard Depardieu confond Pouchkine et Poutine ».
A peu près en même temps, la Maison Blanche annonçait la nomination de nouveaux hauts fonctionnaires de son administration, en particulièrement de l’économiste française Esther Duflo, spécialiste des questions de pauvreté, comme membre du Global Development Council. L’affaire à fait beaucoup moins de bruit d’autant qu’Esther Duflo est professeur au MIT depuis une dizaine d’années. Mais là où Depardieu a voulu s’exporter pour bénéficier de régimes fiscaux plus avantageux, l’économiste française a plus vraisemblablement voulu exporter ses neurones aux Etats-Unis pour bénéficier d’un environnement plus favorable à l’expression de son talent. D’abord en étant embauchée par le fameux MIT et d’être nommé professeur à seulement 32 ans et ensuite d’être nommé dans cet agence dont le rôle est de conseiller la Maison Blanche dans le développement des partenariats public-privé. « Esther Duflo rejoint l’équipe Barack Obama pour défendre les pauvres et Cécile Duflot accuse les riches » avait déclaré Jean-Pierre Elkabbach à la recherche d’un bon mot au Grand Rendez-vous d’Europe 1 en interrogeant Jérôme Cahuzac.
Les conditions matérielles sont sans doute une raison à condition dans le choix car le traitement d’un professeur du MIT n’a rien à voir à un professeur du supérieur dans l’Université française. Un professeur titulaire au MIT gagne en moyenne 130 000 euros par an. Le salaire moyen d’un professeur d’université en France est plutôt de l’ordre de 50 000 euros. Une différence qui peut aussi faire réfléchir.
On s’est largement ému du départ du premier alors qu’on n’a, à tort, très peu parlé du second.
Quand on en parle, c’est plutôt en termes positifs. Dans sa chronique matinale de RTL, le journaliste Ménenteau lui a attribue un généreux 16/20 et à indiquer qu’elle est formidable. Sans aucun doute, mais aucune réaction sur le fait qu’un cerveau français soit parti de France.
Ses conférences dans le cadre de la Chaire Savoirs contre Pauvreté au Collège de France
Leçon Inaugurale (8 janvier 2009) : Expérience, Science et Lutte contre la Pauvreté. Diffusée avec le soutien de l’AFD
Le Communiqué de la nomination d’Esther Duflo sur le site de la Maison Blanche
Dr. Esther Duflo, Appointee for Member, President’s Global Development Council
Dr. Esther Duflo is the Abdul Latif Jameel Professor of Poverty Alleviation and Development Economics at Massachusetts Institute of Technology and a founder and Director of the Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab. In addition, Dr. Duflo is the Director of the development economics program at the Center for Economic Policy Research, and also serves as the editor of the American Economic Journal: Applied Economics. She co-authored Poor Economics: A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, which won the Financial Times/Goldman Sachs Business Book of the Year Award in 2011. She was awarded a Fellowship from the MacArthur Fellows Program in 2009 and the John Bates Clark Medal in 2010. She holds an undergraduate degree from L’Ecole Normale Supérieure in Paris, a Master’s degree from EHSEES in Paris, and a Ph.D. from Massachusetts Institute of Technology.
1 Commentaire
Alex Antoine
Un parallele a été fait su le mode de la déploration dans une revue de gauche :
http://www.contreligne.eu/2013/01/1905-duflo-obama-hollande-economie-nomination-ps/