La notion même de debt ceiling (plafond de la dette qui n’est pas un « plafond de verre » !) a vu le jour en septembre 1917. A cette époque le Congrès avait accordé un plafond de 11,5 millions de dollars de l’époque représentant environ 193 milliards exprimés en dollars de 2011. Cette mesure a été prise au moment où les Américains s’engageaient dans la première guerre mondiale.
Au 29 juin 2011, la dette américaine a atteint le niveau astronomique de 14 460 milliards de dollars équivalant à 98,6 % du PIB calendaire 2010. Selon le FMI, cela place les Etats-Unis au 12e rang dans le monde. Ce niveau est surtout légèrement supérieur au plafond de la dette autorisé par le Congrès. D’où les âpres négociations de ces dernières semaines entre le président Obama et les républicains du congrès pour aboutir à un compromis et autoriser de relever le plafond de la dette afin que le gouvernement américain puisse honorer ses paiements et ne pas faire défaut. Une situation qui ne s’est jamais vu et qui pour le moins aurait placé les Etats-Unis dans une situation très délicate et aurait pu déclencher une crise de même amplitude que celle provoquée par la faillite de la banque d’investissement Lehman Brothers.
L’endettement n’est pas une spécialité des démocrates ou des républicains sur une longue comme un courte période. Depuis 1917, le plafond de la dette a été relevé 102. Ce ne sera donc que la 103e fois qu’il sera réévalué. C’est donc une décision qui été prise dans toutes les configurations politiques possibles : président démocrate ou républicain, chambre rouge ou bleue… Obama l’a déjà fait trois fois depuis le début de son mandat.
La loi qui a été votée par le Congrès américain ce 2 août (le jour même de la date limite) a largement traversé les deux partis et laissera sans doute des traces. Tout le monde se déclare content et crie victoire. Mais dans chaque parti, les Tea Party côté républicain et les libéraux côté démocrate ont campé sur leurs positions. Un consensus s’est établi sur l’idée que les Etats-Unis devaient à court terme remonter le plafond de la dette et à moyen et long terme la réduire significativement (On ne peut vivre indéfiniment au-dessus de ses moyens) et donc réduire le train de vie de l’Etat, mais un profond différend s’est établi entre les deux partis.
Ils sont fortement opposés sur les moyens d’y parvenir : les Républicains ne jurent que par des réductions des dépenses de l’Etat et ne veulent pas entendre parler de hausses impôts, fussent-ils pour taxer les plus riches, les 2 % de la population qui gagnent plus de 200 000 dollars par an. De leur côté, les démocrates veulent supprimer les avantages fiscaux. Ils veulent que les riches participent à l’effort national et veulent supprimer les avantages fiscaux accordés par George W. Bush en 2001 et 2003 – Obama s’était engagé sur cette idée. La loi votée par le Congrès semble donner la victoire aux Républicains qui ont obtenu tout ce qu’ils voulaient.
Barack Obama ne relèvera pas les impôts des plus riches, contrairement à qu’il a promis dès sa campagne électorale. Mais c’est là l’effet des dernières élections midterm qui ont donné la majorité aux républicains à la chambre des représentants.