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De Roe à Dobbs

Ils en rêvaient depuis 1973, ils l’ont fait. Les conservateurs, qui ont la majorité à la Cour Suprême – dont 6 catholiques dans un pays où ces derniers représentent 25 % de la population – ont donc invalidé l’arrêt Roe V. Wade et rendu aux Etats la décision de légiférer sur le droit à l’avortement. Dans les faits, de nombreux Etats avaient déjà mis en place des politiques limitant considérablement le droit l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Et ils avaient préparé cette étape en votant des « triggers laws » interdisant l’avortement et pouvant être mis en œuvre dès que la Cour Suprême aurait publié son arrêt Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization.

C’est arrêt n’est pas une surprise et n’est pas tombé du ciel. En dehors de l’activisme des groupes dit Pro-Life et des lobbys, il a fallu une mécanique politique pour qu’il puisse voir le jour. Mécanique passant par la Cour Suprême. En 2016, pour remplacer Antonin Scalia, décédé en février ; Barack Obama présente Merrick Garland comme successeur possible. Mais il faut passé par la case Sénat. Le chef de la majorité d’alors, Mitch McConnell ne le retient même pas pour être auditionner devant la commission du Sénat. Au motif qu’il venait d’inventer que c’était la dernière année du second mandat de Barack Obama. Parmi les mesures faciles à prendre qu’il promettait, le candidat Donald Trump avait promis de nommer un maximum de juges conservateurs. Le calendrier lui a permis d’en nommer trois, plus conservateurs les uns que les autres : Neil Gorsuch (54 ans) en 2017, Brett Kavanaugh (57 ans) en 2018 et Amy Coney Barret (50 ans) en 2020. Cette dernière a été nommé de manière précipitée en remplacement de la Juge Ruth Bader Ginsburg. Oubliée alors la fumeuse règle selon laquelle on ne nomme pas un juge la dernière année du mandat du président. Cette nomination a été faite au passage de charge, à peine plus de 5 semaines entre le décès de Ruth Bader Ginsburg et la nomination de Amy Comey Barrett (50 ans).

Cette décision historique est donc un succès incontestable a retardement de Donald Trump. La nomination des trois juges conservateurs va donc engager l’Amérique pour les trente ans à venir. Tous trois peuvent espérer raisonnable siéger jusqu’en 2050, voir plus. A moins d’une réforme peu probable qui placerait une limite d’âge ou une durée maximale. Autre éventualité, l’augmentation du nombre de Juges (« Packing the Court »), par un président démocrate pour diluer l’influence des conservateurs. Cette question avait d’ailleurs été posée au candidat Joe Biden à plusieurs reprises. Quant aux groupes religieux, évangéliques notamment, peu importe que Donald Trump ne soit pas un modèle de vie comme Jimmy Carter, il n’est pour eux qu’un instrument pour faire avancer leur agenda.

Statement by Donald J. Trump, 45th President of the United States of America

06/24/22

Today’s decision, which is the biggest WIN for LIFE in a generation, along with other decisions that have been announced recently, were only made possible because I delivered everything as promised, including nominating and getting three highly respected and strong Constitutionalists confirmed to the United States Supreme Court. It was my great honor to do so! I did not cave to the Radical Left Democrats, their partners in the Fake News Media, or the RINOs who are likewise the true, but silent, enemy of the people. These major Victories prove that even though the Radical Left is doing everything in their power to destroy our Country, your Rights are being protected, the Country is being defended, and there is still hope and time to Save America! I will never stop fighting for the Great People of our Nation!

Que dit l’arrêt Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization ? Que « The Constitution does not confer a right to abortion; Roe and Caseyare overruled; and the authority to regulate abortion is returned to the people and their elected representatives ». En clair que le gouvernement fédéral n’a aucune légitimité à décider sur un sujet qui doit revenir aux Etats.

La question majeure, poursuit l’arrêt, est de savoir si la Constitution définit un droit à l’avortement. Cette question même a-t-elle un sens ? Les originalistes, qui sont revenus en force depuis Ronald Reagan, lisent la Constitution dans son sens littéral et peuvent donc donner des réponses qui vont assez facilement dans le sens de leur valeur et de leur principe. Sous couvert, bien sûr, d’une construction juridique complexe et incompréhensible au commun des mortels. Mais lire la Constitution dans son sens littéral a-t-il plus de sens que d’interpréter la Bible qui nous affirme que la Terre a été conçue en six jours de la même manière ? Un article publié dans le magazine Politico (The Supreme Court’s Faux ‘Originalism’) considère que cette approche de la lecture de la Constitution indépendamment des considérations n’a pas beaucoup de sens.

« There is ample reason to disagree with originalism as a legal philosophy. Should a 21st century society really interpret its Constitution by the standards of 1787 — an era before the introduction of semi-automatic weaponry, steam power, penicillin, automobiles, trains, electric lights and indoor plumbing? In some ways, though, that’s a pointless debate at the moment. With originalists holding six of the Supreme Court’s nine seats, we’re all living in an originalist world ».

Le début de cette révolution a commencé avec l’arrivée à la Maison Blanche de Ronald Reagan note le magazine conservateur National Review (Why Originalism Is Consistent with Natural Law: A Reply to Critics). Et le mouvement de fond est encore plus large. L’objectif est de remettre en question les principes de la société américaine depuis Franklin Roosevelt et le New Deal, c’est l’objectif ultime des conservateurs. Une volonté qui va à l’encontre de la majorité des Américains.

Voilà 7 élections que les républicains n’ont pas obtenu la majorité populaire aux élections présidentielles. De plus, ils peuvent obtenir la majorité des sièges au Sénat avec seulement 40 % des suffrages. Et même la Chambre des Représentants présente un biais largement en faveur du parti de l’éléphant. Fort de ces avantages, les républicains ont pu ainsi mettre leur projet à exécution et constituer une Cour Suprême qui défendent leurs valeurs. Bref, ils ont ainsi pris le contrôle sur les trois piliers du pouvoir – Exécutif, Législatif et Judiciaire. La démocratie, qui est la loi de majorité, ne semble plus de mise aux Etats-Unis.

Les Etats des Etats-Unis qui vont rendre illégal l’avortement (ils sont 22 à ce jour) vont ainsi rejoindre La République du Congo, L’Egypte, la Guinée-Bissau, la République démocratique du Congo, le Bénin, l’Irak, La Syrie, l’Afghanistan, l’Arabie-Saoudite ou le Yemen. Certains de ces pays autorisent l’IVG lorsque la vie de la mère est en danger. Certains Etats maximalistes américains ne donneront même pas cette possibilité.

Pourquoi interdire l’avortement même en cas de viol ou d’inceste ? Ne pas ajouter une tragédie à une tragédie

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