Les Américains semblent satisfaits de leur situtaton personnelle et sont très critiques sur la situation générale des Etats-Unis. C’est là le paradoxe que met en lumière l’enquête que vient de publier l’institut Gallup mais qui n’est pas nouveau (Exploring Americans’ Satisfaction With Their Personal Lives).
Le pourcentage d’Américains personnellement satisfaits est de 78 %, contre 83 % en 2023. Même avec la baisse de cette année, la satisfaction personnelle reste assez élevée par rapport au pourcentage d’Américains qui sont satisfaits de la façon dont les choses se passent aux États-Unis. Par une coïncidence intéressante, les deux cotes – personnelle et nationale – sont des images exactes du miroir cette année. 78 % d’Américains sont personnellement satisfaits et 78 % d’Américains sont insatisfaits des choses à l’échelle nationale. Et les 20 % d’Américains qui sont satisfaits à l’échelle nationale sont l’inverse des 20 % qui sont insatisfaits personnellement.
On pourrait penser que les sujets d’actualité affectant la satisfaction nationale – la grande récession de 2008, la COVID-19, etc. – s’infiltreraient jusqu’au niveau personnel. Mais ils ne semblent pas avoir un impact très important sur la satisfaction de leur vie personnelle.
L’institut Gallup observe depuis 1979 (première sondage sur ces questions) que les Américains sont beaucoup plus positifs lorsqu’on les interroge sur ce qui se passe dans leur vie personnelle que lorsqu’on les interroge sur des choses à travers le pays. Des exemples de ce « biais de positivité locale » comprennent des attitudes plus positives à l’égard des écoles de leurs enfants que des écoles à travers le pays, moins d’inquiétude à l’égard de la criminalité locale que de la criminalité dans l’ensemble du pays, de meilleures évaluations de leur situation personnelle en matière de santé que les soins de santé en général dans tout le pays, et des attitudes plus positives à l’égard des évaluations d’emploi plus élevées pour leur membre local du Congrès que pour le Congrès en général.
Une première explication est que la satisfaction des Américains sur la situation du pays se fondent sur les informations fournies par les médias, sociaux ou non. Or, on le sait, ceux se concentrent plutôt sur ce qui va mal. Les médias parlent plutôt des trains qui arrivent en retard, c’est connu.
Une autre explication de l’écart entre le local et le national est la politique. La satisfaction des Américains à l’égard de la façon dont les choses se passent aux États-Unis est significativement corrélée à leur identité partisane. Si l’identité partisane personnelle correspond au parti à la Maison-Blanche, la satisfaction est assez élevée. S’ils ne correspondent pas, la satisfaction est assez faible. En bref, les Américains perçoivent leur satisfaction nationale comme, au moins en partie, le reflet du parti du président en exercice. Ce fait de la vie — qu’une minorité importante de la population sera toujours insatisfaite — met essentiellement un plafond au niveau global de satisfaction nationale.
Mais sur ce point, la satisfaction générale n’est pas très élevée : 32 % des démocrates et seulement 7 % des républicains. On le voit, un démocrate est à la Maison Blanche n’est pas une garantie pour les démocrates d’être satisfaits.
Même lorsqu’il y a un changement d’administration, nous ne voyons pas les grands changements que nous constatons dans la satisfaction personnelle comme nous le faisons dans la satisfaction nationale. Les républicains ont généralement été légèrement plus positifs que les démocrates sur leur vie personnelle, même avec Biden et Obama à la Maison Blanche. Cette année marque la seule fois au cours des neuf dernières années où cette question a été posée dans les sondages Gallup de janvier sur l’humeur de la nation où les démocrates ont été plus positifs sur le plan personnel.
L’état socio-économique, matrimonial et religieux est en corrélation avec la satisfaction personnelle. L’impact du statut socio-économique sur la satisfaction personnelle n’est pas très surprenant : les personnes ayant des revenus plus élevés sont plus satisfaites et ont un bien-être plus élevé que celles ayant des revenus plus faibles (l’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue !). La situation matrimoniale et religieuse – être en couple et plutôt religieux – sont également corrélés de manière positive au niveau de satisfaction.