Se sont-ils shootés à la CoCoe ? Que n’avait-on pas dit en 2000 sur le déroulement des élections présidentielles dans l’état de Floride et sur les Etats-Unis : république bananière, archaïsme et complexité des méthodes de vote, corruption… Pour la première élection de son président par les militants, l’UMP donne un triste visage de la démocratie (Sans parler du psychodrame du PS il a y a quatre ans). .
Pendant la très longue campagne – aussi longue qu’une primaire américaine – on avait déjà assisté au bal des hypocrites. Souvenons-nous du débat télévisé où les deux candidats dégoulinaient de bons sentiments, n’en finissaient pas de congratuler qui François, qui Jean-François, pour reprendre dès le lendemain les hostilités à la Kalachnikov verbale ou au lance-roquettes psychologique.
L’UMP, Union des Mauvais Perdants
Si Fillon perd, il pourra toujours se « rabattre » sur la Mairie de Paris, un tremplin acceptable qui a déjà fait ses preuves pour la présidence de 2017. Si Copé perd, il pourra créer sans complexe l’UDD, l’Union pour la Droite Décomplexée.
L’organisation même de ces élections laisse planer quelques doutes puisque le secrétaire général du parti est aussi l’un des deux candidats. Quelle leçon de civisme nos politiques seront-ils en droit de donner au quidam citoyen lorsque chacun des 650 bureaux de vote donnait l’impression d’un camp retranché où la présence d’huissiers, d’assesseurs des deux camps, d’observateurs et autres surveillants du bon déroulement n’ont pas empêché le bourrage des urnes ?
L’argument du résultat serré est peu probant. En 2000, en Floride, l’écart entre les deux candidats était de 537 voix sur près de 6 millions d’électeurs. Rapporté à 150 000 votants, cela donnerait un écart de 14 voix. Dans les deux camps, on parlait de 200, voire de 1000 voix d’écarts, ce qui est beaucoup plus.
Et puis, imagine-t-on lors d’une élection présidentielle, un candidat-président déclarer officiellement sa victoire à l’Elysée avant même que les résultats soient officiellement connus. C’est simplement ce qu’a fait Jean-François Copé sans vergogne, ni complexe, hier soir au siège de l’UMP, rue de Vaugirard. N’est-ce pas la tentation d’un coup de force ? Le 18 novembre sera-t-il le 2 décembre de l’UMP avec JFC dans le rôle de Louis-Napoléon Bonaparte.
On a aussi fustigé l’utilisation de techniques de micro-ciblages dans la campagne américaine où les deux camps – surtout celui du candidat démocrates – pouvaient toucher individuellement les citoyens encore hésitants dans les zones critiques des swing states. Mais l’UMP non plus n’a pas lésiné sur l’utilisation des technologies comme arme de guerre psychologique ou de séduction auprès de ses adhérents. Et là, pas besoin des louer des fichiers, il suffit de se baisser pour les ramasser. D’ailleurs, de ce point de vue, François Fillon a dû avoir plus de mal pour accéder à de type d’information sans doute verrouillée par l’équipe en place.
« Ce qui arrive est encore pire que ce que j’avais prévu » a déclaré Alain Juppé aujourd’hui. La démocratie est un art difficile.