Les républicains ont toujours d’excellents arguments pour justifier qu’il ne faut surtout pas changer la réglementation de la vente des armes à feu. Et que toutes les modifications proposées par les démocrates ne changeraient rien et n’améliorerait pas la situation. Avec pour finir, l’argument ultime sous forme du deuxième amendement qui, rédigé et voté en 1791, donnait à chaque Américain pour l’éternité, le droit imprescriptible à posséder autant armes semi-automatiques qu’il jugerait bon.
Certains de ces arguments comme celui avancé par Steve Scalise sont à la frontière de la raison et de la démence. En septembre 2001, les avions ont été utilisées comme des armes. A-t-on interdit pour autant l’utilisation des avions ? (Avions et armes à feu même combat !).
D’autres sont tout simplement faux. Le même Steve Scalise a fait porter la responsabilité des tueries récentes sur les démocrates en invoquant le fameux slogan « defund the police » qui avait circulé après l’assassinat de George Floyd par le policier Derek Chauvin. Selon l’élu républicain, qui a pourtant été la cible d’une fusillade, les grandes villes démocrates, sous l’emprise de ce slogan, auraient réduit les budgets de la police et donc exposé les citoyens américains aux déséquilibrés. Mais la réalité est tout autre.
C’est ce que montre un nouveau rapport du think tank Third Way. Il constate que les villes dirigées par les démocrates n’ont pas définancé leurs forces de police. C’est exactement le contraire qui s’est produit, au point de devancer les villes dirigées par les républicains en matière de budget pour la police par habitant.
Dans ce rapport, nous constatons que le financement de la police et les niveaux de personnel de police sont beaucoup plus élevés dans les 25 plus grandes villes dirigées par les démocrates par rapport aux 25 plus grandes villes dirigées par les républicains. Dans le cycle de financement le plus récent, ces mêmes villes démocrates ont augmenté leurs budgets de police dans une plus grande mesure que les villes avec des maires républicains.
Les chiffres sont clairs :
– « The 25 largest Democrat-run cities employ 75% more police ocers than the 25 largest Republican-run cities, on a per capita basis.
– The 25 largest Democrat-run cities spend 38% more on policing than the 25 largest Republican-run cities, on a per capita basis ».
La conclusion est assez simple : les républicains parlent de financer la police mais ne le font pas.
Les 25 villes démocrates les plus peuplées vont de New York avec 8 177 025 habitants à Memphis avec 650 980. Les 25 villes républicaines les plus peuplées partent de Jacksonville avec un population de 949 611 à Glendale en Arizona avec 248 325 habitants. Au total, les 25 villes démocrates les plus peuplées regroupent 37 470 584 personnes, tandis que les 25 villes républicaines correspondantes ont un total combiné de 10 415 763.
Les villes dirigées par les démocrates emploient 288 policiers pour 100 000 habitants, contre 164 policiers pour 100 000 habitants. Les forces de police dans les villes avec des maires démocrates sont 75,1% plus grandes que les forces de police dans les villes du GOP. Sur les dix villes qui ont les forces de police par habitant les plus importantes, neuf sont dirigées par des démocrates… Washington DC, Chicago, Las Vegas, New York, Detroit, Philadelphie, Memphis, Boston et Los Angeles. Miami, arrivée neuvième, est la seule ville dirigée par les républicains dans le top dix.
De son côté, le président Biden n’a jamais adopté ce discours defund the police. Dans le plan de relance voté par la loi American Rescue Plan, il a dédié 10 milliards de dollars d’argent fédéral à la sécurité dont 6,5 milliards pour aider les municipalités à lutter contre le crime. Il a également signé un décret sur la réforme de la police qui renforce les normes nationales de conduite des services de police partout au pays, améliore la surveillance des agents délinquants et resserre les normes de recours à la force en matière d’application de la loi fédérale.
La criminalité et la réglementation des armes à feu devraient jouer un rôle important dans les élections de mi-mandat. Les concertations actuelles entre démocrates et républicains sont très incertaines et il n’est pas sûr qu’elles aboutissent à quelque chose de substantiel. La montagne pourrait bien accoucher d’une souris.