Lors d’une récente édition de son émission culte Répliques, Alain Finkielkraut posait la question : « Que signifie le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ? ». Pour y répondre, il avait invité Yascha Mounk, Politologue dont le dernier essai s’intitule Le piège de l’identité et Laure Mandeville Journaliste au Figaro, ancienne correspondante à Washington (de 2009 à 2016).
L’animateur plante le décor en présentant les traits de la personnalité qui sont connus de tous et ne font aucun mystère. Et comment expliquer que près de 50 % des votants aient choisi un tel personnage.
Pour Laure Mandeville, il ne faudrait pas réduire Donald Trump à sa vulgarité : “Certes, son vocabulaire est limité, certes le personnage sait être indécent et ne s’en prive pas, mais dire qu’il n’y a rien sur le plan humain chez Trump, qu’il n’y a pas la moindre nuance est une erreur. Donald Trump a fait preuve au contraire de capacités remarquables, tant sur le plan politique que sur le plan humain, pour connecter avec une partie de l’Amérique qui avait été complètement abandonnée, occultée, oubliée, par le corps politique, Républicains et Démocrates confondus. De ce point de vue, c’est une performance de la part de Trump tout à fait remarquable. Au fond, c’est grâce à son indomptabilité plus impressionnante que jamais lors de sa tentative d’assassinat, que Trump est parvenu à se faire propulser par les Américains à la tête du pays une deuxième fois”.
Bref, oubliez tous les travers et actes passés du président élu qui a passé six ans à nié la légitimité de Barack Obama, a ensuite refusé à reconnaître sa défaite de 2020 et en fait aujourd’hui un test pour le recrutement de ses collaborateurs, et surtout a initié ce que l’on peut appeler une tentative de coup d’Etat, la négation même de la démocratie. Faut-il aussi mentionner ses 34 chefs d’accusation, ses nombreuses mises en examen, ses deux impeachments. Et les près de 4000 actions en justice dans lesquelles il a été impliqué, soit à son initiative, soit à l’initiative de ses défendeurs. On peut mentionner Trump University, une supercherie qui a conduit à un accord selon lequel il a accepté de verser 25 millions de dollars.
Face à cette présentation plutôt favorable du futur 47e président des États-Unis, Alain Finkielkraut n’est pas sorti de son rôle d’animateur. Il a juste essayé d’apporter des éléments pour faire réagir ses invités.
Dans l’émission le Grand Entretien de Radio J, Alain Finkielkraut est alors en mesure de dire réellement ce qu’il pense. Et c’est un tout autre discours.