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Abraham Lincoln ou comment sauver l’Union

14-fevrier21On se souvient que le 20 janvier lors de la cérémonie d’ouverture, Barack Obama a prêté serment sur la Bible sur laquelle Lincoln avait lui-même prêté serment le 4 mars 1861. Autre point commun entre les 16e et le 44e présidents, Abraham Lincoln était sénateur de l’Etat de l’Illinois tout comme Barack Obama. C’est d’ailleurs à Springfield, la capitale de l’Etat que, le 9 février 2007, Barack Obama  a déclaré sa candidature à l’investiture à la nomination démocrate pour l’élection présidentielle 2008.

Abraham Lincoln, une conviction forte, une mort tragique, une légende américaine

14-fevrier32C’est une très intéressante édition de l’émission Questions d’Ethique sur France culture ce samedi 14 février qui recevait Bernard Vincent, professeur émérite à l’Université d’Orléans en histoire et civilisation des Etats-Unis (Abraham Lincoln est né le 12 février 2009).

On sait qu’Abraham Lincoln est l’un des grands présidents de histoire des Etats-Unis et qu’il est aussi un de ceux que Barack Obama admire le plus (voir les discours qu’il a prononcé à Sprinfield et au Congrès ci-dessous). Sans doute à juste titre. Il est vrai qu’il est intervenu au moment le plus tragique de l’histoire des Etats-Unis qui, rappelons-le, a occasionné plus de 600 000 morts (presque autant que toutes les autres guerres dans lesquelles ont été impliqués les Etats-Unis), auxquels il faut ajouter 400 000 blessés. Un nombre d’autant plus important que les Etats-Unis ne comptaient à l’époque que 30 millions d’habitants.

Lincoln est un des héros du parti Républicain, mais à l’époque ce parti était un parti progressiste.[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=2B73vkTeL_g&hl=fr&fs=1]
(Video from the 2008 Republican National Convention)

Gettysburg Address as recited by Jeff Daniels
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=BvA0J_2ZpIQ&hl=fr&fs=1]

Les grands événements révèlent les grands hommes. Harry Truman en apporte aussi une autre preuve éclatante. En poussant le bouchon un peu loin, Obama pourrait presque remercier le sort tant la tâche qu’il va avoir à accomplir va lui permettre de révéler tout son talent. Et dieu sait combien il va en avoir besoin.

Abraham Lincoln fut un homme de droit et s’est formé lui-même (un self-made man comme on dirait en bon français car Lincoln n’a reçu en tout et pour tout durant toute sa jeunesse que de l’équivalent d’une scolarité). Là encore le parallèle peut s’établir avec Barack Obama lui aussi un homme de droit pour qui la Constitution des Etats-Unis est au cœur de ses valeurs. N’avait-il pas commencé son fameux discours « De la race en Amérique » après la controverse autour des déclarations du pasteur Jeremy Wright par « Nous, le peuple, en vue de former une Union plus parfaite » ?

Lincoln est le président qui a sauvé l’Union des Etats-Unis dans cette crise majeure que fut la guerre de Sécession, mais c’est aussi celui qui a procédé à l ‘abolition de l’esclavage. Les deux problèmes étant intimement liés. Toutefois, cette conviction de l’immoralité de l’esclavage en entrée en conflit avec le total respect que Lincoln accordait à la Constitution. D’ailleurs, n’est-ce pas là l’une des premières tâches du président des Etats-Unis ? : « Je jure solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous ennemis, externes ou intérieurs… »

Bernard Vincent nous le rappelle, cette conviction s’est faite en trois étapes :

– L’esclavage ne peut pas s’étendre géographique

– Les propriétaires des Etats du Sud avaient besoin de s’étendre pour augmenter leur production de coton qu’ils exportaient vers l’Angleterre et propageaient l’esclavage dans de nouveaux Etats- ;

– L’esclavage ne peut se prolonger dans le temps. Il faut donc trouver une solution pour y mettre un terme ;

Il faut abolir l’esclavage. Ce que Lincoln a fait en signant le 13e amendement de la Constitution.

Savoir replacer les choses dans leur contexte

C’est un cas intéressant montrant qu’il faut bien juger les hommes en replaçant leurs jugements et leurs actes dans le contexte de leur époque. Car si l’on jugeait Lincoln aujourd’hui sur ses convictions concernant l’esclavage, Certaines bonnes âmes progressistes pourraient sans doute le qualifier de raciste. Lincoln concevait en effet que les Noirs devaient obtenir l’égalité politique, mais pas nécessairement l’égalité économique ou sociale. Pendant un temps, il a même soutenu les idées de la Société américaine de colonisation (American Colonization Society) dont le but était d’aider les esclaves émancipés à retourner en Afrique. C’est d’ailleurs ce qui a donné naissance au Liberia. Bien sûr, cette initiative fut un échec total. Seuls quelques centaines sont retournés en Afrique. La grande majorité partageaient l’idée que les Etats-Unis étaient devenus leur pays.

Sa conception de la coexistence entre les Noirs et les Blancs est assez proche de ce qu’a promulgué le 18 mai 1896 la Cour suprême dans le fameux Arrêt Plessey contre Fergusson selon lequel les Etats peuvent autoriser ou même imposer des mesures de ségrégations raciales pourvu que les conditions faites aux deux races soient égales. C’est le fameux concept de « Egaux mais séparés » qui prévalu jusqu’en 1965. Pendant un siècle après la mort de Lincoln. A l’époque de Lincoln, cette idée était donc très progressiste et en avance sur son temps. En 1965, il fallait lutter contre. Aujourd’hui, elle est absolument intolérable.

Pour écouter l’émission

Discours donné à Sprinfield à l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Abraham Lincoln (en anglais)

Discours de Barack Obama au Congrès à l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Abraham Lincoln (en français)

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