Auschwitz est un nom symbole de terreur, de torture, d’humiliations, d’inhumanité et finalement de mort. Pas de mort accidentelle ou occasionnée, mais planifiée et industrialisée.
La visite des deux sites, Auschwitz d’abord et Birkenau ensuite offre deux expériences très différentes.
La première se passe principalement en intérieur, dans les différentes baraques qui n’ont pas été modifiées, mais complétées d’effets personnels des anciens déportés, pour se laver, se raser, pour se peigner… Également des valises, des centaines de valises, triste symbole d’un espoir rapidement déçu de peut-être repartir un jour. Dans une des salles est exposé un vêtement fabriqué avec des cheveux. Une idée évidemment insupportable même si on a du mal à la réaliser. Mais la suite de la visite ne laissera aucun doute lorsqu’on découvre dans une salle suivante, une montagne de cheveux tels qu’ils étaient depuis qu’ils ont été coupés. Difficile à voir.
Auschwitz est entré en activité le 14 juin 1940 avec l’incarcération de 728 prisonniers politiques polonais. La Pologne était envahie depuis l’automne et les Allemands avaient déjà annoncé qu’ils voulaient supprimer les élites. Un refrain que l’on entend aussi ces derniers temps.
Au début, Auschwitz était une prison, mais il s’est rapidement transformé en camp de concentration pour y accueillir les juifs de toute l’Europe. Il s’agissait plus d’un camp de travail dont l’utilité n’était sans doute pas l’objectif. Mais le travail rend libre comme l’affirme le portail à l’entrée du camp.
Arbeit macht frei
Les bâtiments du camp sont ceux d’une ancienne garnison militaire polonaise. Peu à peu, le projet d’élimination des juifs prend forme et les premières expérimentations de massacre en nombre dans les chambres à gaz y sont faites. Mais étant donné l’ampleur du programme nazi, Auschwitz était beaucoup trop petit.
C’est alors qu’arrive Birkenau, situé à quelques centaines de mètres. Après l’expérimentation, place à l’industrialisation et à la planification. Il y avait à l’époque 11 millions de juifs en Europe. Les nazis voulaient les faire disparaître.
La visite de Birkenau est différente, car elle se passe principalement en extérieur, à l’exception d’une baraque et des latrines la jouxtant.
A peine arrivés sur la rampe – le quai du train à l’intérieur du camp – la guide nous emmène sur le site des quatre chambres à gaz et des fours crématoires. Car Birkenau n’a pas été conçu vivre, mais pour mourir. Les témoins le racontent tous, la sélection dès la descente des wagons est impitoyable, trois déportés sur quatre sont jugés inaptes (à vivre sans doute) et donc envoyés illico à la mort. Les autres auront la « chance » de connaître la mort lente, pas celle dont parle Georges Brassens dans sa chanson Mourir pour des idées, mais de manière insidieuse, perverse, humiliante.
Dans cette journée ensoleillée de juin, le camp de Birkenau – lui aussi resté en l’état – l’air calme et paisible. On n’a du mal a envisagé la douleur qui s’est exprimée durant ces années de fonctionnement. On n’entend que le vent qui balaie l’étendue et l’herbe qui a poussé lui donne un côté pastoral. Mais un petit travail d’imagination permet d’entrevoir toutes les horreurs et les atrocités qui ont eu lieu.
Birkenau est bien la matérialisation de la solution finale. Le camp fut construit sur l’emplacement d’un village réquisitionné pour l’occasion. Les habitants avaient quelques minutes pour réunir leurs effets personnels et partir. Pour construire les barraquements, les pierres des maisons existantes ont été réutilisées.
Les quatre chambres à gaz et les fours crématoires tourneront à plein régime à partir de 1942 supprimant 1,3 million d’êtres humains dont plus de 90 % de juifs.
Pour éviter le phénomène de panique, les chambres à gaz devaient être nettoyées après chaque opération pour faire croire qu’il s’agissait de douches. Quant aux cheminées, elles étaient censées celles d’usines. Effectivement, d’usines d’extermination de vies humaines.