Le train a joué un rôle d’unification et de consolidation des Etats-Unis. Le premier chemin de fer transcontinental a été construit aux États-Unis entre Sacramento (Californie) et Omaha (Nebraska), entre 1863 et 1869. Les 3 000 km de voies ferrées ont permis de relier le réseau ferré de l’est du pays à la côte Pacifique. Et jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, aux côtés de l’automobile qui était déjà un des moteurs de l’économie américaine et avant le décollage du secteur aérien, il a joué un rôle central de la vie américaine.
Mais le transport aérien s’est imposé reléguant les chemins de fer à un rôle d’adjuvant, éventuellement folklorique. Un voyage avec le California Zephyr de Denver à Emeryville, de l’autre côté de la baie de San Francisco, donner le temps de découvrir les merveilleux paysages qui défilent suffisamment lentement pour avoir le temps de les admirer. Dans cette panoplie de déplacement, Il ne faut néanmoins pas oublier le bus qui permet à des Américains peu fortunés de se déplacer sur tout le territoire.
Et puis, le TGV est apparu. Le Japon offrait les distances idéales pour cette nouvelle génération de train, concurrent idéal de l’automobile et de l’avion (Les Américains n’aiment-ils plus le train ?). Le Shinkansen, qui fut mis en service en 1964 avec l’inauguration de la première ligne à grande vitesse reliant Tokyo à Osaka. La France s’est lancée dans un projet comparable et le 26 février 1981, la rame TGV n° 16 obtient un premier record de vitesse sur la LGV Sud-Est à 380 km/h. Tout récemment, la Chine a édifié en quelques années le plus long réseau de trains à grande vitesse du monde (Chinamérique : unifier le pays grâce au train).
Et des projets de train à haute vitesse se sont développés dans tous les pays du monde, y compris aux Etats-Unis où ils sont restés à l’état de projet.
Plusieurs zones géographiques à haute densité de population semblaient convenir à ce nouveau moyen de transport : La côte du Nord-Est, la Floride, le Texas et la Californie. En 2011, le gouverneur de l’état de Floride, le républicain Rick Scott, a informé le ministre du Transport Ray LaHood de l’époque qu’il rejetait le projet de construction d’un réseau ferré à haute vitesse relancé et financé en partie par le gouvernement fédéral. Pour justifier cette décision, Rick Scott indiquait à la fois que ce projet n’était pas approprié étant donné le déficit actuel et qu’un tel service n’était pas justifié et surtout coûterait très cher.
C’était la Californie qui avait poussé le plus un projet de train à haute vitesse. Et puis, dans son discours sur l’état de l’état de Californie (l’équivalent du discours sur l’état de l’Union au niveau de l’état de Californie), c’est le gouverneur démocrate nouvellement élu, Gavin Newsom, ancien maire de San Francisco, qui a annoncé l’arrêt du projet de construction du train à haute vitesse reliant Sacramento à San Diego en passant par San Francisco et Los Angeles. Le coût du projet était estimé à 77 milliards de dollars et serait terminé en 2033.
Mais il n’aurait pas pour autant abandonné le train à haute vitesse en se repliant sur un projet moins ambitieux reliant Merced à Bakerfield (voir carte ci-dessous). Toutefois, sans préjuger de la réelle volonté du nouveau gouverneur, on ne peut que constater que le train, qu’il soit à haute, voire très haute vitesse, n’a désormais plus droit de cité aux Etats-Unis. Les Américains se penchent sur des projets encore plus futuristes comme l’Hyperloop qui permettrait de relier Los Angeles à San Francisco en une demi-heure. Il faut noter en passant que ce projet émane du bouillonnant Elon Musk et non des pouvoirs publics. Mais n’est-ce pas là en fait une fuite en avant ? (Le train, moyen de transport du 21e siècle).