On avait déjà entendu des Américains, fervents supporters de Donald Trump, déclarer qu’ils voyaient la main de Dieu dans l’élection du 45e président des États-Unis. Là c’est la porte-parole du président, Sarah Huckabee Sanders qui déclare officiellement que Dieu avait voulu que Donald Trump soit président. Finalement, qu’il ait été élu avec la minorité des voix des Américains, qu’il ait été aidé par les Russes, qu’il ait déclaré que les Mexicains étaient des violeurs et des voleurs ou qu’il ait fait des déclarations racistes que c’est Dieu qui l’a choisi. « Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » nous dit Matthieu (22, 1-14). Mais en fait, la réalité est encore bien plus forte « beaucoup d’appelés et un seul élu : Donald Trump ».
C’est dans une interview à la chaîne Christian Broadcasting Network, une chaîne destinée aux évangéliques qui représentent un Américain sur cinq, que la porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré :
« I think God calls all of us to fill different roles at different times and I think that he wanted Donald Trump to become president,” Sanders said. “And that’s why he’s there and I think he has done a tremendous job in supporting a lot of the things that people of faith really care about. »
Les évangéliques sont sans doute le groupe dont le soutien à Donald Trump est le plus massif (plus de 90 %) et le plus stable. Il faut un temps où républicains comme démocrates considéraient le caractère de la personne comme un élément important dans la capacité à diriger un pays. Les républicains et surtout les évangélistes ont changé d’avis. Interrogés sur le profil pour le moins contestable du président actuel, ils rétorquent que nous sommes tous pêcheurs et que Dieu peut choisir quelqu’un d’imparfait pour accomplir le plus beau des desseins.
Il y a eu l’horrible période du Maccarthysme au début des années 50 où quiconque osait dire un mot de travers était immédiatement qualifié de communiste et persécuté, parfois condamné en tant que tel. Les États-Unis seraient-ils revenus à la pire période obscurantiste où les faits sont devenus suspects et doivent obligatoirement céder la place aux croyances, aux dogmes et aux superstitions ? Imagine-t-on une seconde Benjamin Griveaux dire qu’Emmanuel Macron a été élu parce que Dieu en avait fait le choix ?
Il faut rappeler que Sarah Huckabee Sanders est la fille de Mike Huckabee, pasteur baptiste, élu gouverneur de l’Arkansas de 1996 à 2007 et candidat malheureux à la primaire républicaine de 2008. Sarah Huckabee Sanders a donc baigné dans une famille où la Création a droit de cité aux dépens de l’Evolution.
Dans la même interview, elle a même déclaré que Donald Trump était the « most conservative président America has ever had ». Difficile à dire puisque Donald Trump a sans été plus démocrate que républicain et qu’il a aussi été indépendant.