“You are entitled to your opinion. But you are not entitled to your own facts.”
― Daniel Patrick Moynihan
Lorsque les responsables des agences de renseignements expliquent à Donald Trump que les Russes se sont ingérés dans les élections de 2016, il n’en croit rien et, de toute façon, cela n’a influé en rien sur les résultats. Lors de la rencontre d’Helsinki, Donald Trump a même été rassuré puisque Vladimir Poutine lui a juré ses grands dieux qu’il n’avait rien fait.
Lorsque la CIA affirme avec le plus haut niveau de confiance que Jamal Khashoggi a été abattu dans les conditions horribles que l’on sait sur les instructions que l’on sait de Mohammed Ben Salman dit MBS, Donald Trump rétorque que « peut-être il l’a peut-être fait, peut-être pas ».
Vendredi dernier, en plein Black Friday, 300 chercheurs et scientifiques de 13 agences fédérales ont publié un rapport (Fourth National Climate Assessment) de plus de 1500 pages, très alarmiste, dont les conclusions sont sans ambiguïté et ne font que confirmer les rapports précédents, en particulier ceux du GIEC. Bien sûr, il reste toujours des sceptiques, voire des négationnistes, qui rétorqueront que des fluctuations climatiques ont toujours existé et nous en vivons une de plus. Donald Trump les représente à merveille, le seul problème est qu’il est président des Etats-Unis. Répondant à une question d’un journaliste avant de monter dans son hélicoptère, il a balayé d’un revers de main les conclusions de ce rapport et seulement déclaré qu’il ne croyait pas. Réagissant à la vague de froid qui a recouvert le Nord-Est du pays, Donald Trump s’est amusé en faisant mine de s’interroger sur le soi-disant réchauffement climatique qu’il avait défini comme un « canular inventé par les Chinois » (Ne pas confondre météorologie et climatologie).
Est-ce que cela le fragilisera ? Sans doute pas, car sa « base » considérera que son champion est si combatif qu’il peut mettre en échec les faits par sa simple volonté. Pour elle, Donald Trump n’est pas un président, mais plutôt une sorte de gourou qui les mènera vers des avenirs meilleurs grâce à ses formules magiques MAGA (Make America Great Again) et AF (America First).
Concernant ce rapport, les conclusions sont claires :
Earth’s climate is now changing faster than at any point in the history of modern civilization, primarily as a result of human activities. The impacts of global climate change are already being felt in the United States and are projected to intensify in the future—but the severity of future impacts will depend largely on actions taken to reduce greenhouse gas emissions and to adapt to the changes that will occur.
Déjà le précédent rapport (Une loi votée par le Congrès en 1990 oblige de publier un rapport tous les quatre ans) publié en 2014 pointait largement sur les risques que courent la planète et nous ses habitants. Barack Obama avait signé nombre de décrets imposant des réglementations pour limiter les gaz à effets de serre et favoriser les énergies renouvelables. Par exemple, imposant les émissions des véhicules ou limitant l’extraction du charbon. Soucieux de détricoter ce qu’a fait son prédécesseur et hostile aux faits scientifiques s’ils dérangent ses préjugés, Donald Trump a signé nombre de décrets pour déréguler à tout va.
Sauf que le rapport montre que les dangers des dérèglements climatiques se font de plus en plus pressants. Le rapport préconise trois familles de solutions : attacher un prix à l’émission des gaz à effet de serre ce qui se concrétise par des taxes sur les entreprises et les particuliers, mettre en place des normes et réglementations pour limiter les émissions et investir dans les énergies propres. En gros, l’exact opposé de ce fait Donald Trump depuis qu’il est à la Maison-Blanche.
Certains observateurs ont fait remarquer que le rapport n’avait fait l’objet d’aucune censure. Par contre, il a été publié le lendemain de la fête de Thanksgiving, le fameux Black Friday, où les Américains sont plutôt occupés à autre chose. En espérant qu’il serait inaperçu.
Une chose est sûre, les conclusions de ce rapport sont à l’opposé de la politique environnementale menée actuellement par l’Administration américaine. Mais ce rapport pourrait avoir des conséquences importantes dans la mesure où il pourrait servir de pièce à conviction dans de futures démarches juridiques contre le gouvernement américain.