Pour la deuxième année consécutive, Donald Trump a prononcé un discours à la conférence annuelle organisée par la NRA qui se tient à Dallas. Lors de sa première intervention, l’année dernière, il avait indiqué en substance à l’association qu’elle aurait désormais un allié à la Maison Blanche. Les trois tueries de masse (Mass Killing serait sans doute plus parlant que Mass Shooting) – parmi les plus meurtrières de ces dernières années, lors d’un concert en plein air à Las Vegas dans une église à Sutherland Springs au Texas et dans l’école de Parkland – ont suscité une vive émotion dans tout le pays et ont déclenché une initiative de la part des lycéens qui a notamment débouché sur plus d’un millier de rassemblements dans tout le pays dont une marche à Washington. La deuxième information était dans la même veine que la première, sans doute pire, avec des allusions aux attentats de Londres et de Paris, particulièrement détestables. Avec l’argument massue selon lequel ces attentats ont été possibles, car personne n’était armé à proximité des terroristes. A noter que le port d’armes était interdit dans l’enceinte de la conférence.
Au-delà de l’émotion, la tuerie de Parkland semblait avoir mobilisé les esprits mais assez peu l’Exécutif ou le Législatif. Comme à l’accoutumée, Donald Trump avait fait des déclarations contradictoires avec au final la proposition d’armer les enseignants et les personnels administratifs. Sur la vente des armes à feu rien, une fois de plus il était urgent de ne rien faire. Du côté du Congrès, les Républicains souvent vif supporters de la NRA dont beaucoup reçoivent des subsides font appel au 2e amendement pour bloquer toute discussion et vouloir réglementer la vente des armes à feu équivaudrait presque à être contre la Constitution et antiaméricains. Quant aux démocrates, ils ont fait de belles déclarations mais n’ont pas vraiment été actifs à faire quoi que ce soit. Et puis les midterms se profilent…
Et pourtant, le moment serait plutôt adapté dans la mesure où les Américains sont assez largement favorables à modifier la réglementation d’après les derniers sondages de l’institut Gallup. En mars dernier, deux Américains sur trois sont favorables à une réglementation plus stricte de la vente des armes à feu, en augmentation de 7 points par rapport à octobre dernier. Évidemment, cette proportion dépend largement de l’appartenance politique : 90 % des démocrates y sont favorables, seulement 41 % des républicains. En mars, dans une vague d’émotion nationale, 13 % des Américains citaient la question des armes à feu comme le problème le plus important. Mais l’émotion retombe vite et ils n’étaient plus que 6 % en avril. Parmi les changements à introduire dans la réglementation ou plutôt l’absence de réglementation souhaités par les Américains, il faut citer une vérification plus stricte du profil des acheteurs (87%), interdiction de vente des armes semi-automatiques (75%) et des bump-stocks, modules qui transforment des armes en armes semi-automatiques (74%).
La perception qu’ont les Américains de la NRA a, elle aussi, bien évolué. En octobre 2015, 58 % en avaient une vision positive. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 41 %. L’inconvénient avec ces deux chiffres est qu’ils proviennent de deux instituts différents Gallup et CNN.
Quant à l’idée folle d’armer les enseignants et les personnels administratifs proposée par Donald Trump et reformulée à l’occasion de son discours de Las Vegas, Trois enseignants sur quatre y sont opposés et un Américain sur quatre pensent que ce serait là un moyen efficace pour limiter les tueries de masse dans les écoles.