Avec Donald Trump, la vie est simple : il y a les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Depuis qu’il est président des États-Unis, il a pris l’habitude de lancer des critiques ad hominem sur les personnes, les institutions et les entreprises. Concernant les personnes, ces critiques étaient systématiquement assortis de qualificatifs toujours humiliants, parfois dégradants, On a eu droit à Crooked Hillary, Little Mario, Low Energy Jeb… La liste est longue. Pour ce qui concerne, les institutions, celles qui sont supposés défendre l’intérêt et la sécurité des États-Unis, le FBI, la CIA, la NSA, les agences de renseignements en général, en ont pris régulièrement pour leurs comptes.
Pour ce qui concerne les entreprises, Donald Trump a pris l’habitude de décerner les bons et les mauvais. Quand les sociétés annoncent (peu importe si elles le font ou dans le contexte) par exemple des primes de 1000 dollars, peu importe qu’elles donnent des dividendes dégoulinants, qu’elles licencient), ou une relocalisation d’usine aux États-Unis, elles ont droit à une déclaration ou à un tweet dithyrambique dont le seul objectif est de montrer qu’elles ne font que confirmer les sages décisions prises par le président. Et puis, il y a les bêtes noires, les têtes de turc, les boucs émissaires, les souffre-douleurs, les victimes expiatoires qui deviennent une cible occasionnelle ou permanente. Avec parfois des raisons détournées.
Amazon a fait l’objet d’un tweet vengeur cette semaine.
Les raisons d’une telle virulence ne sont pas claires et peuvent être multiples :
– Jeff Bezos est beaucoup plus riche que Donald Trump ;
– Jeff Bezos est le patron du Washington Post qui a ciblé Donald Trump comme sa cible favorite et a modifié son motto Democracy Dies in Darkness. Même si cela n’est pas une réponse directe aux attaques quotidiennes de Donald Trump contre la presse, il est parfaitement adapté (The Washington Post’s new slogan turns out to be an old saying).
– Les « amis » de Donald Trump dont beaucoup se recrutent dans le BTP, lui ont expliqué les dégâts causés du commerce en ligne – dont Amazon est l’inconstatable champion – sur les bricks and mortars.
Suite à ce tweet, l’action Amazon a perdu 7,4 % de sa valeur représentant une perte de 50 milliards de dollars. On peut penser qu’il ne s’agit là qu’une réaction immédiate et non durable, mais il existe un doute sur ce que pourrait entreprendre Donald Trump comme Amazon ou plutôt contre le commerce en ligne. Paradoxalement, le président se plaint qu’Amazon ne paye pas assez d’impôts alors qu’il s’est fait le chantre de la politique du moins d’impôt généralisé.
Donald Trump, Satya Nadella (CEO de Microsoft) et Jeff Bezos (CEO d’Amazon)
La raison invoquée de cette critique est le supposé mauvais accord entre Amazon et l’USPS qualifié de Delivery Boy est très suspecte, car cet accord est confidentiel et personne n’en connaît les termes. Néanmoins, la situation de la poste américaine est très mauvaise. Les raisons en sont connues : le développement des communications électroniques et de la concurrence de sociétés comme Fedex ou UPS. La première se développe au détriment de la distribution du courrier traditionnel pour laquelle l’USPS a un monopole. Donc l’USPS n’a pas d’autres choix que de se diversifier et l’accord avec Amazon est une des voies possibles. Tout ceci sans mentionner les obligations de financement des retraites des anciens employés qui pèse très lourd.
Sur 2017, la Poste US a perdu 2,7 milliards de dollars et accuse une perte cumulée de 63 milliards de dollars depuis 2007 avec un chiffre d’affaires qui décline d’année en année. Des chiffres qui montrent évidemment l’ampleur du problème. Sur la dernière décennie, le chiffre d’affaires d’Amazon est passé de 14,8 milliards à 178 milliards de dollars, une croissance sans équivalent. Et si Amazon est moins profitable que les autres partenaires du club GAFA, elle a néanmoins dégagé 3 milliards de dollars de bénéfices sur le dernier exercice.
Bref, l’avenir d’Amazon est radieux, celui de l’USPS bien sombre.