Après plusieurs de sursis, Rex Tillerson a donc été viré de son poste de Secretary of State (ministre des affaires étrangères). Mais, une fois de plus, Donald Trump s’est comporté comme l’animateur de l’émission The Apprentice plutôt que comme président des Etats-Unis. Mais il faudra s’habituer à ce type de comportement, car il est maintenant sûr qu’il ne changera pas. Au contraire même, plus il joue sur ce registre de politiquement incorrect, antidote du politiquement correct que critique radicalement Donald Trump depuis toujours.
De fait, Rex Tillerson n’était pas en accord avec Donald Trump sur grand-chose, notamment sur les deux dossiers majeurs : l’accord avec l’Iran, la Corée du Nord, l’accord TransPacific, l’accord de Paris. Sur tous ces sujets, Rex Tillerson avait une approche modérée alors que Donald Trump veut plutôt renverser la table. Evidemment la question se pose de savoir pourquoi il l’a embauché alors qu’il avait d’autres candidats avec lesquels il aurait été plus au diapason, notamment Rudy Giuliani et Mitt Romney (même si ce dernier avait une déclaration à Salt Lake City pour mettre en garde sur l’incapacité à être président) ? Mais cette question, il faut l’adresser à Donald Trump, si tant est qu’il ait une réponse. On peut d’ailleurs se demander de quoi Donald Trump a parlé avec Rex Tillerson avant de l’embaucher. On se souvient lors des auditions devant le Sénat où interroger sur différents sujets, notamment la Russie, Rex Tillerson indiquait qu’il n’avait pas abordé ces sujets avec le président.
Aux yeux de Donald Trump, Rex Tillerson avait l’avantage de ne pas être un politicien professionnel, mais un chef d’entreprise donc quelqu’un de digne de confiance. Mais précisément, même s’il avait une connaissance du monde de par ses fonctions, l’ancien patron d’ExxonMobil n’avait pas d’expérience en diplomatie ou en politique. Un plus pour Trump, un moins pour l’intéressé. Car, il ne laissera pas un souvenir impérissable dans son ministère où il a plutôt découragé le moral des troupes. Il a accepté un premier budget de son ministère en baisse de 30 %. Il n’a que peu animé les équipes du ministère, travaillant avec une garde rapprochée ayant aussi peu d’expérience que lui de l’écosystème de Washington. Enfin, il n’avait pas nommé nombre de diplomates de premier rang. Par exemple, les Etats-Unis n’ont toujours pas d’ambassadeur en Corée du Sud. Depuis qu’il dirige le ministère, 60 % des diplomates de haut niveau ont démissionné et les nouvelles applications pour y entrer ont diminué par deux. Bref, le moral du ministère n’est pas au plus haut.
Pour ce qui concerne la politique étrangère, le manque de soutien du président en a fait un Secretary of State sans poids. Sachant Donald Trump n’a pas hésité à la désavouer publiquement. Le pire a été atteint sur la Corée du Nord lors le Twitter en chef a déclaré que Rex Tillerson perdait son temps avec Rocket Man. L’ironie de ce tweet est que 5 mois plus tard, c’est Donald Trump qui va aller perdre son temps avec le leader nord-coréen.
Depuis des mois, les relations entre le président et son ministre étaient plutôt réduites. Ce dernier n’avait jamais levé le doute sur sa déclaration selon laquelle Donald Trump était un moron (abruti). Bref, les rumeurs sur le départ de Rex Tillerson ont commencé à courir en octobre, rumeurs que Donald Trump a qualifiées évidemment de Fake News.
Les nouveaux arrivants au ministère des Affaires étrangères et à la CIA seront certainement plus en ligne avec Donald Trump qui a déclaré que la constitution de son cabinet se rapprochait de son idéal. Il est temps près d’un an et demi après son élection.
Déclaration qui sous-entend que des limogeages étaient encore à prévoir. Le problème est que la liste est relativement longue. Il y a d’abord deux pièces essentielles, H.R. McMaster, le conseiller à la sécurité national, et John Kelly, le chief of staff (le deuxième). Ces deux-là ont déjà fait l’objet de rumeurs. Mais beaucoup pour des raisons diverses pourraient aussi être sur les rangs : Scott Pruitt, le patron de l’EPA, Rick Perry, le ministre de l’énergie, Ben Carson, le ministre au Logement et au Développement urbain, Betsy DeVos, ministre de l’Éducation, qui vient de faire une interview calamiteuse sur 60 minutes, Ryan Zinke, empêtré dans des histoires de dépenses inconsidérées – mais il ne fait que reproduire ce que fait son patron qui part tous les week-ends avec Air Force One dans ses propriétés pour jouer au golf -, et bien entendu Jeff Sessions sur la sellette depuis de longs mois, en fait depuis qu’il s’est démis de ses responsabilités sur l’enquête menée par Bob Mueller sur les manipulations russes sur les élections. Une liste longue et certainement pas close.
On dit souvent que Donald Trump dirige son cabinet comme un chef d’entreprise. Mais c’est là une mauvaise analyse, car le management d’entreprise n’est certainement pas aussi chaotique. Les cadres dirigeants des entreprises sont démis ou éventuellement virés s’ils n’atteignent pas leurs objectifs ou dans la cadre de réorganisations. Dans l’administration Trump, ils peuvent l’être au seul motif qu’ils ne plaisent plus à leur patron qui ne les juge plus assez loyaux. Deux managements qui n’ont donc à voir. Il faut d’ailleurs rappeler que Donald Trump dirigeait Trump organisation, une myriade sociétés non cotées, sans le contre-pouvoir du conseil d’administration, sans actionnaires à qui rendre des comptes et où le patron décide de tout.