Commençons par la définition du dictionnaire : « Du latin genius, de genere qui signifie « produire ». Le génie désigne dans le domaine des beaux-arts une personne capable d’une production artistique à nulle autre pareille, ce qui la rend absolument singulière et donc inimitable. Le génie est donc l’artiste par excellence, le créateur absolu d’un style ».
Si l’on applique cette définition à l’art de la politique, on peut effectivement conclure que Donald Trump est génie. Il a su créer un style inimitable, heureusement d’ailleurs. On ne peut que constater que cette définition ne porte pas de jugement sur la qualité, la beauté, l’harmonie, la pureté ou encore l’esthétique. « Mais peut-on en vouloir au nouveau président d’être ce qu’il est : stupide, ignorant, moralement répugnant ? s’interroge Paul Auster (America, hiver 2018, le Grand entretien). N°45 représente tout ce qui me dégoûte dans l’humanité, poursuit l’auteur de Moon Palace. Ce qui me trouble le plus, ce n’est pas tant que de tels personnages existent, mais qu’ils puissent devenir président des États-Unis ».
Michael Wolff a réussi son coup avec son livre Fire and Fury, en partie grâce à Donald Trump. Depuis la sortie anticipée de son livre, il occupe la scène médiatique et passe sur tous les plateaux. Incapable de contenir ses impulsions, Donald Trump a d’abord fait envoyer un courrier par ses avocats demandant d’arrêter la sortie en librairie du livre. Fait totalement inhabituel aux États-Unis où la liberté d’expression, sacralisée par le 1er amendement, est intouchable.
Cette initiative n’a fait qu’aviver l’intérêt des médias et du public. Du coup, le livre s’arrache dans les librairies d’autant que ce n’est pas un ouvrage d’analyse politique, mais plutôt de simple description du fonctionnement de la Maison Blanche et du comportement de son principal hôte. Donc un ouvrage facile à lire plein d’anecdotes croustillantes pas toujours factuelles d’ailleurs aux dires de certains médias. Mais n’est-ce pas Donald Trump qui a commencé ce jeu insensé de s’affranchir de la vérité et des faits en créant – preuve encore de son génie… malfaisant – la catégorie des faits alternatifs et en attaquant tous ceux qui pensent différemment de colporter des Fake News. C’est donc l’histoire de l’arroseur arrosé. Et d’après les premiers retours, les ventes ne concernent pas seulement que les seuls endroits peuplés de démocrates et de liberals. Tous les États-Unis semblent touchés par cette vague qui pourrait avoir quelques effets dévastateurs.
Conforme à son comportement hautement irréfléchi et volcanique, Donald Trump s’est fendu de quelques tweets pour attaquer ses démons, Hillary Clinton, les démocrates, les mainstreams médias, mais aussi pour se rassurer et rassurer les Américains : « Je ne suis pas seulement intelligent, je suis un génie » a-t-il tweeté à 8 heures.
Selon Michael Wolff qui a effectué plus de 200 interviews dans l’entourage proche de Donald Trump à la Maison Blanche, tous sans exception affirment que Donald Trump se comporte comme un enfant, qu’il est un idiot et qu’il est totalement incapable d’assumer la fonction de président. Donald Trump réfute le fait d’avoir parlé avec Michael Wolff. Peut-être n’avait-il pas compris que Michael était en train de l’interviewé.