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Roy Moore jugé « coupable » par les électeurs de l’Alabama

Dans le sillage de l’affaire Harvey Weinstein et du mouvement #MeToo, une douzaine de femmes avaient déclaré qu’elles avaient fait de harcèlement sexuel de la part du candidat républicain Roy Moore dans cette élection sénatoriale partielle de l’Alabama. Sans doute le premier test majeur pour les Républicains de l’ère Trump.

Aucune procédure juridique n’était possible dans les délais impartis avant les élections. Que fallait-il faire ? Les nombreux débats sur les chaînes de télévision sur le sujet revenaient immanquablement sur les mêmes arguments. Les démocrates avançaient l’idée que Roy Moore n’était pas qualifié pour cette fonction de sénateur (il est vrai qu’il a un lourd passif avec des déclarations et des condamnations nombreuses). Les Républicains expliquaient que les électeurs de l’État de l’Alabama voteraient en toute connaissance de cause et leur vote vaudrait pour jugement.

Une confusion évidente entre différents ordres : l’ordre juridique, l’ordre politique, l’ordre médiatique. C’est d’ailleurs l’argument utilisé pour le cas Trump lorsqu’on les interroge sur le sujet. Les électeurs américains ont voté pour Donald Trump et l’auraient implicitement lavé de tous soupçons. On va donc voir comment ils réagissent maintenant à l’élection du démocrate Doug Jones : est-ce là une condamnation de son opposant ?

La première réaction de Roy Moore a été de demander de recompter les votes et de critiquer les médias qui ont lourdement peser dans ce résultat. Du grand classique.

La victoire de Doug Jones est assez serrée dans l’absolu mais si on prend en compte le contexte de l’Alabama, c’est une très grande victoire. Il y a seulement un an, Donald Trump était élu avec 28 points d’avance sur Hillary Clinton. Alors que seules les zones autour des villes de Birmingham et de Montgomery, hauts lieux historiques du mouvement des droits civiques avaient voté pour Donald Trump, les zones bleues se sont considérablement élargies pour cette élection.

La première conséquence est la réduction de la majorité du GOP au Sénat, ramené à 51-49, qui donne très peu de marges de manœuvre aux républicains. Ils vont certainement accélérer le vote sur la réforme fiscale avant que Doug Jones s’assoie sur son fauteuil au début 2018, histoire de sécuriser ce vote. Ce sera sans doute e seul qu’il pourront sans doute réaliser sur ces deux années de majorité républicaine au Sénat.

La seconde conséquence est qu’elle ouvre désormais la voie à une possible victoire des démocrates en novembre prochaine au Sénat même si celle-ci sera difficile dans la mesure où 25 démocrates remettront leur mandat en jeu contre seulement 8 républicains. Ce qui fragilisera encore un peu plus la présidence de Donald Trump. Et en fonction des résultats de l’enquête du procureur Mueller, pourrait augmenter la probabilité d’un Impeachment.

La défaite de Roy Moore ne se limite pas à l’Alabama mais déborde jusqu’à la Maison-Blanche. Car les motifs qui ont entraîné la perte du premier sont similaires à ceux qui plombent la moralité du second.  Pour l’heure, Donald Trump s’est montré beau joueur en se fendant d’un tweet de félicitations à Doug Jones quelques heures seulement après un message indiquant qu’il n’était pas possible que ce dernier gagne. Mais avait-il le choix ? Et puis, un tweet n’engage en rien le président actuel. Rien ne l’empêchera demain de revenir sur ces positions en déclarant que ce nouveau sénateur est le pire que l’histoire des États-Unis ait connu.

Cette élection a été largement polarisée puisque 96 % des électeurs noirs – qui comptent environ pour 30 % du corps électoral de l’Etat – ont voté pour le candidat démocrate. Un véritable plébiscite auquel on pouvait s’attendre étant les positions de Roy Moore. Chez les Blancs, seulement 30 % ont voté pour Roy Moore. Le vote des femmes a fait la différence.

 

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