Pour sa première interview sur la chaîne chrétienne TBN où les évangélistes sont très actifs de sa première émission, Mike Huckabee – qui se présente comme un soutien inconditionnel de Trump – a reçu Donald Trump. Une interview où l’indécence le dispute à la vacuité du propos. On imagine les cris d’orfraie que n’auraient pas manquer de pousser les Républicains si un président démocrate avait osé une telle mascarade en répondant à des questions d’un ex-politicien reconverti dans les médias aussi bienveillant. Cela nous ramène à ce fameux « conseil des ministres » où chaque membre du cabinet déclarait sa flamme pour le chef et lui exprimait sa reconnaissance de pouvoir travailler pour lui (Hommage au chef !).
Première question : Tell me how good is your press secretary ? Il est vrai que c’est le sujet le plus important du moment. Il faut préciser que Sarah Huckabee est la fille de l’intervieweur.
Deuxième question : « You had a tough week », demande Mike Huckabee à son interlocuteur qui est allé à Porto Rico et Las Vegas. On se demande qui a eu une semaine difficile. Et Mike Huckabee fait état de ce jeune homme blessé à la jambe qui a voulu se tenir debout son président et non resté allongé.
« A fine young man » répond le président qui ajouter que partout où il va, ses interlocuteurs font part de la même ardeur.
Tous les malheurs du monde sont arrivés cette semaine, combien est-il difficile de jouer de rôle de consolateur en chef alors que l’on n’y était pas préparé ?
DT : « C’est une super question. C’est vraiment chouette, car vous pouvez aider les gens et vous avez le sentiment d’être un meilleur manager. Partout où je suis passé, en Floride, au Texas, à Porto Rico, à Las Vegas, on m’a réservé le meilleur accueil ».
Concernant Porto Rico pour lequel sa réponse a été « pitch perfect » et où il a été accueilli comme une « rock star », dixit Mike Huckabee, Donald Trump explique qu’en fait la situation de l’ile était déjà mauvaise avant l’ouragan. Et le discours est sur le mode We versus them, comme si les Portoricains n’étaient pas de vrais Américains. Donald Trump en profite pour régler ses comptes avec la Maire de San Juan qui est « a lone voice » et « she is running for governor but she is not a capable person ».
Sans transition, Mike Huckabee aborde les questions importantes, la réforme de l’assurance maladie, la réforme fiscale, les relations avec les autres gouvernements. Du lourd donc.
« J’ai hérité d’une pagaille. Mais heureusement ça va déjà beaucoup mieux », rassure le président Trump.
Et là, après près de la moitié de l’interview, les questions majeures et les réponses magistrales fusent. Pêle-mêle :
– Concernant la Corée du Nord, Mike Huckabee demande à Donald Trump s’il compte faire appel à Dennis Rodman (photo ci-contre datant de 2001), l’Américain qui connaît sans doute le mieux Kim Jong Un. Rex Tillerson appréciera ;
– Il rappelle qu’il était contre la guerre d’Irak (les faits prouvent le contraire) mais que Barack Obama n’aurait jamais dû se retirer du pays comme il l’a fait ;
– La paix entre Israël et la Palestine est très importante. Et nous travaillons sur un plan ;
– L’accord avec l’Iran est un désastre. Vous saurez bientôt ce que j’ai décidé (méthode the Apprentice : vous le saurez dans notre prochain épisode) ;
– La réforme fiscale : ce sera la plus importante baisse d’impôts jamais réalisée dans l’histoire des Etats-Unis : « on va libérer beaucoup d’argent qui va permettre aux gens d’acheter des produits ».
– A cause de quelques républicains qui m’ont beaucoup déçu, les lois ne sont pas votées. Au passage, Mitch McConnell en prend pour son grade ce qui ne va sans doute pas améliorer les relations entre les sénateurs républicains et le président ;
– On n’a que 52 sénateurs républicains, il faut donc supprimer la règle du filibuster.
On pense toujours avoir touché le fond de l’indécence, voire de l’obscénité ou atteint le sommet du ridicule et du grotesque. Mais on le sait, les records sont faits pour être battus. Et Donald Trump est un champion toutes catégories. Il faut dire que Mike Huckabee l’a un peu, beaucoup, tremendously aidé pour réaliser cette performance (aux sens anglais et sportif). Il met notamment en lumière la dimension narcissique de Donald Trump (voir le nouveau livre The Dangerous Case of Donald Trump: 27 Psychiatrists and Mental Health Experts Assess a President qui pose la question : is he crazy like a fox or crazy like crazy et dans lequel deux douzaines de psychiatres et spécialistes de la santé mentale considère que Donald Trump est : « dangerously mentally ill and that he presents a clear and present danger to the nation and our own mental health »).
On se souvient de la fameuse déclaration de James Carville conseiller de Bill Clinton, pour identifier la question majeure pour l’élection présidentielle de 1992 contre George H.W. Bush : It’s about the economy stupid. Dans le cas de Donald Trump, it is about me, stupid! Donald Trump se plaint de tous les talk shows (Jimmy Kimmel, SNL et quelques autres) qui le traitent mal. Il est vrai que la tâche est très dure car caricaturer ce qui est déjà une caricature n’est pas chose aisée. Et a défaut de voter des lois, Donald Trump s’applique à détricoter l’ouvrage de Barack Obama en signant des Executive Orders qui suppriment des réglementations dans tous les domaines.
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