Repeal and Replace a été le refrain qu’ont entonné les Républicains dès que l’Obamacare a été voté en 2010. Ils ont procédé au vote plus d’une cinquantaine de fois sachant pertinemment que le vote n’avait aucune chance de passer. Donald Trump a emboîté le pas en reprenant cette antienne à son compte et en le mettant au premier plan de son programme ou plutôt de ses slogans de campagne. Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait dit qu’il ferait passer une loi pour remplacer le « désastre » de l’Obamacare. Ce serait facile et rapide.
La Chambre des Représentants a voté une loi et Donald Trump pensait que le Sénat emboiterait le pas. Il avait même organisé une petite agape dans les jardins de la Maison Blanche pour fêter l’événement. Et les mois ont passé et aucune nouvelle loi d’assurance maladie n’a été votée avant la trêve estivale. Donald Trump a fait part de son énervement en se défaussant d’une quelconque responsabilité et en faisant porter la charge aux membres du Congrès. Mitch McConnell en a pris pour son grade. La machine à Tweet s’est alors mis en marche sans aucune retenue. Lors de son rallye à Phoenix (Arizona) fin juillet, il ne s’est pas gêné de critiquer John McCain qui avait voté contre la loi proposée au Congrès sans citer son nom alors même que ce dernier venait de révéler qu’il était atteint d’un cancer grave et en plein traitement.
Bref, on pensait que les Sénateurs républicains avaient tourné la page et étaient passé à autre chose, notamment le financement de nouvelles infrastructures, la réforme fiscale ou encore le relèvement du plafond de la dette. Et tel le Phoenix qui renait de ses cendres, le projet de « tuer » l’Obamacare est réapparu poussé par Lindsey Graham et Bill Cassidy avec un nouveau projet qui ressemble furieusement au précédent. Avec une différence notable celle du block grant selon lequel les Etats recevraient un montant global incluant l’ACA (Alias Obamacare), Medicaid… dont ils pourront faire ce qu’ils souhaitent. Avec un total qui est inférieur à ce que le gouvernement fédéral devrait dépenser sans cette nouvelle loi. Ce qui revient donc à des coupes budgétaires. Si cette loi était votée, des millions d’Américains (10, 20, 30 ?) perdraient leur assurance maladie.
Pour des raisons de procédures, ce nouveau projet doit être voté avant la fin de la semaine prochaine, sinon la possibilité de voter une loi avec un majorité simple sera refermée. Tout nouveau projet de loi nécessitera la super majorité des 60 voix. Autant dire qu’avec 52 sénateurs, les Républicains peuvent dire adieu au repeal and replace.
Les deux porteurs de ce nouveau projet sont optimistes et affirment bénéficier du soutien d’un nombre important de leurs collègues. Mais leur projet comporte encore les éléments qui leur avaient valu une opposition de quelques sénateurs notamment celui de Susan Collins et Lisa Murkowski. Ce nouveau projet n’aura pas le temps d’analyser par le CBO avant le vote ce qui a été un élément déterminant pour John McCain à dire non. On ne voit pas pourquoi il changerait d’avis.
Pendant ce temps, Bernie Sanders a remis sur la table un autre projet d’assurance maladie baptisé « Medicare for all, single-payer health care system » qui est en fait une extension de l’Obamacare et aurait le soutien de 15 sénateurs démocrates. L’approche est évidemment totalement différente ; Pour Bernie Sanders, la santé est un droit, pour les Républicains, qui sont idéologues sur ce sujet, elle est un marché qui doit fonctionner selon les règles du marché, celles qui permettent, selon eux, d’optimiser le fonctionnement et les coûts. Sauf que les Etats-Unis dépensent 18 % du PIB pour la santé soit 50 % de plus que les pays comparables qui sont les plus dépensiers dans ce domaine. Pour un résultat qui n’est pas supérieur.
Le projet de Bernie Sanders n’a aucune chance n’aboutir mais c’est plutôt un ballon d’essai pour la plate-forme démocrate de 2020. Depuis l’introduction difficile de l’Obamacare, il semblerait que les Américains aient changé leur point de vue sur la question de la santé et qu’ils soient beaucoup plus ouverts à des réformes allant dans le sens d’une extension de l’Obamacare. Les sondages sur les différentes versions du Trumpcare le montrent bien.