A peine était-il entré à la Maison Blanche que l’économie américaine se portait-elle mieux et le Commander in Chief n’avait aucun scrupule à en revendiquer la paternité. D’ailleurs, sa seule élection n’avait-elle pas réveillé une économie stagnante et moribonde ? Le 15 janvier, 5 jours avant de prêter serment, le président élu d’alors se félicitait déjà des résultats obtenu grâce à lui.
« With all the jobs I am bringing back home ». Ensuite ce ne fut que louanges que l’hôte de la Maison Blanche n’hésitait pas à s’adresser. Le nombre de tweets sur le sujet est à ce propos impressionnant. Et les chiffres du chômage qui ne valaient rien sous le mandat Obama devenaient tout à coup magnifique, merveilleux. Obama par le biais de la politique monétaire de la FED avait créé une « économie artificielle » et la croissance continue de la bourse n’était qu’une « bulle spéculative ». En décembre 2016, Donald Trump déclarait que la bonne situation de l’emploi n’était que « totale fiction ». Et tout à coup, sous un coup de baguette magique sans doute activée par Merlin L’enchanteur, plus rien de tout cela.
Donald Trump a de très grands problèmes avec les faits et chiffres et plus généralement avec la vérité. Depuis 7 mois, le chômage a baissé, la bourse a explosé, les emplois reviennent aux Etats-Unis, etc. etc. Sauf que tout cela s’inscrit dans une réactivation continue de l’économie depuis 2009 et que les premiers de mandats de Donald Trump sont plutôt moins performants que les mois précédents de son prédécesseur. Lorsque le niveau de chômage a franchi la barre de 5 % dans le bon sens en atteignant 4,9 %, les vrais chiffres étaient, selon le président, de 28, 35 voire 42 %. Des chiffres totalement stupides n’ayant aucun rapport avec la réalité. Mais Donald Trump n’en avait cure et seuls les effets de manche et de menton comptent. Car il y aura toujours des supporters pour le croire. Lorsqu’on se souvient que plus d’un quart des électeurs pensaient toujours en 2016 qu’Obama était musulman.
En juin 2017, le taux de chômage atteignait son plus faible niveau de 4,4 % depuis bien longtemps. En décembre 2016, il était de 4,7 % et en février 2009 il était de 8,3 %. Tous ces chiffres sont fournis par le Bureau of Labor Statistics, un organisme au-dessus de tout soupçon comme peut l’être l’INSEE en France, sauf quand il publie de « mauvais chiffres ».
Maintenant l’économie ou plutôt la bourse. Lorsque Barack Obama a pris ses fonctions, le Dow Jones qui est censé représenté la bourse américaine et la santé des entreprises était de 8000. Quand il a quitté la Maison Blanche, il avait atteint 20 000. Il a simplement poursuivi son ascension pour atteindre les 22 000 points.
Il y a quelques semaines, Donald Trump s’égosillait sur le taux de croissance du PIB qui avait atteint 2,6 % sur un trimestre. Il a annoncé d’ailleurs qu’avec lui le taux de croissance atteindrait 4 %. On attend avec impatience. Sous Barack Obama, la croissance américaine avait dépassé ce seuil sur 13 trimestres. Entre 2010, le moment l’économie américaine repartait à la grande crise gentiment laissée par George W. Bush à son successeur, et la fin du mandat de Barack Obama, la croissance s’est établi au niveau moyen de 2,1 %. Pas si mal.
Quant aux retours des emplois, l’épisode de Carrier est plus que symptomatique. A force de millions de dollars, la filiale de United Technologies qui fabrique notamment des systèmes de climatisation était revenu sur sa décision d’envoyer des emplois au Mexique. Plus d’un millier d’emplois était sauvé grâce à un seul tweet de Donald. D’abord les chiffres d’emplois sauvegardés avaient été largement enflés. Et plus récemment, Carrier a annoncé qu’elle supprimait quasiment tous les emplois qu’elle s’était dite prête à sauvegarder. Le cas récent de Foxconn est tout aussi significatif. Le constructeur chinois a annoncé qu’il allait implanter une usine aux Etats-Unis et créer ainsi 3000 emplois. Mais l’état du Wisconsin qui a voté pour Donald Trump est prêt à débourser 3 milliards de dollars en incitations diverses et variées. Et pour Trump une annonce correspond à une réalité ce qui est loin d’être souvent la réalité. La même compagnie avait fait des promesses comparables en Pennsylvanie il y a quatre ans qui ne sont pas matérialisées.
L’échange dans la vidéo ci-dessous entre des journalistes économiques de la Chaîne MSNBC et Brad Thomas, conseiller économique de Donald Trump, illustre bien le travers systématique des supporters de Donald Trump.
Bref, sur le plan économique, Donald Trump a hérité d’une situation relativement positive. Mais rendre à César ce qui appartient à César n’est pas pensable dans l’esprit de Trump. « Ce qui est à César m’appartient et à Dieu aussi » pourrait être un des principes de 45e président des Etats-Unis. Ne l’a-t-il pas affirmé à plusieurs reprises : il a fait plus en quelques mois que tous ses autres prédécesseurs, sauf peut-être Abraham Lincoln. La bonne nouvelle est que Donald Trump sait qu’Abraham Lincoln a existé.