Après l’échec du Trumpcare, Donald Trump a besoin d’un réel succès, peut-être pour lui et son égo que pour les Américains. Une pression accentuée par le rapprochement de cette date limite des 100 premiers qui intervient le vendredi 2017.Fidèle à ses habitudes, il a annoncé qu’il présenterait une réforme fiscale au ministère des finances devant des hauts fonctionnaires de cette administration apparemment surpris, y compris le ministre lui-même. Annonce qu’il a bien sûr d’un tweet. Quelle sera donc cette réforme fiscale ? Que l’on ne s’inquiète pas car n’avait-il pas annoncé qu’il connait si bien le système fiscal qu’il peut le réformer à lui seul.
Ce mercredi, le président tiendra donc une conférence de presse pour détailler son projet. Le principe de base est simple : réduire les impôts sur les bénéfices des entreprises, pour éviter qu’elles délocalisent et laissent dormir des bénéfices accumulés au fil des ans dans les paradis fiscaux, et des particuliers, surtout les plus fortunés afin qu’ils puissent investir dans l’économie et créer des emplois. Ça c’est pour la théorie. Le problème est que la baisse des impôts est séduisante pour certains, tout particulièrement pour ceux qui seront directement touchés par ces baisses mais qu’elle aura des conséquences directes sur le déficit et sur la dette.
Sur le premier point, le budget proposé par Donald Trump demande une augmentation du budget de défense de plus de 50 milliards de dollars (environ 9 %) loin d’être compensée par les baisses dans d’autres domaines même si elles sont parfois drastiques. L’agence pour l’environnement (EPA) voit ses dépenses réduites de plus de 30 %.
Quant à la dette, il se trouve que la même semaine de cette réforme fiscale ; Donald Trump va devoir demander au Congrès de voter l’augmentation du plafond de la dette. Celle-ci atteint le montant considérable de 19 000 dollars, un peu plus que le PIB de 2016. Le vote devra être fait jeudi 28 avril.
Lors des précédents épisodes comparables, en 2011 et 2013, le congrès alors à majorité républicaines avait menacé de ne pas la voter en essayant de marchander des coupes budgétaires de la part d’Obama. Un article publié par US News & World Report rappelait récemment les conséquences de ces gesticulations : une perte de 1,3 milliard en 2011 suite à des mauvais emprunts et plusieurs dizaines de millions de dollars en 2013 ainsi qu’une baisse de la note des Etats-Unis de la part des institutions de notation financière, une première. Donald Trump avait alors copieusement critiqué les élus républicains.
Ironie de l’histoire, c’est maintenant lui va devoir engager la démarche et demander aux républicains de voter cette augmentation la même semaine où il va donc présenter sa réforme fiscale et peu après l’échec du « repeal & replace » de l’Obamacare, une opération sensée faire faire des économies. La réforme de la santé était beaucoup plus complexe que ce qu’on pouvait penser avait déclaré Donald Trump en s’adressant aux gouverneurs. La réforme est sans doute plus complexe. C’est ce qu’avait déclaré Steven Mnuchin, le ministre des finances, qui normalement doit savoir ce dont il parle : « la réforme est bien trop compliquée » le même jour où Donald Trump annonçait sa réforme fiscale pour ce mercredi. Mais peut-être n’en a-t-il pas encore conscience. Toujours est-il qu’il devrait être confronté à des républicains adeptes de la rigueur budgétaire qui ne seront pas vraiment convaincus de toutes ces initiatives.