Contrairement aux habitudes, le président Trump a appliqué ce que le candidat Trump avait annoncé. Ce devrait plutôt une bonne surprise. Le seul problème est que « son programme est fou » (on est même en droit de se demander si ce n’est pas son concepteur). A noter cette conversation entre Bill Maher et le représentant Al Franken dans laquelle de dernier rapporte les propos officieux des Républicains sur Donald Trump :
« Il y a tout un éventail de remarques : certains pensent qu’il n’est pas bien sur le plan mental. D’autres pensent que c’est pire »
En général, les intervenants à l’Esprit Public, l’émission de Philippe Meyer sur France Culture, expriment des nuances, voire des avis contraires. Aujourd’hui, Nicole Gnesotto, François Bujon de l’Estang, Thierry Pech, et Jean-Louis Bourlanges étaient au diapason : les premières semaines d’exercice du pouvoir du nouvel hôte de la Maison Blanche ne peuvent qu’inquiéter et montrent un amateurisme préoccupant. Ils ont créé un état quasi-insurrectionnel sur le plan intérieur et une situation de défiance et une amorce de réponse au niveau international.
Le tableau est sombre, voire noir. « Il n’y a rien de positif » considère François Bujon de l’Estang. Les intervenants notent avec bonheur la mise en œuvre des contre-feux et des contre-pouvoirs, les fameux checks and balances.
D’abord, la société civile s’est mise en marche mais dans un contexte d’Amérique de plus en plus fracturée. De nombreuses manifestations sont organisées régulièrement depuis l’inauguration le 20 janvier dernier. Sans doute, mais elles sont plutôt localisées sur les deux côtes ou éventuellement dans certaines grandes métropoles de l’intérieur comme Chicago.
La presse qui se fait régulièrement agonir par DJT (Dishonest Media, Fake News, Failing New York Times…) et elle réagit face au nouveau rouleau compresseur. Mais pas toute la presse. Sauf que la presse écrite qui est la plus active a un pouvoir relativement faible par rapport à la télévision, notamment par câble. Et dans ce domaine, Fox News qui est un suppôt du pouvoir en place a une très grande influence. La Justice a dit Non à l’Executive Order dit Travel Ban. Mais James Robart est un juge de l’Etat de Washington sur la côte Ouest.
Quant au Congrès, il a fort à faire avec les confirmations des membres du cabinet choisis par Donald Trump. Betsy DeVos est passé à deux doigts de la trappe sauvé in extremis par Mike Pence en raison d’une répartition égale des voix pour et contre. Elisabeth Warren a été rappelé à l’ordre par Mitch McConnell (dont l’épouse Elaine Chiao est Secrétaire d’Etat aux transports) pour avoir simplement lu une lettre de Coretta Scott King, la veuve de Martin Luther King, adressée au Senateur Strom Thurmond lors de sa nomination de juge fédéral. Une lettre qui date de … 1986. Arrive la confirmation de Neil Gorsuch à la Cour Suprême qui requerra les 60 voix sauf si les sénateurs républicains utilisent une procédure au terme de laquelle la majorité simple suffirait mais cela affaiblirait le statut du futur 9e juge. Et pourtant, les Républicains du Congrès espèrent bien que le président les laissera tranquilles à faire passer leur propre agenda.
Bref, trois semaines qui paraissent comme trois ans et qui amènent à plusieurs questions. Où cela va-t-il nous amener car pour Jean-Louis Bourlanges « c’est une remise en cause de tous les fondements la politique américaine depuis des dizaines d’années ». Face au danger que représente Donald Trump, sur les plans intérieur et international, quelle recomposition des alliances internationales ? « Est-ce que c’est durable, conclut Nicole Gnesotto, est-ce qu’il peut rester au pouvoir 4 ans avec la question ultime, comment s’en débarasser ».
Pour écouter l’émission de l’Esprit Public sur les débuts de Donald Trump à la Maison Blanche