Depuis Franklin Roosevelt élu en 1932, le parti démocrate représentait les classes laborieuses et les classes moyennes, les Républicains le big business et Wall Street. Dans les années 60, ils ont endossé la cause des Noirs et des droits civiques et ont atteint leur apogée avec Lyndon Johnson qui avait signé deux lois majeures dans le cadre de sa « Great Society » : le Voting Rights Act qui ouvrait la voie des bureaux de vote aux Noirs et l’Immigration and Nationality Act of 1965 qui relançait une vague d’immigration stoppée depuis les années 20. La première avait fait dire au successeur de John Kennedy aurait dit après avoir signé la première loi « We have lost the South for a generation ». En fait, il ne l’aurait pas dit mais comme cette affirmation s’est vérifiée on lui attribue couramment cette phrase.
Au fil des années, les démocrates sont devenus les plus fervents avocats des minorités raciales, les Noirs bien sûr, mais aussi les hispaniques et même les asiatiques. Pour abandonner peu à peu le contact des classes moyennes et des ouvriers. Mais comme la proportion des minorités augmente régulièrement dans la population, le calcul politique (s’il s’agit là d’un calcul) semblait plutôt prometteur. On le sait à terme, vers les années 2045, les minorités deviendront majoritaires. Comme elles sont largement favorables aux démocrates, la Maison Blanche, voire le Congrès, ne pourraient plus leur échapper.
Et puis, contre toute attente et invalidant toutes les prévisions et les pronostics, Donald Trump a été élu en faisant une synthèse impossible de rallier les conservateurs et les cols bleus. Il apportait avec lui une majorité au Sénat, à la Chambre des Représentants, dans les gouvernorats et les Congrès des Etats. Depuis 2008, date de l’entrée de Barack Obama à la Maison Blanche, les démocrates ont perdu position partout. Dans 25 Etats sur 50, les Républicains possèdent le gouvernorat et le Congrès contre 6 seulement pour les démocrates. Il n’y a guère qu’au niveau des municipalités que les démocrates soient largement majoritaires. Sur les 100 premières villes des Etats-Unis, 67 sont dirigées par des démocrates. Dans le Top10 des villes (New York, Los Angeles, Chicago, Houston, Phoenix, San Antonio, San Diego, Dallas, San Jose), la domination des démocrates est encore plus flagrante : 9 sur 10 sont démocrates. On la bien vu d’ailleurs lors de l’épisode des Sanctuary Cities lors duquel de nombreux maires n’ont pas hésité à s’opposer au nouveau président. Les interventions du maire de Boston suite à la publication de l’Executive Order du Travel Ban l’ont clairement montré.
La carte électorale montre que l’influence des démocrates se concentre désormais sur les deux côtes et dans les grandes métropoles, en gros les endroits qui s’intègrent le mieux dans la mondialisation.
Alors que l’avenir ne pouvait leur échapper, la perte des élections de 2016 change radicalement la donne et les démocrates ont été littéralement sonnés. Dans un premier temps, quelle stratégie pour les quatre ans à venir : obstruction systématique ou volonté d’avancer sur des projets sur lesquels ils pourraient se retrouver avec les Républicains comme la rénovation des infrastructures dans un piteux état ?
Pour l’instant, ils ont freiné comme ils ont pu les nominations du cabinet de Donald Trump. A ce jour, 5 Secretaries (minitres) seulement ont été confirmés par le Sénat, une lenteur toute inhabituelle. Betsy Devos a dû avoir le soutien du Vice-Président Mike Pence pour passer. Rex Tillerson, le nouveau Secretary of States a eu 43 votes négatifs. John Kerry n’en n’avait eu que 3, Hillary Clinton 2, Condoleeza Rice 13 et Colin Powell 0.
Il va y avoir aussi la confirmation du juge Neil Gorsuch à la Cour suprême qui va servir de test. Les démocrates ont sans doute envie de retourner la pareille aux Républicains qui n’avaient même pas considérer le candidat de Barack Obama mais n’ont pas envie de griller toutes les cartouches. Ensuite dans les batailles législatives, ils vont devoir aligner leur propre stratégie avec leur base électorale avec déjà en tête les élections midterm. En 2018, 25 sénateurs vont ainsi remettre leur mandat en jeu, ils ont donc plus à perdre que les Républicains.
L’avenir des démocrates semblait radieux. Aujourd’hui, il parait bouché. Toutefois, la volatilité de l’électorat associé à l’imprévisibilité de Donald Trump et l’agenda ultra conservateur des Républicains peuvent changer la situation à tout moment.
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