Après le 8 novembre où les Américains ont choisi Hillary Clinton – 2 860 107 voix selon les derniers comptes du New York Times – mais le principe des élections avec les Grands électeurs doit normalement désigner Donald Trump qui a engrangé 306 grands électeurs contre 232 pour Hillary Clinton. Sauf que le vote des grands électeurs n’est pas encore intervenu. D’habitude, c’est une formalité mais cette présente élection est tout sauf normale. Et donc tout pourrait arriver. Certains affirment qu’un nombre significatif de grands électeurs seraient prêts à ne pas mettre le bulletin que le vote populaire leur commande dans l’urne. Auquel cas, le vote du président serait renvoyé à la Chambre des représentants et celui du Vice Président au Sénat.
Parmi les éléments attendus avant le vote du lundi 19 décembre : des détails sur la manière avec laquelle Donald Trump va résoudre ses conflits d’intérêt, il faudra attendre, le résultat des investigations de la CIA, ne seront sans doute pas disponibles, la dernière conférence de presse de Barack Obama et quelques éléments sur les cyberattaques pendant les élections, elle a eu lieu. Mais Barack Obama a seulement confirmé ce qu’on savait déjà : ce sont les Russes qui ont hacké les serveurs du parti démocrate, les mails de John Podesta. Le président a donné quelques compléments sans vouloir trop en dire « car nous ne voulons pas qu’ils sachent ce que nous savons ».
Il a dit à Poutine en septembre d’arrêter ses attaques ouvertes sinon les Etats-Unis pourraient contre-attaquer. Ce qui aurait un peu calmé les Russes. Mais, Barack Obama s’est attaché à montrer qu’il ne souhaitait pas interférer sur le processus électoral et faire en sorte que la transition avec le président élu se fasse dans les meilleures conditions. Il veut clairement montrer qu’il a de la hauteur de vue et afficher une attitude non partisane tout en désignant en creux les responsabilités de la candidate démocrate. « Quand j’ai été élu sénateur pour l’état de l’Illinois, j’ai arpenté les moindres recoins de l’état et parlé à tout le monde ».
Mais Barack Obama se désole ouvertement de l’attitude des républicains devenus sectaires et prendre des décisions quelles que soient les conséquences seulement parce que cela pourrait causer du tort au parti opposé. Et de citer la statistique du sondage réalisé par The Economist et YouGov et publié dans un article de Politico selon laquelle 37 % des républicains voient Poutine de manière favorablement contre 24 % en septembre et 10 % en juillet 2014. « Ronald Reagan doit se retourner dans sa tombe ». Et comment lutter lorsque les « Fake News » ne sont pas pires que les idées véhiculées par la presse partisane (TV, radios, et presse papier) ? Que la suspicion sur les politiques est désormais généralisée ?
Alors que le président souhaitait brosser un tableau très large, les questions des journalistes portaient principalement sur les attaques des Russes pendant les élections. Il n’y a pas de doutes sur l’origine mais sur le résultat, Barack Obama ne s’est pas impliqué directement tout en donnant l’impression qu’il reprenait à son compte les conclusions des centaines d’articles selon lesquels ces attaques auraient favorisés le candidat républicain. « Peu de choses se font en Russie sans l’aval de Vladimir Poutine ». Le président appelle de ses vœux la fixation de normes internationales (un peu comme les Conventions de Genève sur la guerre) sachant que tout le monde attaque tout le monde dans cette nouvelle économie largement numérisée.
Les informations compilées par la CIA et le FBI seront-elles déclassifiées ? Ce qui pourra l’être. Les grands électeurs doivent-ils votent dans le sens du vote populaire ? Il ne se prononcera pas. Les cyber-attaques ont elles favorisé l’élection de Donald Trump ? Barack Obama ne le dira pas mais fait remarquer que la plupart des journaux ont avancé cette idée.
Cela ne l’a empêché de dire ce qu’il pensait de la Russe : « Les Russes ne peuvent pas nous affaiblir. C’est un petit pays, c’est un pays faible. Ils ne fabriquent rien, ne produisent aucune innovation ». Il est vrai que le PIB de la Russie est égale à celui de l’Italie. Le budget de la Russie n’a été que le sixième du monde derrière ceux des Etats-Unis (13 fois plus grand), la Chine, le Royaume Uni, l’Inde, l’Arabie Saoudite et juste devant la France). Alors dans ces conditions, comment se fait-il que Vladimir Poutine soit sur tous les fronts ? La Russie n’est-elle pas un tigre de papier, un ours de pacotille ? Combien de temps, cette surexposition sur la scène du monde peut-elle durer ?
En guise d’introduction de cette dernière intervention publique dans la James Brady Briefing Room de la Maison Blanche, Barack Obama a donné quelques éléments sur les progrès accomplis pendant ses deux mandats. Mais tout cela n’a pas retenu une très grande attention. Etonnant comment Hillary Clinton n’a pas pu capitaliser sur ces huit ans pendant lesquels les Etats-Unis sont sortis de la crise, ont renoué avec la croissance et se sont sortis de deux guerres.
Pour en revenir à Donald Trump qui s’installe peu à peu dans les ors du pouvoir, les nominations vont désormais bon train. Le cabinet des 15 secretaires est quasiment complet On ne mentionnera pas Rick Perry, Secretary of Energy, qui devra superviser l’agence de l’environnement (EPA), la troisième agence dont on ne saura pas si c’est celle qui voulait supprimer, Rex Tillerson, Secretary of State dont la nomination a été plutôt laborieuse sur laquelle on aura l’occasion de revenir quand elle sera approuvée par le Sénat et qui pose deux problèmes majeurs : une attitude pro Poutine et un conflit d’intérêt entre son ex société et la Russie, et un scepticisme problématique sur le dérèglement climatique.
La très visible nomination de David Friedman au poste d’Ambassadeur des Etats-Unis en Israël assoie une future politique américaine dans la région. Ce n’est pas tant le fait qu’il n’ait aucune expérience dans la diplomatie que ses positions ouvertement à la droite ultra-conservatrice israélienne favorable au développement des colonies dans la Cisjordanie et à l’idée de déplacer l’ambassade de Tel Aviv à Jérusalem. Deux idées qui donnent déjà la tonalité de ce que pourra être la politique des Etats-Unis dans la région. David Friedman est partenaire du cabinet d’avocat Kasowitz Benson Torres & Friedman LLP qui a défendu Donald Trump dans la lamentable affaire des casinos d’Atlantic City. Dont acte. On le sait les ambassadeurs américains ne sont pas nommés comme en France. Ce sont souvent des postes attribués pour services rendus (incluant des contributions financières) plutôt que suite à un parcours diplomatique d’excellence.