On connaissait les frappes chirurgicales, on connaîtra peut-être les faillites chirurgicales. L’idée de mise en faillite de General Motors par le gouvernement américain serait désormais une idée qui fait son chemin. C’est ce que révèle le New York Times.
Il y a le bon et le mauvais cholestérol. Il y a les bonnes et les mauvaises banques. Il y aura peut être le bon et le mauvais General Motors. Les membres de l’équipe Obama ont participé ces dernières semaines à de nombreuses réunions avec les dirigeants de la firme automobile et se prépareraient, si GM n’arrivait pas à trouver un accord avec ses créanciers en transformant la dette (environ 28 milliards de dollars) en participation au capital de l’entreprise et avec les organisations syndicales pour obtenir des concessions significatives, à mettre en faillite le géant de Detroit.
L’idée pourrait être de créer une « bonne » compagnie qui récupérerait les « bons » actifs de l’entreprise et une « mauvaise » qui pourrait être liquidée après avoir financé tout ce qui nécessite de l’être. La première nécessiterait entre 5 et 7 milliards de dollars et pourrait se porter sous la protection de la loi sur les faillites deux semaines seulement. La seconde nécessiterait quelque 70 milliards de dollars de financement pour faire face à toutes ses obligations.
Alors que Rick Wagoner qui s’est fait débarquer par la nouvelle administration le 31 mars dernier a toujours été opposé à la mise sous la protection du chapitre 11, son successeur Fritz Henderson considère cette éventualité très possible à échéance du 1er juin si des accords ne pouvaient pas être trouvés.
Qui aurait pu penser à une telle éventualité il y a seulement deux ans, même s’il était de notoriété publique que les performances de GM laissait sérieusement à désirer. Et les problèmes ne sont pas nouveaux. GM perd des parts de marchés depuis des décennies. En 1980, GM possédait 45 % du marché américain ; en 1990, 36 % ; en 2000, 29% et en 2008 % environ 22%. En trente ans, GM a donc divisé par deux sa position sur le marché américain.
La situation sur le marché européen n’est pas plus brillante. Ses parts de marché sont passées de 12,9 à 9,3 % entre 1995 et 2008. Et GM perd de l’argent depuis au moins une décennie.
La perception courante est que GM fabrique des voitures dont la qualité laissent à désirer et n’est pas au niveau de celles de ses concurrents.
Par ailleurs, le constructeur continue à fabriquer trop de modèles qui ne sont pas rentables. En revanche, il fabrique des automobiles haut de gamme – des SUV, des camions ou des Hummer par exemple – dont les ventes ont été fortement affectées par la crise. Sur les 20 plus importants contributeurs au profit de l’entreprise, 9 seulement étaient des automobiles.
GM a au moins une génération de retard en matière de voitures vertes sur Toyota. Alors que son modèle hybride Chevy Volt devrait être disponible seulement en 2010, Toyota vend sa Prius depuis plusieurs années.
Aujourd’hui, la capitalisation boursière de General Motors est d’environ un milliard de dollars. Sachant que GM a vendu un peu plus de 8 millions de voitures en 2008, cela représente une valeur de 125 dollars par voiture produite.