Solomon Northrup est un homme libre qui à la suite d’une mésaventure devient esclave. Il sera libéré non pas par son courage ou son esprit d’aventure mais plus simplement par le droit.
Le roman autobiographique qui a marqué autant son époque que le roman d’Harriet Beecher Stowe La Case de l’Oncle Tom[1] – publié la même année – met en avant deux éléments majeurs de la société américaine du 19e siècle : l’esclavage et le droit. (A noter que les deux œuvres ont été publiés la même année).
En 1853, les Etats-Unis sont en fait deux pays dans un : le Nord qui reconnait le principe que tous les hommes sont égaux en droit même s’il ne l’applique que partiellement ou imparfaitement et le Sud qui a construit son développement économique et social sur l’esclavage.
Le film esquisse la tension qui existe alors entre ces deux parties et qui va conduire irrémédiablement vers la guerre de Sécession.
12 years of Slave est un film qui met à nu la violence des hommes sur d’autres hommes. L’homme est un loup pour l’homme a écrit le pessimiste Thomas Hobbes. Mais ils n’en n’ont peut-être même pas conscience dans la mesure où les premiers (les Blancs) considèrent les seconds (les Noirs) comme des biens qu’ils ont achetés et qu’ils possèdent ou comme des animaux (cf. la discussion entre le maître de l’exploitation Edwin Epps et Samuel Bass, un canadien ouvert à la cause des esclaves qui travaille sur la plantation (joué par Brad Pitt). Le font-ils parce qu’ils le pensent vraiment ou pour se donner bonne conscience tant ce qu’ils font est insoutenable. Ce qu’ils font à leurs esclaves, ils ne feraient même pas à leurs propres animaux.
Le film narre la vie de Solomon Northrup dans plusieurs plantations avec des profils de maîtres ou de propriétaires différents. Edwin Epps est de loin le plus violent et le plus inhumain. Il disposent de ses esclaves selon son bon plaisir, y compris pour satisfaire ses plaisirs avec une jeune esclave. Ce qui rend sa plantation totalement invivable. Sa propre existence est présentée comme un véritable désert affectif et intellectuel.
Sur la plantation, les relations sont réduites à leur plus simple expression : entre les Blancs, entre les Blancs et les Noirs, et même entre les Noirs. Car sur ce point, le film se veut réaliste ne cédant pas à la pression ambiante selon laquelle les esclaves s’entraideraient pour améliorer leur sort. Un premier dialogue sous forme de conseil dans le bateau qui emmène Solomon Northup en Louisiane donne le ton : Se faire remarquer le moins possible, faire comme si on n’existait pas, être invisible. En fait, ils n’ont ni le temps, ni la force d’accéder à ce niveau d’humanité. La scène (très longue) pendant laquelle Solomon Northup est suspendu par une corde enroulée autour du cou et dont la longueur lui donne juste la possibilité de se tenir sur la pointe des pieds pour éviter l’étouffement est insoutenable mais éclairante. Alors qu’il souffre le martyr à la lisière de l’étranglement, la vie continue, les enfants d’esclaves continuent à jouer comme si de rien n’était
La vie s’écoule et Solomon Northup s’enfonce peu à peu dans la résignation en acceptant sa condition. A l’occasion d’un trajet pour aller au village voisin et faire quelques emplettes pour faire quelques emplette, l’idée de s’enfuir lui traverse l’esprit mais s’en échappe rapidement car ils tombent sur un petit groupe de Blancs en pleine forêt en train de pendre deux esclaves.
Qui en Louisiane s’intéressa à son histoire. L’injustice n’est pas un concept qui s’applique aux Noirs puisqu’ils ne font pas parti du genre humain. Mais lorsque l’occasion se présente espoir. Une première fois avec un Blanc obligé de travailler à ses côtés à qui il demande de poster une lettre à un ami du Nord qui pourra faire valoir ses droits d’homme libre. Celui-ci le trahit en vendant la mèche au maître. Il fait une seconde tentative avec Samuel Bass se révèlera fructueuse. « I am a free man » répète-t-il pendant le film. Il sera libéré par l’application des règles du droit.
La bande annonce officielle
[1] Le livre le plus publié au 19e siècle derrière la Bible (300 000 exemplaires dans l’année qui a suivi sa publication)