C’est une défaite politique incontestable pour Barack Obama mais aussi pour les Etats-Unis qui n’arrive pas à se sortir du soi-disant blocage du deuxième Amendement et une large victoire pour le lobby des armes, tout particulièrement la NRA et son insupportable porte-parole Wayne La Pierre. Le Sénat a finalement rejeté le projet de loi de contrôle des armes à feu : 54 voix pour (il faut 60), 46 voix contre. Seulement 4 sénateurs républicains – alors qu’ils étaient plus nombreux au début du processus – ont apporté leur voix à ce projet qui s’est pourtant vidé de sa substance au fur et à mesure. Et 4 sénateurs démocrates ont voté contre : Heidi Heitkamp (Dakota du Nord), Max Baucus (Montana), Mark Pryor (Arkansas) and Mark Begich (Alaska). Des Etats de l’Ouest américain et ruraux assez largement « pro-gun ».
Légiférer à chaud n’est sans doute pas la bonne stratégie car il faut sans doute ôter toute émotion dans un tel projet mais en l’espèce c’était peut-être le seul espoir que la situation puisse se débloquer et quelques mesures soient prises pour limités la circulation des armes à feu incluant des armes que l’on peut qualifier d’armes de guerre. La stratégie de Sandy Hook et le massacre de 26 innocents dont 20 enfants avait pendant un temps fait basculer l’opinion. Mais le travail des lobbies a fait son œuvre jusqu’à la dernière minute allant même jusqu’à des menaces envers des sénateurs pour rendre difficile leur réélection.
Dans son interview après le vote, Barack Obama manifeste un énervement évident et une certaine rancœur. Lui qu’on présente souvent comme un « animal froid » exprime une totale incompréhension des motivations de sénateurs qui ne soutiennent pas une mesure qui a l’appui de 90 % des Américains. Est-ce cela que l’on attend de nos représentants ?
Bien sûr, dans son discours, Barack Obama indique qu’il n’abandonne pas : « c’est juste un report et non une défaite ».
C’est une défaite personnelle dans la mesure où il s’est personnellement impliqué dans ce projet de loi en contactant directement nombre de sénateurs pour comprendre leur motivation, sécuriser leur vote ou essayer de leur faire changer d’avis. Parmi les raisons qui n’en sont pas, un sénateur aurait déclaré à un représentant de la maison blanche que « Limitation des armes, le mariage gay et l’immigration, c’est trop, Je peux vous soutenir sur un ou deux projets de loi, mais pas les trois ». Le degré zéro de la politique.
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