Le thème est classique : un entraîneur qui vient aider l’équipe de football (américain) d’une école secondaire dans un quartier Noir et pauvre (plénasme ?) de la ville Memphis dans l’état du Sud du Tennessee. Cette équipe est à l’image de l’école : elle n’a jamais rien gagné et n’est qu’une sorte de parking pour jeunes qui ne prépare pas à grand-chose, croulant sous une immensité de difficultés. Seuls quelques chanceux tireront leur épingle du jeu et entreront à l’université.
Et pourtant cette école a une histoire. Elle est plus que centenaire et a du connaître des hauts et des bas. Depuis sa création à la fin du 19e siècle, l’équipe de football de Manassas High School n’a jamais gagné un match des playoffs (la poule finale des équipes championnes de districts de l’état).
Le documentaire qui a gagné l’oscar en 2011 dans sa catégorie a commencé par la lecture d’un article dans le Commercial Appeal de Memphis « Raising O.C.: Three families have arms around this top prospect » racontant l’histoire de Mike Ray, ce père de famille de quatre enfants (blanc, normal comme aurait dit Coluche) qui sacrifie une partie de sa vie pour entraîner l’équipe de Manassas et va jusqu’à héberger chez lui un jeune si prometteur, O.C. Brown, ne serait-ce que par son physique : plus de 6 feet et 300 pounds. Un cadre et des qualités physiques qui vont avec qui lui permettent d’envisager de bénéficier d’une bourse d’étude pour entrer dans une université et jouer dans l’équipe de football.
Le documentaire a été fabriqué à partir de plus de 500 heures de film sur une année scolaire. L’objectif pour Mike est d’amener l’équipe à la phase finale et de gagner. Objectif à moitié atteint puisque l’équipe est bien qualifiée mais elle perd d’un point dans les playoffs. Mais au final largement atteint dans la mesure où le football n’est qu’une prétexte, qu’une école de la vie. Il met en lumière quelques individus exemplaires : l’indiscipliné Chavis, le gentil et appliqué Money, le débonnaire mais doué O.C. Brown… Et les trois héros du film, en plus du coach, arrivent à passer le cap. Le premier finit sa scolarité et devient capitaine de l’équipe de défense de l’équipe de son école, Money et O.C. Brown intègre l’université de Southern Mississippi.
Le terrain d’un documentaire comme Undefeated est glissant et pourrait dégouliner de bons sentiments. Mais la sélection des images et le fil directeur en font un film honnête et juste. Dommage parfois qu’on ait un peu de mal à comprendre les subtilités du sport qui reste quasi inaccessibles à ceux qui ne sont pas tombés dedans comme ils étaient jeunes. L’important n’est pas de gagner, mais de tirer les leçons de la défaite, un thème typiquement américain où l’échec est valorisé et considéré comme un des moyens vers la réussite.
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