Depuis le début de son histoire, la mobilité sociale et géographique a toujours constitué une force des Etats-Unis est un des éléments de son ADN. Fuyant la tyrannie des nations européennes et leur injustice sociale organisée, les premiers colons ont emporté ces deux idées dans leur bagage. Sur le plan social, elle correspond au principe selon lequel tout citoyen américain qui se donne les chances de réussir en travaillant dur peut atteindre son objectif.
L’ascenseur social a toujours été très mobile et chaque Américain pense qu’il a sa chance qu’il pouvait y embarquer. La mobilité géographique est un élément constitutif de l’histoire même des Etats-Unis. On est toujours étonné en discutant avec les Américains de leur capacité à se relancer et à retrouver du travail et ce quel que soit la destination. Ces dernières années ont réduit significativement cette mobilité et généré une viscosité dans la société américaine. C’est ce que montre un article de la revue Foreign Affair dans un article récent au titre évocateur « It’s Hard to Make It in America : How the United States Stopped Being the land of Opportunity ».
La mobilité sociale est un concept qui peut être évalué grâce à différents indicateurs, notamment celui que les sociologues appellent mobilité intergénérationnelle relative (relative integenerational mobility) qui fait le lien entre la situation sociale des enfants et celle de leurs parents. Le Panel Study of Income Dynamics procède à cette mesure depuis les années 60 et fournit quelques données sur le sujet.
Etat actuel de la société américaine
La première étape consiste à partager la société en quintile selon le critère des revenus. Dans une société égalitaire où l’égalité des chances est totale, les cartes devraient complètement rebattues d’une génération à l’autre. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Un Américain né entre les années 60 à 80 d’une famille appartenant au quintile inférieur a seulement 30 % de chances d’atteindre les trois quintile supérieur (alors que le chiffre devrait être de 60 % dans une société égalitaire). Difficile donc de grimper l’échelle sociale. A l’inverse, un Américain qui est né dans famille appartenant au quintile supérieur a 80 % de chances de rester dans les trois quintiles supérieurs (dans une société égalitaire, ce chiffre devrait être de 60 %). C’est ce que d’autres ont appelé la reproduction des classes sociales.
Deuxième élément pour mesurer cette mobilité, l’inégalité des chances a augmenté ces dernières décennies. Des compilations de données sur les résultats aux tests scolaires, la réussite scolaire, les diplômes montrent que depuis les années 70 l’inégalité a augmenté. En clair, appartenir à une classe sociale aisée est un facteur de réussite plus important qu’il ne l’était il y a 30 ans.
D’autres phénomènes ont contribué à renforcer les inégalités. L’augmentation du nombre de familles monoparentales y a contribué : 41 % des enfants les plus pauvres ont été élevés dans des familles biparentales contre 77% il y a quarante ans ; à l’inverse 88% des enfants de familles à haut revenus le sont dans des familles biparentales contre 96%. La culture baptisée intensing parenting est une tendance relativement récente qui concerne plutôt les classes moyennes et supérieures a aggravé les inégalités même s’il n’est évidemment pas question de reprocher à des parents de vouloir le mieux pour leurs enfants.
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