Voter aux Etats-Unis, c’est compliqué. D’abord, il y a plusieurs systèmes de vote, des bulletins traditionnels – qui en passant n’a rien à voir avec nos bulletins – aux machines électroniques en passant par les cartes perforées. Ensuite, les règles pour pouvoir voter sont différentes selon les Etats. Pour voter, certains états sont plus stricts que d’autres, en particulier sur le type de papier pour prouver son identité. D’ailleurs, certains états sont dans les startings blocks pour engager des procédures en cas de résultat serré. Ensuite, on ne vote pas seulement pour le président, mais pour bien d’autres fonctions électorales : le Congrès, tous les Représentants et un tiers des sénateurs, des juges, des sheriffs… Enfin, on vote également aussi sur des questions de sociétés. Un site spécial de type wikipedia intitulé ballotpedia a été ouvert pour recenser tous ces sujets.
Et ces questions sur lesquelles les Américains vont devoir se prononcer sont très diversifiées. En Californie, ils voteront pour ou contre la Proposition 34 connue aussi sous son appellation SAFE California Act of 2012 qui vise à remplacer la peine de mort par un emprisonnement à vie sans réduction de peine possible. Si cette mesure passait (les sondages laisseraient le penser avec 45 % de soutien à la Proposition 34 et 38 % d’opposition), la Californie serait le 18e état à abolir la peine de mort (Le Connecticut, 17e état à abandonner la peine de mort). La motivation pour cette proposition est sans doute morale, mais aussi financier car les caisses de la Californie sont vides. Il y a environ 725 prisonniers dans le couloir de la mort attendant une sentence qui arrive de moins en moins souvent, 13 seulement ont été exécutés depuis 1978. Et l’on estime à 4 milliards de dollars l’ensemble des coûts associés – notamment en frais de justice – seraient estimés à 4 milliards de dollars, soit un peu plus de 300 millions de dollars par exécution. Si cette mesure était votée, elle permettrait une économie de 130 millions de dollars. Adoptée dans le plus grand des états des Etats-Unis, une telle mesure pourrait bien accélérer le processus d’abolition dans ce pays qui reste le dernier des nations industrialisées à maintenir la peine de mort.
Toujours avec comme motivation de faire des économies, La Californie entend adoucir la règle du Three-strikes, autrement dit la proposition 36 qui envoyait en prison automatiquement tout citoyen commenttant un troisième délit.
Dans 6 états – Arkansas, Massachusetts, Montana, Colorado, Washington et Oregon, on votera pour ou contre la légalisation, régulation et taxation de la marijuana pour des raisons médicales ou des raisons de consommation personnelle. C’est dans l’Oregon ou l’Amendment 64 aurait le plus de chance de passer.
Le mariage des homosexuels – ou mariage pour tous selon la formule que l’on utilise en France – est aussi un sujet en balance dans les états du Maryland, Maine et l’état de Washington (R-74). Dans le Maine, l’objectif est de revenir sur une décision prise en 2009 qui a rendu illégal le mariage homosexuel.
L’avortement est un sujet récurrent depuis l’arrêt de la Cour suprême en 1973 qui l’a rendu Constitutionnel (Roe v. Wade). En Floride, les électeurs auront à voter sur l’ Amendment 6, une mesure qui viserait à limiter les droits de la vie privée et donc rendrait l’avortement plus difficile.
Repeal ObamaCare est une injonction que l’on a entendu régulièrement pendant la campagne, côté républicain s’entend. D’ailleurs, Mitt Romney en a fait une de ses mesures phares dès le premier s’il entrait à la maison blanche. Même si la Cour Suprême a voté la constitutionnalité de cette loi en juin dernier. Et pourtant, cela n’empêche pas 5 états (Alabama, Floride, Missouri, Montana et Wyoming) de vouloir limiter l’application de cette loi.
Mourir avec dignité est un sujet qui n’a pas été longuement abordé pendant cette campagne. Dans la campagne 2008, Sarah Palin qui n’était pas à un mensonge près avait tenté de faire le rapprochement entre Obamacare et Death Panels. Dans le Massachusetts, la Question 2 devrait autoriser (si elle passait) les médecins d’administrer dans des conditions très précises des médications pour mettre un terme aux souffrances de fin de vie.