Le 20 juillet dernier, James Holmes, un étudiant en doctorat de biochimie à l’université du Colorado fait irruption dans un cinéma, tire sur les spectateurs avec une arme semi-automatique. Résultat : 12 morts et 58 blessés. Le 5 août, Wade Michael Page entre dans un temple Sikh de la ville d’Oak Creek dans l’état du Wisconsin, tire sur les fidèles, en tue six d’entre eux et blessent trois autres. Wade Michael Page se tuera à la fin de cet épisode. Et hier, Thomas Alton Caffall tirent sur des policiers qui venaient l’arrêter et en tue trois d’entre eux.
Ces trois tueries en masse relèvent de contextes différents mais elles partagent le même macabre résultat : un nombre de morts élevé en quelques secondes. Revient alors l’éternel débat de vente libre des armes à feu. Les nombreux défenseurs la libre circulation des armes à feu s’arcboutent sur le deuxième amendement de la Constitution pour justifier leur point de vue.
IIe amendement
Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé.
Dans une intéressante tribune dans le magazine Time (The Case for Gun Control), Fareed Zakaria défend le point de vue inverse dans son article dont le sous-titre va à l’encontre des idées reçues : Why limiting easy access to guns is intelligent and American. Le journaliste rappelle en effet que le professeur de droit Constitutionnel à UCLA montre que le port des armes à feu était au contraire très strictement réglementé dans les premières décennies de la République (Gunfight: The Battle over the Right to Bear Arms in America) dans de nombreux Etats des Etats-Unis. Il rappelle que la Cour Suprême saisie sur cette question donna raison à l’unanimité à Robert H. Jackson, Avocat general de Franklin Roosevelt pour qui le deuxième amendement : “is not one which may be utilized for private purposes but only one which exists where the arms are borne in the militia or some other military organization provided for by law and intended for the protection of the state.”
Et ce n’est que dans les années 70 que la situation, sous l’effet des lobbies au premier rang desquels la puissante National Rifle Association (NRA) a changé pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui : une vente extrêmement libre des armes à feu. Cette dernière se présentant comme : « the America’s foremost defender of Second Amendment rights ».
Les Américains ont un réel problème avec les homicides volontaires de masse avec armes à feu nous rappelle Farred Zakaria : le taux de meurtre de ce type y est 30 fois supérieur à ce qu’il est en Angleterre ou en Australie. Aux Etats-Unis, on recense 89 armes à feu pour 100 habitants (ce qui ne signifie pas autant que 9 personnes sur 10 en portent car un individu à lui seul peut en détenir plusieurs). En deuxième, c’est le Yemen avec 55 %. Mais il n’y a évidemment aucun rapport entre les deux statistiques ! Et alors que le taux des différents homicides a baissé ces dernières décennies, celui des homicides avec armes à feu est resté inchangé conclut le journaliste. Chercher l’erreur.
Sans parler de l’argument (George Will Debates Gun Control vers la fin de la vidéo) selon lequel « lemonde est violent et ce genre d’événements arrivent et sont inévitables ».