Les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Telle est l’évolution que l’on ne peut que constater depuis vingt, voire trente ans. Le Congressional Budget Office (que voudrait supprimer Newt Gingrich) a publié une étude sur l’évolution des revenus des foyers américains de 1979 à 2007 (Trends in the Distribution of Household Income Between 1979 and 2007). Pourquoi le choix de ces deux dates ? Parce qu’elles correspondent à des situations économiques comparables en se situant juste avant une récession, la première causée par le deuxième choc pétrolier, la deuxième ouverte par la crise des subprimes.
Les revenus considérés dans le cadre de cette étude sont ceux après transferts sociaux et impôts fédéraux.
Quelques chiffres montrent simplement que les riches s’enrichissent et que les classes moyennes voient leurs revenus s’effriter lentement mais sûrement sur cette quasi triple décennie :
– Les 1% de la population les plus riches ont vu leur revenu augmenter de 275 % ;
– Les revenus des 20 % les plus riches ont augmenté de 65 % ;
– Les revenus des autres 60 % ont augmenté de moins de 40 % ;
– Enfin pour les 20 % de la population les moins riches, leurs revenus ont augmenté de moins de 20 %.
Le résultat est sans appel
Sur la période étudiée (1979-2007), les fameux 1% ont vu leur part dans la totalité des revenus distribués augmenter considérable passant de 10 à 20%, cela après impôts et transferts sociaux. Le quintile le plus élevé a donc pris une part du gâteau plus importante alors que tous les autres groupes y ont perdu. D’où cette idée actuellement défendue que les classes moyennes – un des points forts de la société américaine – ont très largement perdu sur cette période, mais il en est de même pour les plus pauvres (le premier quintile).
Résultat de cette évolution, la société américaine est plus inégale qu’il y a 30 ans. Le coefficient de Gini (un indice compris entre 0 et 1, plus l’indice est proche de 1 et plus l’inégalité est importante) qui mesure cette inégalité place désormais les Etats-Unis à la 74e place (informations de développement humain de l’ONU en 2005) aux côtés de pays comme la Guinée, le Cambodge, le Turkménistan ou le Ghana. On constate que cette évolution vers une plus grande inégalité a commencé à la fin des années 60.
We are the 99 %, un des slogans du mouvement Occupy (voir ci-dessous le désopilant reportage de Samantha Bee l’émission de Jon Stewart), s’appuie sur le fait que les 1 % les plus riches accaparent une part de plus en plus grande de la richesse. Car si la répartition des revenus est devenue inégalitaire, celle de la richesse l’est encore bien plus.
Parmi les différentes causes de cette évolution rapide des hauts revenus, le CBO mentionne de nouvelles innovations techniques ayant changé le marché du travail des superstars dans de nombreux domaines (spectacle, sport…), des changements dans la gouvernance et la répartition des rémunérations des dirigeants d’entreprise, une augmentation de la complexité et de la taille des entreprises et la présence sans cesse plus importante de la finance dans l’économie.