Imaginons trente secondes que Bouygues ou Veolia envoie un courrier à tous ses employés pour leur donner des conseils sur les candidats à considérer fortement pour les prochaines élections. Impensable. Et pourtant c’est ce qui s’est passé avec Koch Industries, une entreprise de 50 000 dont les dirigeants sont connus pour les positions « plutôt » conservatrices. A noter que Koch Industries est une entreprise privée – au sens américain – et donc non soumises à l’obligation des publications financières drastiques imposées aux entreprises cotées. C’est une des plus grandes entreprises non cotée au monde. Koch Industries est connue pour être un généreux donateur du parti républicain.
Le magazine liberal The Nation a réussi à se procurer le document que l’entreprise a envoyé à ses salariés lors des élections de mid-terms de novembre dernier. Le document inclut une lettre du patron David Robertson, dans lequel celui-ci ne se gène pas pour indiquer les candidats soutenus par son entreprise et pour développer ses thèses épousant de près celles des ténors du Tea Party ainsi qu’une newsletter baptisée Discovery dans laquelle la société répand sa propagande ultra-droitière.
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Une telle pratique est facilitée par l’arrêt Citizen United v. FEC rendu par la Cour suprême en janvier 2010 et permettant aux entreprises de participer financièrement des campagnes électorales. Résultat d’un vote serré (5 contre 4), cet arrêt qui a été pris au nom du free speech ne va certainement pas dans le sens de plus de démocratie (Le Congres, ressort cassé de la démocratie américaine ?).Jusqu’ici les directions des entreprises pouvait communiquer auprès des cadres dirigeants et des actionnaires, mais pas aux salariés. L’arrêt Citizen United v. FEC a incontestablement « libéré la parole ».
Il faut préciser le déséquilibre que met en lumière cette situation puisque les syndicats n’ont tout simplement pas le droit de distribuer des tracts exprimant leur préférence politique, en tout sur le lieu de travail.
Dans un communiqué, l’entreprise a souhaité apporter une réponse « fausses allégations » l’article du magazine The Nation, indiquant notamment que « notre lettre aux employés indiquait clairement que « voter est une décision qui dépend de vous et de vous seulement, basée sur les critères qui vous sont important ». Mais en en ajoutant une couche en expliquant que « les candidats soutenus par Koch sont les promoteurs des politiques permettant de créer les conditions économiques nécessaires pour que les entreprises telles que les nôtres puissent survivre et prospérer ».