Cette intervention hebdomadaire était logiquement consacrée à la Chine et à la capacité des Etats-Unis de relever le défi de la compétitivité pose par les nations émergentes et en premier lieu la Chine dont son président vient de passer quatre jours aux Etats-Unis. A l’occasion de cette visite, l’institut d’enquête Pew Research Center a publié des résultats qui montrent combien le doute s’est installé dans l’esprit des Américains (Strengthen Ties with China, But Get Tough on Trade). Un seul chiffre permet de s’en convaincre : 47 % des Américains pensent que la Chine est la première puissance économique du monde. Un autre permet de réduire un peu ce jugement : deux Américains sur trois pensent que les Etats-Unis sont la première puissance militaire mondiale.
Evidemment la réalité contredit la première impression des citoyens Américain puisque le PIB (dont on dit beaucoup de mal ces derniers temps) était en 2010 près de trois fois supérieur à celui de la Chine. Sur le deuxième point, ils ont évidemment raison puisque – si l’on s’en tient au budget militaire – Les Etats-Unis ont un budget qui est plus de 10 fois supérieur à celui de la Chine et représente près de 45 % du budget mondial. Mais, cette impression s’appuie en fait sur la progression impressionnante faite par la Chine en seulement 15 ans (voir graphique ci-contre).
Barack Obama – en préparation à son deuxième discours sur l’état de l’Union qu’il adressera au Congres mardi prochain – entend adopter un discours volontariste qui doit pemettre de relever le défi posé par les grands pays concurrents.
« Nous exportons plus de 100 milliards de dollars de biens et services en Chine et résultat de nos conversations avec les Chinois, nous allons augmenter ces exportations de 45 milliards, ce qui représente quelque 235 000 emplois aux Etats-Unis » indique Barack Obama. Mais pour montrer que les efforts de la diplomatie ne sont pas obnubilé par la seule Chine, le président américain explique avoir conclu un accord avec la Corée du Sud représentant 70 000 emplois avec l’Inde où il était en voyage il y a un mois pour plus de 50 000 emplois. C’est aussi là un moyen de montrer que la mondialisation bénéficie aussi aux Etats-Unis.
Mais ce discours volontariste tous azimuts ne doit pas faire oublier que la Chine est certainement une des sources principales de préoccupations pour le président, mais aussi pour les Américains.
Certes, il faut intensifier les relations avec l’Empire du milieu, mais il faut en même temps être plus dur sur les questions économiques et commerciales. C’est ce que pense une majorité (53%) d’Américains. Et sur ce point, la Chine a rappelé qu’elle ne modifierait qu’à la marge le taux de change de sa monnaie, une des principales questions actuelles. Dans une chronique datée du 20 janvier (China Goes to Nixon), Paul Krugman considère que cette volonté de la Chine de maintenir sa monnaie artificiellement basse est une situation perdante-perdante. Perdante pour le reste du monde et les Etats-Unis en particulier car d’un côté cela maintient le déséquilibre des échanges entre la Chine et les autres pays et comprime l’emploi et de l’autre cela active la surchauffe en Chine et augmente l’inflation qui génère à son tour la hausse des salaires. Et la sous-évaluation de la monnaie chinoise pourrait bien être gommée d’ici deux ou trois ans si les taux actuels de l’inflation se maintenaient.