Malgré la crise, l’argent semble couler à flot pour les élections des midterms 2010. Les sommes collectées et englouties par les candidats aux fonctions de sénateurs et de représentants pour les échéances électorales de novembre devraient atteindre le chiffre pharaonique de 2 milliards de dollars. C’est ce que révèle un rapport que vient de publier le Public Campaign Action Fund, une organisation qui se présente non partisane et qui souhaite améliorer le financement des partis politiques et des processus électoraux.
On sait qu’à partir d’un montant, les millions, les milliards ou encore plus si on parle par exemple du déficit américain ne signifie plus grand-chose. Présenté autrement, cela signifie que chaque candidat aura dépensé en moyenne l’ordre de 4 millions de dollars. Un chiffre que l’on arrive déjà un peu plus à saisir. La comparaison avec les élections antérieures est tout aussi parlante : les montants dépensés en 2010 seraient deux fois plus élevés qu’ils ne l’étaient il y a seulement dix ans.
On voit donc là une folie contre laquelle il semble urgent de prendre des mesures, mais pour l’instant les Républicains ne semblent pas trop pressés puisque la situation les arrange. Interviewé sur le sujet à l’émission dominicale Meet The Press, Michael Steele, le patron du parti républicain (RNC) ne balayait pas d’une main la question, mais rappelait tout simplement que c’est la loi et qu’elle doit s’appliquer. Il faisait allusion à l’arrêt récent de la Cour Suprême dans l’affaire Citizen United v. Federal Election Commission (FEC) qui facilite les contributions des entreprises
A eux seuls, les candidats de la Chambre des Représentants devraient dépenser plus de 1,4 milliard de dollars (alors qu’ils n’auront recueilli que 1,3 milliard) contre « seulement » 938 millions en 2008.
Il est urgent d’attendre
Que faire ? Dans un article publié dans le Magazine Liberal (au sens américain du terme) par Lawrence Lessig, Professeur de droit de renom (How to Get Our Democracy Back – If You Want Change, You Have to Change Congress) propose deux idées, assez simples au demeurant, qui pourraient résoudre une partie du problème (Le Congres, ressort cassé de la démocratie américaine ?).
La première – proposée en son temps par Theodore Roosevelt – réside sous l’appellation citizen-funded election. Seuls les citoyens peuvent apporter leur contribuer au financement des campagnes électorales à concurrence de 100 dollars maximum par citoyen. Ce qui réduirait sérieusement les budgets, mais ce n’est pas trop grave dans la mesure où tous les candidats seraient à égalité.
La seconde consisterait à interdire à membre du Congrès de travailler pour un lobby, directement ou indirectement, pendant sept ans après la fin de son mandant.
Mais apparemment, le chemin sera long pour arriver à mettre en œuvre ces mesures. La décision de la Cour suprême dans le cas Citizen United v. FEC ne va certainement pas dans la bonne direction. Fait rarissime, Barack Obama s’est payé le luxe de critiquer cette décision dans son récent discours sur l’état de l’Union :
« With all due deference to separation of powers, last week, the Supreme Court reversed a century of law that I believe will open the floodgates for special interests, including foreign corporations, to spend without limit in our elections. I don’t think American elections should be bankrolled by America’s most powerful interests, or worse, by foreign entities. They should be decided by the American people. And I’d urge Democrats and Republicans to pass a bill that helps correct some of these problems. »
Seuls les présidents Harding (1922), Coolidge (1923), Roosevelt (1937), Eisenhower (1953), Reagan (1988) s’étaient autorisés une telle liberté (Has Any President Ever Criticized the Supreme Court During an Oral State of the Union Address?).
Dans son adresse hebdomadaire, Barack Obama a récemment présenté son projet de loi (Weekly address : 18 septembre 2010 projet de loi sur le financement des campagnes politiques) qui permettrait de connaître les groupes ou les entreprises qui financent les campagnes électorales et serait donc censé atténuer les effets de l’arrêt en donnant plus de visibilité aux citoyens. Mais en attendant, comme le disait Michael Steele, « c’est la loi actuelle qui s’applique pour les élections en cours » et pour l’heure elle bénéficie aux républicains.
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