“Today I heard, ‘Oh, well, we weren’t invited.’ Well, you been there for three years. You should have ended it three years” ago, a expliqué Donald Trump lors de sa conférence de presse à Mar-a-Lago. “You should have never started it. You could have made a deal.” (cf article AP).
“A Victory for Putin”? Jeffrey Sachs & Matt Duss Debate U.S.-Russia Talks to End Ukraine War. Intéressant échange de points de vue sur la responsabilité de cette guerre. Jeffrey Sachs charge les États-Unis et reprend l’argumentation qu’il avait développée dans un article écrit en 2023 (The War in Ukraine Was Provoked – and Why That Matters to Achieve Peace)
Cela ne devait pas être suffisant et Donald Trump a ajouté un message (ci-dessous) réellement infamant sur son réseau social et comme à son habitude totalement aussi loin de la vérité que, n’en déplaise à Elon Musk, Mars l’est de la Terre. Par exemple, affirmer que les États-Unis ont dépensé 200 milliards de dollars de plus que l’Europe est faux, mais cela doit plaire à sa base. Quant à appeler Zelensky de dictateur parce qu’il a repoussé les élections en raison de la situation actuelle, que répondre… Peut-être qu’en matière de dictature, Donald Trump est en période de formation. Et bien sûr, on a droit à l’idée du “I alone can fix it” repris le plus sérieusement du monde par son Secrétaire d’État.
L’Allemagne et l’Angleterre ont réagi promptement. Les propos de Trump sur Zelensky sont « faux et dangereux », dénonce le chancelier Scholz. Il est « tout simplement faux et dangereux de nier au président Zelensky sa légitimité démocratique », a réagi mercredi le chancelier Olaf Scholz après les propos du président américain Donald Trump accusant son homologue ukrainien d’être un « dictateur sans élections ».
De son côté, le premier ministre britannique Keir Starmer a exprimé son « soutien » au président ukrainien « démocratiquement élu » Volodymyr Zelensky après une sortie du président américain Donald Trump le qualifiant de « dictateur ».
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Il est sûr qu’avec un tel point de vue du président américain, les négociations engagées en Arabie Saoudite par les équipes américaines et russes, sans la présence des Ukrainiens ni des Européens, augurent assez mal pour la suite. Partir du postulat que les Ukrainiens ont commencé la guerre ne donne pas beaucoup de latitude pour la suite des discussions. Vladimir Poutine considère que l’Ukraine n’a aucune existence réelle et qu’elle fait partie intégrante de la Russie, Donald Trump n’accorde aucune importance à l’Ukraine qu’il ne considère pas comme une démocratie et perçoit comme un régime corrompu. En outre, il en veut personnellement à Volodymyr Zelensky qu’il juge comme le responsable de son premier impeachment. On se souvient de cet échange téléphonique lors duquel Donald Trump avait conditionné une aide de 500 M$ à l’acceptation par Zelensky de lancer une enquête sur Hunter Biden afin d’écorner l’image de Joe Biden.
Quand on ajoute à ce cocktail d’ignominies la demande américaine que l’Ukraine lui transfère la propriété de la moitié des terres rares dont est pourvu le territoire Ukrainien, on peut redouter le pire. Les États-Unis et la Russie se transforment-ils en deux prédateurs qui veulent dépouiller une proie déjà largement affaiblie ? Quant aux Européens, ils n’ont d’intérêt que s’ils achètent des armes américaines.
Claude Malhuret, Sénateur de l’Allier et Président du Groupe Les Indépendants au Sénat a toujours l’art de la formulation. La réponse du Premier ministre a dû le laisser sur sa faim.
Tout cela donne l’impression que, avant même d’avoir commencé à parler avec les Russes, la diplomatie américaine a sacrifié l’Ukraine et accepté les conditions de Poutine : maintien des frontières en l’état actuel c’est-à-dire la Crimée et L’Est du pays (environ 20 % du territoire), garantie que l’Ukraine n’adhérera ni à l’OTAN ni à l’Union européenne, obligation d’organiser des élections (en vertu de quoi des puissances étrangères peuvent-elles imposer la tenue d’élections dans un pays tiers ?) en espérant qu’un président « plus compréhensif » remplacera Volodymyr Zelensky, aucune garantie de sécurité c’est-à-dire de troupes postées en Ukraine pour prévenir toute velléité d’une nouvelle invasion.
Le nouveau secrétaire d’État Marco Rubio pourra mettre tout son talent à rendre intelligibles les déclarations de son patron, il aura du mal à leur donner la neutralité nécessaire pour que les négociations soient équilibrées et pas largement favorables aux Russes. Comment peut-il en être autrement lorsque le président américain parle avec Vladimir Poutine pendant 90 minutes et que les diplomates américains rencontrent leurs homologues agresseurs sans inviter les agressés ? Cette phase préliminaire est déjà une victoire pour Vladimir Poutine qui peut parler d’égal à égal avec le président américain qui, en outre, propose de revenir dans le groupe du G7.
Il avait été visionnaire il y a huit ans en affirmant qu’un “A con artist is about to take over” GOP. Le seul problème est qu’il a décidé de le servir.
Rappelons que la Russie a été exclue du G8 en 2014, à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie. En février-mars 2014, la Russie a annexé la Crimée après un référendum jugé illégal par la communauté internationale. Cette action a été largement condamnée par les autres membres du G8 (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Japon). En réponse à cette violation du droit international et à la déstabilisation de l’Ukraine, les membres du G8 ont décidé de suspendre la Russie du groupe. En mars 2014, les membres du G8 se sont réunis sans la Russie à La Haye et ont décidé de suspendre son adhésion. Ils ont aussi annulé le sommet prévu à Sotchi (Russie) et l’ont déplacé à Bruxelles, marquant la transformation du G8 en G7.
Face à cette phase qui s’ouvre, les Européens sont loin de présenter un front uni. La réunion tenue en urgence à Paris n’est pas des plus rassurante sur la volonté de l’Europe de faire entendre sa voix. Dans les négociations en cours, l’administration Trump ne fait donc pas grand cas de l’Ukraine et semble prête à la sacrifier pour obtenir un cessez-le-feu, voir un accord de paix. La dernière chance semble être donc du côté de l’Europe, mais l’UE en a-t-elle les capacités et la volonté ? Rien n’est moins sûr.
Pour ajouter un peu au triste spectacle donné par l’équipe Trump, le vice-président se montre menaçant, une attitude qui s’inscrit dans le discours qu’il a donné à la conférence sur la sécurité de Munich. Après que Volodymyr Zelensky a déclaré que Donald Trump “lives in this disinformation space” fostered by Moscow. “We have seen this disinformation. We understand that it is coming from Russia,”, J.D. Vance a répliqué “The idea that Zelensky is going to change the president’s mind by bad mouthing him in public media, everyone who knows the president will tell you that is an atrocious way to deal with this administration”.