« Americans look at the president and see a stranger ».
Le profil de Barack Obama, son profil, son passé, son histoire, était pendant un temps perçu comme une force pour comprendre les nouveaux enjeux qui se posaient à la planète. C’est aussi présenté par ses détracteurs comme une faiblesse. Barack Obama, citoyen du monde et donc pas un « vrai » Américain dans lequel les citoyens étatsuniens ne se reconnaîtraient pas. La chronique de Peggy Noonan, columnist du Wall Street Journal, est symptomatique de ce sentiment. Avec des formulations parfois équivoques qui abordent des rives plus troubles :
“He is still a mystery to a lot of people”
“He’s in your face on TV, but you still don’t fully get him”
“Barack Obama? Sleek, cerebral, detached, an academic from Chicago by way of Hawaii and Indonesia. You know what? I don’t know that guy !”
“I don’t get who he is”
Ces critiques portées à son endroit sont astucieusement placées dans la bouche des Américains par la chroniqueuse de WSJ même des arguments liés à son profil, son caractère (un être froid et cérébral qui ne nous comprend pas et n’a pas d’empathie pour nous), mais aussi sa personne même.
When the American people have looked at the presidents of the past few decades they could always sort of say, “I know that guy.” Bill Clinton: Southern governor. Good ol’ boy, drawlin’, flirtin’, got himself a Fulbright. “I know that guy.” George W. Bush: Texan, little rough around the edges, good family, youthful high jinks, stopped drinking, got serious. “I know that guy.” Ronald Reagan was harder to peg, but you still knew him: small-town Midwesterner, moved on and up, serious about politics, humorous, patriotic. “I know that guy.” Barack Obama? Sleek, cerebral, detached, an academic from Chicago by way of Hawaii and Indonesia. “You know what? I don’t know that guy!”
Comble de la mauvaise foi (je ne sais toujours pas comment on dit mauvaise foi en anglais et ce n’est pas faute d’avoir demandé à de nombreux américains francophones), Peggy Noonan explique que les gens vont même jusqu’à penser que Barack Obama est musulman. Comme si Barack Obama était responsable de cette situation alors que certains médias ne se sont pas génés pour jeter le trouble et laissé planer un doute.
Autre mauvaise foi de la chroniqueuse, Barack Obama ne s’occuperait pas du problème numéro Un des Américains : l’économie et l’emploi. Mais en même temps, elle – comme tous les membres du mouvement Tea Party – renacle contre le Big Govnerment. Aurait-il mieux valu qu’il fasse rien et laisse la crise se régler d’elle-même ? Beaucoup oublient les années qui ont suivi la crise de 1929 pendant lesquels Herbert Hoover s’est refusé à toute intervention : « (…) Mais ses principes rigides lui commandaient d’intervenir aussi peu que possible. Il pensait qu’une action directe du gouvernement sur l’économie découregerait l’initiative qui avait fait l’Amérique » écrit André Maurois dans son Histoire des Etats-Unis. « Peut-être, mais la panique boursière se transforma vite en dépression mondiale » poursuit l’académicien. Et il fallu attendre 1933 avec l’élection de FDR pour voir poindre les premières interventions de l’Etat avec une véritable sortie de crise seulement quelques années plus tard.
Autre chose que les détracteurs de Barack Obama oublie est qu’il a hérité de problèmes comme peu de présidents ont eu à le faire. Entre autres :
– Une des plus grandes crises financières, économiques et sociales depuis un siècle ;
– Deux guerres en Irak et en Afghanistan ;
– Un conflit israélo-palestinien soudainement réactivé ;
– Une image de l’Amérique dans le monde au plus bas ;
– Une puissance des Etats-Unis déclinante, en raison notamment de la montée de la Chine ;
– Une menace environnementale qui se précise et qui ne fait plus de doutes dans la communauté scientifique ;
– Un monde instable et à la recherche d’un nouvel équilibre ;
– La prolifération nucléaire dans des pays à risque comme l’Iran ou la Corée du Nord.
Et nombre de ces problèmes lui ont été gentiment transmis par son prédécesseur et des 8 années de médiocre présidence.