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La chute de Bachar Al-Assad : le point de vue de la Maison Blanche et de la Russie

Après plus d’un demi-siècle d’une dictature féroce et sanguinaire, la dynastie Assad a été défaite en moins de quinze jours. Les dictatures s’effondrent souvent comme des châteaux de cartes, dit-on souvent. En fait, Assad était en survie depuis de longues années et ne tenait que grâce à l’aide extérieure de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah. Ces trois forces ayant été affaiblies et/ou ayant décidé de laisser tomber leur allié, la dictature Assad est tombée comme un fruit mûr ou plutôt pourri.

En cinquante ans, plus d’un demi-million de Syriens ont été tués par ce régime, plus de 130 000 ont disparu et près de 14 millions de Syriens ont été déplacés soit à l’intérieur du pays soit à l’étranger, en Turquie, au Liban et en Europe. On se souvient qu’après la crise du printemps arabe, l’Allemagne avait accueilli près d’un million de Syriens.

“But over the last week, their support collapsed – all three of them – because all three of them are far weaker today than they were when I took office” a déclaré Joe Biden tenant à rappeler que son administration avait joué un rôle important dans les événements actuels. Même si Joe Biden avait appelé Israël à une certaine mesure dans sa riposte, avec une réussite modérée.

Le monde se réjouit de la chute d’Assad, mais retient son souffle sur la suite des événements. Le pedigree d’Al-Joulani, le nouvel homme fort de la Syrie, n’est pas des plus rassurants (Daesh, Al-Qaïda, excusez du peu). Plusieurs scénarios qui ne sont par si réjouissants sont possibles. Une évolution à la libyenne ou à l’irakienne où plusieurs factions se disputent le pouvoir. Un déroulement à l’afghane où HTS s’inspire de ce qu’on fait les talibans. Une situation où des rebelles mettraient la main sur les stocks d’armes chimiques avant qu’ils ne soient complètement détruits par les Américains.  Les cartes ci-dessous montrent combien la situation actuelle est encore incertaine.

(Source : Carte pour le compte de l’IEGA – Institut d’études de géopolitique appliquée)

Joe Biden, qui s’est fait relativement discret depuis l’élection de Donald Trump, a tenu néanmoins à rappeler le rôle que son administration a joué dans cet effondrement qui a pris tout le monde de court.

Le président américain relate le déroulement des événements qui ont conduit à la chute d’Assad. D’abord les massacres du 7 octobre 2023 qui ont conduit Israël à éradiquer le Hamas, puis le Hezbollah et a frappé directement l’Iran. Parallèlement, les États-Unis ont conduit une coalition pour défendre Israël face aux attaques iraniennes. ”Only 12 days ago, I spoke from the Rose Garden about the ceasefire deal in Lebanon – a deal that was only possible because Hezbollah has been badly degraded.  Meanwhile, Hamas has been badly degraded as well” a tenu à rappeler le président.

Le président américain a rappelé les différents éléments de sa politique dans la région :

“First, we made clear from the start sanctions on Assad would remain in place unless he engaged seriously in a political process to end the civil war, as outlined under the U.N. Security Council resolution passed in 2015.  But Assad refused, so we carried out a comprehensive sanction program against him and all those responsible for atrocities against the Syrian people. 

Second, we maintained our military presence in Syria.  Our counter-ISIS – to counter the support of local partners as well on the ground – their partners – never ceding an inch of territory, taking out leaders of ISIS, ensuring that ISIS can never establish a safe haven there again. 

Third, we’ve supported Israel’s freedom of action against Iranian networks in Syria and against actors aligned with Iran who transported lethal aid to Lebanon, and, when necessary, ordered the use of military force against Iranian networks to protect U.S. forces.  

Voilà pour le passé. Et pour l’avenir, en tous cas, ce qu’il en reste pour l’administration Biden.

First, we’ll support Syria’s neighbors – including Jordan, Lebanon, Iraq, and Israel – should any threat arise from Syria during this period of transition;

Second, we will help stability – ensure stability in eastern Syria, protecting any personnel – our personnel against any threats.  And it will remain – our mission against ISIS will be maintained, including the security of detention facilities where ISIS (Daesh) fighters are being held as prisoners.  We’re clear-eyed about the fact that ISIS will try to take advantage of any vacuum to reestablish its capability and to create a safe haven.  We will not let that happen.  

In fact, just today, U.S. forces conducted a dozen of precision strikes – air strikes within Syria targeting ISIS camps and ISIS operatives. 

Third, we will engage with all Syrian groups, including within the process led by the United Nations, to establish a transition away from the Assad regime toward independent, sovereign – an independent sovereign Syria with a new constitution, a new government that serves all Syrians.  And this process will be determined by the Syrian people themselves. 

Maintenant la question, Donald Trump suivra-t-il les pas de son prédécesseur ou, selon le slogan America First, souhaitera-t-il désengager les États-Unis de la Syrie ?

Le message qu’il a posté le 7 décembre s’inscrit bien dans cette stratégie selon laquelle cette guerre n’est pas celle des États-Unis. La lecture du passé donne des signaux contradictoires. Il avait bien donné l’ordre de bombarder l’Afghanistan. D’abord, en avril 2017, il avait ordonné de larguer celle que l’on appelle « la mère de toutes les bombes » sur une série de grottes situées à l’est du pays où étaient censés se cacher des membres de l’État islamique. À l’inverse, en octobre 2019, il avait finalement décidé – après moult hésitations – le retrait des troupes américaines mettant en difficulté les combattants kurdes face aux djihadistes (Retrait des troupes américaines de Syrie : quelles conséquences ?). Engagement ou désengagement, l’orientation que choisira le 47e président des États-Unis n’est pas encore claire.

The Fall of Assad & What it Means for The Mid East (w/ Alastair Crooke, ex-diplomate anglais) | The Chris Hedges Report (la chute finale n’a duré que 12 jours, mais le processus avait démarré bien plus tôt)

Ci-dessous le point de vue de la Russie par l’intermédiaire de Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères. Son point est pour le point paradoxal mais sans doute pas trop surprenant. Il défend le régime Assad qui vient de tombé au nom des lois internationales et condamne la prise du pouvoir par les hommes d’Al-Joulani.

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