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Une victoire sans appel ? (2/2)

Sur les 20 élections depuis 1948, les démocrates ont gagné 9 scrutins et les républicains 11. Sur les 11 élections gagnées par les républicains, la victoire de Donald Trump se situe dans la moyenne en nombre de grands électeurs : 7e sur 11. On ne peut donc pas qualifier cette victoire de considérable ou monumentale. Cela n’empêchera Donald Trump de la qualifier comme tel puisqu’il est capable de caractériser une défaite comme une victoire. On pourra analyser le résultat des votes populaires quand ils seront définitifs.

Sur ces 20 élections, les démocrates et les républicains se sont partagé toutes les voix des grands électeurs. En 1948, 1960 et 1968, des candidats tiers ont réussi à en capter quelques-unes sans pour autant modifier le résultat final ni les équilibres en jeu.

Ces trois candidats représentent la montée en puissance des Dixiecrats, c’est-à-dire des démocrates qui, peu à peu, s’éloignaient des autres démocrates en raison de leurs oppositions des droits civiques.

En 1948, Strom Thurmond alors qu’il était encarté au parti démocrate s’est présenté sous l’étiquette de parti démocrate pour les droits des États. De quels droits parle-t-on ? Principalement de défendre la ségrégation raciale. S’il n’obtient que 2,41 % des voix populaires, celles-ci sont concentrées dans certains États du Sud, ce qui lui permet de gagner la Louisiane, l’Alabama, la Caroline du Sud et le Mississippi lui conférant 38 Grands électeurs auquel il faut ajouter la voix de Preston Park, un faithless élector du Tennessee.

En 1956, il est l’auteur du Manifeste du Sud (Southern Manifesto) pour protester contre la décision de la Cour suprême des États-Unis, laquelle a déclaré la ségrégation dans les écoles publiques anticonstitutionnelles (l’arrêt de la Cour Suprême Brown v. Board of Education publié un an plus tôt). En 1957, il prononce le plus long discours de l’histoire du Sénat américain (24 heures et 18 minutes) pour fustiger un amendement sur les droits civiques.

La deuxième itération où un candidat en dehors des deux partis principaux est l’élection de 1960 qui met en lice John Kennedy et Richard Nixon. En fait, les 15 voix de grands électeurs recueillis par Harry Byrd sont le résultat des faithless électors. Harry Byrd, sénateur démocrate de Virginie n’avait pas fait campagne, mais il était connu pour ses positions ségrégationnistes et son opposition aux politiques des droits civiques. Ces 15 voix provenaient d’État du Sud, Mississippi (8) et Alabama (6) et aussi de l’État de l’Oklahoma.

La troisième fois où un parti tiers joua les trouble-fête fut en 1968 avec la candidature de George Wallace sous l’étiquette American Independant Party. Une année troublée avec la guerre au Vietnam et les assassinats de Martin Luther King et Robert Kennedy (le père de RFK Jr). George Wallace Wallace, le gouverneur de l’Alabama, s’est présenté comme un candidat indépendant avec un programme ségrégationniste et populiste. Il a attiré le soutien de nombreux électeurs du Sud qui étaient mécontents des politiques de droits civiques des démocrates. Il réussit à collecter 13,5 % du vote populaire et 46 grands électeurs, essentiellement dans les États du Sud. Après cette date, les démocrates du Sud se sont résolument encartés au parti républicain. “We have lost the South for a generation”, avait déclaré Lyndon Johnson. Il était optimiste car le Sud est resté profondément républicain sauf certains États comme la Géorgie.

Parmi les candidats qui a eu un impact important sur le résultat des élections, Ross Perot recueilli près de 19 % du suffrage populaire, mais aucun grand électeur. Car contrairement aux trois dernières élections marquées par un candidat d’un parti tiers qui était clairement le porte-voix des démocrates du Sud, toujours en faveur de la ségrégation, Ross Perot avait lui un programme plus porté sur l’économie.

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