Ce n’est pas nouveau, mais reste toujours vrai. Trump a recueilli la majorité des voix, mais ne représente qu’une part minoritaire de l’économie américaine.
En 2016, une étude de la Brookings avait révélé que les 2 584 comtés ruraux et de petites villes qui ont élu Donald Trump à la présidence n’avaient produit que 36 % du PIB du pays, ce qui signifie que l’Amérique rouge gouvernerait l’économie américaine en tant que minorité économique.
Une analyse similaire du vote de 2020 a montré un fossé économique encore plus marqué, la base de Trump, désormais perdante dans 2 564 comtés, ne représentant que 29 % du PIB, contre 71 % dans les 520 comtés principalement urbains remportés par le président Joe Biden.
En 2024, l’histoire du statut minoritaire de l’Amérique rouge en tant que puissance économique se poursuit, même s’il a réalisé des gains indéniables. Cette année, les calculs de Brookings suggèrent que la base gagnante du président élu Donald Trump dans 2 523 comtés représente 87 % du total des comtés du pays (indépendamment de la population), mais seulement 40 % du PIB du pays. À l’inverse, la base perdante de la vice-présidente Kamala Harris compte 376 comtés, mais à la production beaucoup plus élevée, représente 60 % du PIB.
Le nombre de comtés ayant voté pour Donald Trump n’est pas proportionnel à la population. À ce jour, 75,8 millions (50,2%) d’Américains ont voté pour le candidat républicain contre 48,2% pour Kamala Harris avec 97 % des bulletins dépouillés. Le dépouillement des 3% restants devrait réduire un peu plus l’écart de voix entre les deux candidats.
L’économie américaine reste fortement divisée, bien qu’avec quelques changements locaux notables. Plus frappant encore, les petites villes et les zones rurales à faible rendement continuent de voter très différemment – et plus républicain – que les zones urbaines à haut rendement du pays. Ces zones constituent maintenant la base du parti au pouvoir dans le pays, rejoint par de nombreux nouveaux endroits à tendance républicaine dans la Sun Belt et ailleurs.
Pour vous mettre en contexte, regardons comment le clivage entre les communautés rouges et bleues a évolué depuis la première ère Trump.
En plus de s’emparer de plus de petites villes et de zones rurales, Donald Trump a élargi sa base en remportant des comtés plus grands et plus dynamiques tels que le comté de Maricopa, en Arizona (où se trouve Phoenix) ; le comté d’Orange, en Californie ; le comté de Miami-Dade, en Floride ; le comté de Tarrant, au Texas (où se trouve Dallas) ; le comté de Duval, en Floride (où se trouve Jacksonville) ; et le comté de Pinellas, en Floride (où se trouvent Tampa et Saint-Pétersbourg).
Ces tendances sont importantes parce que les fractures économiques marquées du pays – tout comme ses divisions culturelles – laissent présager encore plus d’affrontements entre les partis sur la meilleure façon de générer une croissance inclusive pour l’économie américaine.
Après tout, l’Amérique rouge et l’Amérique bleue englobent des segments étonnamment différents de l’économie, avec des besoins et des priorités très différents. Comme nous l’avons écrit en 2020 :
Déjà en 2020, la Brookings Institution écrivait : « Les démocrates représentent les électeurs qui résident en grande majorité dans les divers centres économiques du pays… Les emplois dans l’Amérique bleue dépendent de manière disproportionnée des investissements en R&D, du leadership technologique et des exportations de services. En revanche, les républicains représentent une base économique située dans les petites villes et les zones rurales en difficulté du pays. La prospérité y reste hors de portée pour beaucoup, et le parti ne voit aucune raison de prendre en compte les priorités et les besoins des centres métropolitains du pays.
En somme, les fractures économiques marquées du pays – en particulier dans leur dernière itération – ne ressemblent pas à un scénario de progrès économique ».