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J-2 : le monde avec Trump ou Harris

“If Mr. Trump is defeated, his single term in office could very likely be viewed in history as a blip in America’s post-World War II approach to the world.

If Ms. Harris loses, however, it would mean that Mr. Biden’s term was the definitive end of an era in which the United States was a reliable guarantor of Western security”.

C’est en ces termes que David Sanger qui a couvert la politique étrangère de cinq présidents formule l’alternative du 5 novembre prochain (Trump Had an ‘America First’ Foreign Policy. But It Was a Breakdown in American Policymaking).

Sur le plan intérieur comme sur le plan international, le choix entre les deux candidats n’a sans jamais été aussi marqué. A l’intérieur, les États-Unis peuvent s’embarquer dans une aventure qui pourrait verser vers une situation de démocratie illibérale à la Hongroise ou maintenir une politique conforme aux institutions. A l’international, l’Amérique balancera entre, d’un côté, l’America First et l’isolationnisme et, de l’autre, le renforcement de l’alliance avec les démocraties.

La magazine Newsweek a confronté les pros et les cons des politiques internationales de Kamala Harris et de Donald Trump : Donald Trump Would Not Be the Peacemaker He Claims to Be vs In a Dangerous World We Need Donald Trump.  

 Curieusement, les titres des deux argumentaires mentionnent Donald Trump alors que l’article qui défend le point de Kamala Harris aurait pu mentionner le nom de la candidate : un monde meilleur avec Kamala Harris ou encore un monde plus sûr avec Kamala Harris. C’est là un détail, mais qui révèle un point marquant de la campagne qui se résume dans la phrase : “Trump sucks the oxygen”.

Les analystes favorables à Donald Trump auront tendance à comparer les deux mandats, le sien et celui de Joe Biden auquel ils essaieront d’associer activement Kamala Harris. Ceux plutôt favorables à Kamala Harris compareront ce qu’a fait Donald Trump a ce que pourrait faire Kamala Harris.  

Les commentaires de ses proches ministres, conseillers et hauts gradés qui ont servi sous ses ordres ne sont pas rassurants (Once Top Advisers to Trump, They Now Call Him ‘Liar,’ ‘Fascist’ and ‘Unfit’). Et ce ne sont ni des « démocrates, ni des radical leftists et encore moins des communistes ». Ils montrent un Donald Trump aisément manipulable, dont l’ego est un moteur surdimensionné de la décision, qui agit sans réelle stratégie et le plus souvent de manière impulsive. Il conçoit la politique étrangère principalement selon le filtre de ses relations avec les dirigeants des pays. Ce qui n’est pas trop surprenant, car il conduisait les États-Unis comme il dirigeait la PME Trump Organisation.

Donald Trump considère son imprévisibilité comme l’arme absolue. Dans une interview au Wall Street Journal qu’il n’avait pas besoin de menacer la Chine de l’utilisation des forces armées si cette dernière lançait une initiative contre Taïwan “because President Xi Jinping respects me and he knows I’m crazy.” Ses proches collaborateurs expliquent qu’après avoir discuté avec un responsable étranger ou un généreux donateur, il publiait un tweet pour annoncer un changement de décision. C’est ainsi qu’à la suite d’un entretien téléphonique avec Recep Erdogan, il a décidé de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie sans consulter ni informer personne. Et quand il a réalisé qu’il s’était fait embobiner par le président turc, il a fait marche arrière déclarant “if Turkey does anything that I, in my great and unmatched wisdom, consider to be off limits, I will totally destroy and obliterate the Economy of Turkey.”

Bolton warns ‘we should be ready’ for Trump to declare victory early

On se souvient aussi de l’épisode avec la Corée du Nord où il est passé de lourdes menaces à des déclarations d’amour dans des « love letters » avec Kim Jung-Un. Et la liste des décisions contradictoires sans réelles orientations stratégiques est longue si l’on en croit ses conseillers.

De Rocket man aux love letters

Plus préoccupantes sont les affaires russes et chinoises. Les premières, dans le sillage d’une admiration suspecte de Vladimir Poutine, sont inquiétantes à court terme. S’il maintient ses déclarations, il réglera la question et arrêtera la guerre en 24 heures. On comprend ce que cela pourrait signifier pour l’Ukraine.

Concernant la Chine, le mot miracle, celui qu’il a déclaré comme son mot le plus cher, pour régler la confrontation avec la puissance montante est tarriffs (droits de douane). 100%, 200%, 1000 %, il n’est pas à une exagération près. En se référent à William McKinley pour apporter une dimansion historique à sa politique.

William McKinley was a member of the Republican Party. During the late nineteenth century, Republicans strongly supported tariffs to protect growing industries within the United States from foreign competition. The McKinley Tariff was passed into law in 1890, and it dramatically increased the tax rate on foreign products. While many business owners supported this legislation, American consumers generally opposed it, as prices increased for goods. During the late 1800s and early 1900s, the Republican Party and the Democratic Party continuously battled over tariffs. American opposition to the McKinley Tariff was so high that President Benjamin Harrison, a Republican, may have lost reelection in 1892 partly because of his support for the tax.
(Source : Ohio History Central)

L’argument ultime affiché par Donald Trump et repris en boucle par ses supporters est que pendant son mandat le monde était en paix. D’abord c’est faux, la liste des conflits, certes régionaux, était déjà assez longue. Ensuite, en définir une relation de cause à effet est aussi stupide que de dire que le Covid est arrivé pendant qu’il était président.

De son côté, Kamala Harris poursuivra une politique conforme à ce qu’a engagé Joe Biden fondé sur le maintien d’un partenariat fort avec les alliés (parfois au détriment des intérêts français comme dans l’affaire de l’AUKUS) et avec l’OTAN comme cadre global, un soutien à l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, une politique équilibrée au Moyen-Orient et une attitude de fermeté vis-à-vis de la Chine. La Chine est sans doute le sujet qui fait le plus consensus entre les républicains et les démocrates. Joe Biden a même durci la politique engagée par Donald Trump en maintenant des droits de douane, mais en renforçant les restrictions sur les produits de hautes technologies, notamment les processeurs de dernière génération, l’informatique quantique et les logiciels d’intelligence artificielle. Et contrairement à certains de ses prédécesseurs démocrates, elle n’a pas été économe en déclaration sur la nécessité de maintenir une forte puissance militaire.  

En dépit de toutes ces considérations, les Américains penchent en faveur de Donald Trump quand il s’agit de réduire les conflits dans le monde et de protéger les États-Unis contre les menaces extérieures.

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