John Miller serait-il le Mark Shelley de Donald Trump et ce dernier son Frankenstein ? C’est en tout cas ce qu’il admet (confesse ?) dans une tribune publiée par le magazine US News & World Report (We Created a Monster: Trump Was a TV Fantasy Invented for ‘The Apprentice’).
“I want to apologize to America. I helped create a monster”. C’est ainsi que commence la tribune de John Miller, l’ancien directeur marketing de la chaîne NBC pendant 25 ans et qui a été à la tête de l’équipe qui a marketé l’émission The Aprentice, “the reality show that made Donald Trump a household name outside of New York City, where he was better known for overextending his empire and appearing in celebrity gossip columns”.
Une tribune qui prend la tournure d’un triste pour la moitié des Américains, ceux qui considèrent Donald Trump comme une anomalie, une catastrophe, une tragédie. Donald Trump n’est en fait que la création d’un produit par un service marketing.
Pour une autre moitié, celle des Américains qui constituent ce que l’on appelle couramment sa base, cet article n’a pas lieu d’être, il est un mensonge puisqu’il affirme quelque chose qu’ils ne sont pas prêts, ni près d’admettre. Il prend un risque en détruisant une illusion et décrivant la vérité. Donald Trump n’est pas celui qu’il prétend être : un businessman accompli.
John Miller rappelle qu’avant d’être l’animateur de l’émission, Donald Trump avait quatre banqueroutes à son actif auxquelles il faut en ajouter deux autres pendant les 14 saisons qu’a duré le show de NBC. Pourquoi la chaîne a-t-elle choisi Donald Trump comme présentateur de The Apprentice ? Parce qu’il était le meilleur au terme d’une longue et minutieuse sélection ? Non tout simplement “because more successful CEOs were too busy to get involved in reality TV and didn’t want to hire random game show winners onto their executive teams”.
John Miller précise qu’il se consacrait à la promotion de l’émission, mais pas à sa réalisation. Des limites que Donald Trump lui-même était prêt à franchir en s’impliquant dans le contenu. “I also learned from working with him that he has questionable judgment. At the wrap party for “The Apprentice” season three, he pitched an idea for the upcoming season. He told me we should make a team of Black players compete against white players”. La raison qui l’a détourné de cette idée n’était pas d’ordre éthique, mais financier. Car tous les gens qui ont fréquenté le personnage témoignent du fait que la seule idée qui permet de le convaincre est à partir du moment où l’on parle d’argent. “I tried to get through to him by speaking the language he understands: money. I explained that sponsors wouldn’t want to be associated with a show that pitted races against each other. But he could not understand why this was such a bad idea”.
The Aprentice est l’archétype de l’émission de télévision qui fait croire que l’illusion est en fait la réalité. Elle a certainement réussi auprès d’une proportion importante d’Américains. Mais elle a réussi aussi auprès de l’intéressé qui n’a sans doute plus aucun repère entre vérité et mensonge, fiction et réalité.
“While we were successful in marketing “The Apprentice,” we also did irreparable harm by creating the false image of Trump as a successful leader. I deeply regret that. And I regret that it has taken me so long to go public”.
Il ne s’agit donc pas ici de la grande illusion, mais de la sombre réalité.