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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-2 Dernière ligne droite très serrée

Après s’être pris pour John Travolta dans une réunion publique en Pennsylvanie, Donald Trump poursuit sa quête vers le panache et la dignité, toujours en Pennsylvanie, à l’aéroport de Latrobe. Il s’est d’abord pris pour un journaliste de Golf Magazine en passant 12 minutes en racontant la vie d’Arnald Palmer, né en 1929 dans cette ville de Pennsylvanie. Soit. C’est peut-être la conséquence qu’il ne peut plus jouer au golf depuis l’épisode d’une supposée tentative d’assassinat. Mais son goût raffiné l’a conduit à se lancer dans des détails de la plus haute importance qui, sans aucun doute, permettront de Make America Great Again.

“Arnold Palmer was all man, and I say that in all due respect to women. This is a guy that was all man (…) When he took the showers with other pros, they came out of there. They said, ‘Oh my God. That’s unbelievable, I had to say. We have women that are highly sophisticated here, but they used to look at Arnold as a man”. Une référence qui rappelle son commentaire sur les petites mains de Marco Rubio, lors de la campagne de 2016. Preuve qu’il n’a pas vraiment changé, mais plutôt libéré de toutes les contraintes de la bienséance et de la décence, pour le plus grand bonheur de ses supporters.

Mais se moquer de l’anatomie d’Arnold Palmer ne suffisait à sa rassasier son appétit de bassesses et d’abjections. Il lui fallait s’en prendre à son opposante la qualifiant de « shit vice president. The worst. You’re the worst vice president. Kamala, you’re fired. Get the hell out of here, you’re fired. Get out of here. Get the hell out of here, Kamala.”  

Puis, à Jill Biden: “Jill, get your fat husband off the couch. Get that fat pig off the couch. Tell him to go and vote for Trump, he’s going to save our country. Get that guy the hell off our – get him up, Jill, slap him around. Get him up. Get him up, Jill. We want him off the couch to get out and vote.” 

Des propos qui le condamneraient à n’importe quel entretien d’embauche, fût-ce comme chef d’équipe à McDonald’s. Mais pour le poste le plus important proposé par l’Amérique, celui de président des États-Unis, la vulgarité et puanteur semblent aujourd’hui améliorer le CV du candidat.

Voter aux élections américaines de novembre n’est pas chose facile. Pour ceux qui se rendent dans les bureaux de vote, cela signifie souvent de longues heures d’attente. Pour ceux qui votent par correspondance, c’est un véritable chemin de croix. La moindre erreur dans la finalisation du vote peut être fatale. D’ailleurs, les républicains MAGA sont dans les starting-blocks pour détecter la moindre erreur, voire en inventer.

Et puis, il faut remplir le bulletin. Rappelons que contrairement aux élections en France qui sont très spécialisées (président, députés, maires…), les élections américaines concernent simultanément un très grand nombre de postes, mais aussi de mesures (issues). Résultat, si l’on prend le cas du bulletin de vote de l’Ohio (voir le bulletin ci-dessous) et plus précisément du Comté de Hamilton, on obtient un document de 4 pages avec des passages en corps 4 dont la lecture est aussi facile que celle des conditions générales de vente d’un contrat commercial.

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Concernant les postes à élire, il y a le président et le vice-président, les membres de la Cour suprême de l’État, un sénateur, les représentants, les juges de la cour d’appel, les commissaires de comté, l’auditeur du comté, le procureur, le shérif, le recorder du comté, le trésorier du comté, l’ingénieur du comté, le médecin légiste, le juge du tribunal des plaidoyers communs.

Concernant les mesures soumises aux votes, il faut mentionner une mesure concernant le “redistricting” (le texte n’est pas des plus limpides) et deux mesures concernant les taxes.

Le choix le plus important concerne bien sûr celui du président et du vice-président – on ne parle que ce ça depuis deux ans – Il y a bien sûr les tickets démocrates et républicains connus de tous, mais aussi d’autres tickets beaucoup moins connus. Les autres candidats qui sont inscrits sur le bulletin de l’Ohio, on peut mentionner Chase Oliver, Mike ter Mast pour le parti libertarien, Peter Sonski et Lauren Onak pour un other party candidate, Jill Stein et Anita Rios qui représentaient le parti vert, mais ne semblent plus afficher cette étiquette et Richard Duncan et Mitchel Preston Bupp. Il est également possible de voter pour un write-in candidate, Jimmy Carter par exemple. Il suffit alors d’écrire le nom des candidats à la présidence et à la vice-présidence.

Dans l’état de l’Ohio, ces « petits » candidats n’ont évidemment aucune chance d’être élus ni de modifier l’élection de l’un des deux candidats républicains ou démocrates. L’Ohio étant devenu républicain – après avoir été longtemps un swing state -, Donald Trump sera assez facilement élu et remportera les 18 voix des grands électeurs.

L’organisation des élections de novembre est de la seule responsabilité des élus de l’État, en général très jaloux de ses prérogatives. Cela n’empêche, les élus de certains États de se mêler des affaires des autres. Le cas récent le plus surprenant est celui du Sénateur de Caroline du Sud Lyndsey Graham qui est allé dans le Nebraska pour influencer les élus locaux et les pousser à changer leur mode de scrutin qui, à l’instar de celui du Maine, est différent de celui de tous les autres États. En adoptant la règle du Winner takes all, qui donne toutes les voix des Grands électeurs à celui qui a gagné le vote populaire, les républicains pouvaient espérer gagner une voix. Ce qui dans les circonstances actuelles pourrait être capital. Rappelons qu’en cas d’égalité des votes de grands électeurs (269-269), c’est le Congrès qui voterait avec une voix par État. Ce qui permettrait à Donald Trump d’être élu.

D’un point de vue pratique, les électeurs peuvent choisir entre plusieurs façons de voter. Le mode le plus traditionnel est de voter en personne le jour de l’élection en se rendant dans le bureau de vote. Il y a ensuite le vote anticipé. Plusieurs États permettent aux électeurs de voter en personne plusieurs semaines avant le jour du scrutin. Il y a ensuite le vote par correspondance. Cette méthode permet aux électeurs qui ne sont pas en mesure de se rendre aux urnes le jour du scrutin de demander un bulletin de vote et de voter par correspondance. Traditionnellement, le vote par correspondance nécessitait une excuse valable, mais de nombreux États ont élargi l’accès au vote par correspondance ou l’ont rendu accessible à tous les électeurs. Elle s’est largement développée lors de la dernière de 2020 à l’occasion du Covid.

Les méthodes utilisées pour voter sont, elles aussi, très différentes selon les États. La plus traditionnelle est celle du bulletin papier qui peut être dépouillé de manière manuelle ou avec un système de lecture optique optique. Il y a ensuite la catégorie des machines à voter électroniques. Elles sont principalement de deux sortes (Direct Recording Electronic (DRE) Systems ou Ballot Marking Devices (BMD). L’électeur utilise une interface qui lui permet de faire sa sélection directement dans la mémoire du système ou le système l’aide à faire ses choix sur un bulletin papier. Il y a également des systèmes hybrides qui combinent le papier et l’électronique et les systèmes à cartes perforées (Punch Card Systems) où l’électeur perce des trous pré-établis. Ces cartes sont lues par des scanners optiques.

Bref, c’est une véritable jungle. Le développement du vote par correspondance va conduire de plus en plus à ce que le résultat ne soit pas connu le soir même de l’électeur. D’autant que certains n’autorisent le dépouillement des votes par correspondance que le jour de l’élection. Il peut conduire à ce que l’on appelle le Red Mirage ou le Blue Mirage. Lors des élections présidentielles de 2020, Donald Trump était en tête le soir de l’élection. Ce qui l’a poussé à déclarer la victoire. Le problème est que les votes par correspondance étaient en grande majorité démocrates faisant ainsi basculer l’élection en faveur de Joe Biden. Le même phénomène pourrait se reproduire même si, contrairement aux élections de 2020, les républicains ont aussi appelé à voter par correspondance.

La bataille va se jouer sur les indécis : ceux qui hésitent jusqu’à la dernière minute entre Kamala Harris et Donald Trump. Étonnant d’ailleurs d’hésiter entre deux candidats aussi différents. On se souvent de la candidature du slogan du parti communiste lors de l’élection de 1969 qualifiant les deux candidats de « bonnet blanc – blanc bonnet » pour signifier qu’il n’y avait que l’épaisseur du trait entre les deux candidats. Ou encore de la couverture du magazine The Economist qui qualifiait Donald Trump et Boris Johnson respectivement de Twitterdum et Twaddledee (voir encadré ci-dessous). Mais entre Kamala Harris et Donald Trump, c’est plutôt la carpe et le lapin. Comment peut-on hésiter entre les deux ? Soit.

Les indécis regardent-ils Fox News ? C’est peu probable. Mais aller sur la chaîne de l’ultradroite de Rupert Murdoch poursuit un autre objectif : celui de montrer aux commentateurs de tous poils que la candidate démocrate ne craint pas d’aller en terrain adverse. Et les commentateurs patentés et occasionnels des réseaux sociaux sont nombreux.

Mais y aller ne suffit pas, il faut aussi réaliser une performance a minima correcte et sans faute notable qui sera reprise en boucle. Ce qui n’est pas chose facile en étant face à Brett Baier. Qu’il pose les questions difficiles, c’est son métier et son obligation et c’est souhaitable. Il ne s’en est pas privé. Qu’il l’interrompe en permanence avec comme objectifs de lui faire perdre le fil ou sortir de ses gonds, c’est plus discutable. Mais est pris en flagrant délit de mauvaise foi, là c’est en contradiction totale avec la déontologie. L’exemple le plus marquant a été celui où il utilise un passage d’une interview sur sa propre chaîne qui ne reprend pas les arguments cités dans son propos.

Le journaliste lui demande pourquoi affirmer que Donald Trump est une menace pour la démocratie alors qu’il ne menace personne. Et de présenter alors un extrait de l’interview de Donald Trump sur Fox totalement différent des interventions dans lesquelles il indique clairement vouloir faire appel à la Garde nationale, voir à l’armée pour mater les « radical left lunatics ».

Et pas besoin de cherche dans les archives d’il y a plusieurs années. Dans le town hall meeting à laquelle il participait le même jour, il persistait et signait : “It is the enemy from within, and they are very dangerous; they are Marxists and communists and fascists and they’re sick (…) They’re the ones doing the threatening,” expliquait alors Donald Trump. “They do phony investigations. I’ve been investigated more than Alphonse Capone was.”

La réponse de Kamala Harris ne s’est pas fait attendre :

“With all due respect, that clip was not what he has been saying about the enemy within,” Harris said, with her volume rising. You and I both know that he has talked about turning the American military on the American people, he has talked about going after people who are engaged in peaceful protest,” Harris said. “He has talked about locking people up because they disagree with him. This is a democracy and in a democracy, the president of the United States, in the United States of America, should be willing to be able to handle criticism without saying he would lock people up for doing it.”

L’interview a largement porté sur l’immigration, car c’est clairement sur ce point que va se jouer l’élection ? C’est le thème central que va marteler Trump jusqu’à la fin de la campagne avec non pas l’inflation (car elle est revenue à un niveau acceptable) mais sur les prix des denrées qui se sont stabilisés mais ne sont pas revenus à leur niveau d’avant le déclenchement du phénomène.

Concernant l’immigration, Brett Baier a utilisé une méthode contre laquelle il est difficile de lutter : l’utilisation de cas particuliers. En demandant à Kamala Harris si elle présenterait des excuses aux familles des femmes tuées par des  immigrants sans papiers. Avec document à l’appui, une vidéo d’une femme accusant l’administration Biden d’être responsable de la mort de sa fille. Répondre à une tragédie individuelle en défendant des décisions politiques est une tâche très difficile, voire impossible.

Quel avantage politique va-t-elle tirer de cette interview en terre ennemie ? Difficile, voire impossible à dire. Ses adversaires pourront difficilement utiliser l’argument qu’elle n’en est pas capable. Seront-ils en mal de trouver des faiblesses, des manques, des ratés, des incongruités ? Sûrement pas. D’ailleurs, J.D. Vance a déjà le service après-vente pour son patron sur la même chaîne Fox News.

Twitterdum et Twaddledee

Ces pseudonymes sont un jeu de mots sur, respectivement, Tweedledum et Tweedledee dont le sens et l’étymologie sont exposés ci-après. Twitterdum se compose de Twitter, allusion à la méthode que Trump utilise pour communiquer ses orientations, et dum, mot qui se prononce comme dumb dont le b final est muet. Les deux composants de Twitterdum sont aisément attribués à Trump. Quant à Twaddle, cela signifie bêtises, âneries, alors que dee n’a pas de signification particulière. Johnson est souvent accusé de parler Twaddle, c’est-à-dire de débiter des âneries (ou pire encore), qui sont souvent déguisées dans un langage grandiloquent.

Autrement dit, The Economist a transposé et actualisé le traditionnel duo de patronymes popularisé par l’écrivain anglais irlandais, Lewis Carroll.
(Source : le mot juste en anglais)

Selon les derniers sondages du New York Times/Siena, Kamala Harris bénéficierait de 78 % des voix de la communauté noire, ce qui a priori pourrait sembler satisfaisant. Et pourtant, ce chiffre est à comparer aux 90 % que recueillaient régulièrement les candidats démocrates.

En 2016, Donald Trump a lancé sa campagne en qualifiant les migrants mexicains de voleurs et de violeurs après avoir affirmé des années durant que Barack Obama n’était pas né aux États-Unis. En conséquence de quoi, il avait réalisé un faible score auprès des deux minorités : 7 % pour la première et 28 % pour la seconde.  

Huit ans plus tard, malgré les déclarations répétées sur les migrants, qui sont principalement des minorités en provenance d’Amérique du Sud, donc des hispaniques, le différentiel de voix (Différence entre les intentions de votes des Noirs et des Hispaniques pour les démocrates et les républicains) s’est considérablement réduit, 63 % pour ce qui concerne les Noirs et 19 % seulement pour les Hispaniques. Elle ne réalise que 56 % d’intentions de vote des Hispaniques là où Hillary Clinton atteignait 68 %.

Comment expliquer cette contre-performance qui pourra peut-être lui coûter la victoire. Dans un article intitulé Why is Trump gaining With Black and Hispanics voters, Nate Cohn, chief political analyst du New York Times, fournit cinq explications majeures :

– Les excès et excentricités du candidat ne les dérangent pas ;
– Ils ne se sentent pas offensés. Cela serait plutôt de nature à les amuser ;
– L’économie est la principale raison qui motive leur vote ;
– L’espoir levé par Barack Obama s’est évanoui ;
– C’est une question de génération.

Dans la société du spectacle que Guy Debord avait décrit dans son livre éponyme, Donald Trump est champion toutes catégories. Il a réussi à convaincre nombre d’électeurs que la fiction qu’il décrit est en fait la réalité. C’est le message qu’avait réussi à faire entre dans les esprits The Apprentice : Donald Trump est un businessman accompli qui énumère les règles du succès que lui a appris son mentor Roy Cohn (l’avocat du McCarthy) :

Règle n°1 : Attaquer, attaquer, attaquer
Règle n°2 : Ne jamais rien admettre
Règle n° 3 : Quoi qu’il puisse se passer, revendique la victoire, ne concède jamais la défaite.

Dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux
Guy Debord
On pourrait ajouter, le faux est devenu une partie intégrante du vrai

Et dans cette fiction que brosse à l’envi Donald Trump, il se présente comme le meilleur défenseur des Noirs et des Hispaniques. Et puis, il utilise l’argument que défend l’historien Timoty Snyder selon lequel Donald Trump est un sadopopuliste selon laquelle une communauté peut souffrir, mais d’autres vont souffrir plus. Dans ce cadre, l’immigration est un thème très porteur. Les migrants sont une menace directe contre ces deux communautés.

Par ailleurs, les jeunes de ces deux communautés ne se sentent absolument pas heurtés par le comportement erratique de Donald Trump et ses excès. Le lien historique qui unissait les électeurs noirs, et dans une moindre mesure, hispaniques, ne semble pas les concerner.

L’économie est aussi un thème porteur qui n’est pas perçu par le prisme de la macro-économie, mais par le biais de la vie quotidienne : le prix de l’essence, le prix des œufs ou du jus d’orange. (peu importe si l’économie américaine se porte bien, l’article The envy of the world que vient de publier le magazine The Economist n’influencera pas beaucoup le citoyen américain).

Seulement 20 % des électeurs hispaniques et 26 % des électeurs noirs déclarent que les conditions économiques sont bonnes ou excellentes et la moitié des deux groupes déclarent qu’ils ont souvent été obligés de réduire leur achat de nourriture à cause des coûts élevés.

La fin de l’espoir concerne principalement les électeurs noirs d’un certain âge, ceux qui ont voté pour Barack Obama et qui espéraient un changement en profondeur de la société américaine. Et qui apparemment ne sont pas convaincus. Déçus une première fois, ils ne sont peut-être pas près de donner une deuxième chance, fût-ce à une candidate noire. Aujourd’hui, respectivement 63 % et 46 % des électeurs noirs et hispaniques considèrent que les démocrates sont le meilleur parti à tenir ses promesses. Peut-être ne doutent-ils de leurs bonnes intentions, mais ils sont désappointés des résultats obtenus.

Est-ce la manifestation d’une démence aggravée, l’illustration d’une adhésion à une idéologie, ou l’application d’une stratégie calculée ? Peut-être les trois, mon général pourrait-on répondre.

Justement, en parlant de général, Mark Milley décrit l’ex-président comme suit : “He is the most dangerous person ever. I had suspicions when I talked to you about his mental decline and so forth, but now I realize he’s a total fascist. He is now the most dangerous person to this country…a fascist to the core.” (citation du dernier livre de Bob Woordward).

Mark Milley n’est pas un gauchiste échevelé, il a été “chairman of the Joint Chiefs of Staff, the nation’s highest-ranking military officer and the primary military advisor to the president, the secretary of defense, and the National Security Council”.

Et il a été nommé par Donald Trump.

Cette liste pourrait être complétée. C’est d’ailleurs ce que propose un article de l’IREF (on peut critiquer Trump sur bien des points, mais parler de « fascisme » n’a ici aucun sens), la publication qui s’est donné comme objectif de remettre les pendules à l’heure.

La philosophe américaine Judith Butler considérait dans un essai publié en 2016 que Donald Trump représentait une « nouvelle forme de fascisme ».

En 2020, le philosophe Alain Badiou, qualifié d’ultragauchiste, déclarait quant à lui sur France Inter : « Trump est fasciste dans sa vision du monde ».

En 2024, la représentante d’extrême gauche de l’État de New York, Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) appelait sur X les démocrates à « refuser de se résigner au ‘fascisme’ » – traduction en clair : à ne pas partir du principe que Trump va être réélu président en novembre de cette année… L’auteur de l’article ne semble pas ébranler par le fait que Donald Trump – et son colistier J.D. Vance – refuse de reconnaître le résultat des élections de 2020 et affirme régulièrement que, s’il perd celles de 2024, c’est qu’elles auront été frauduleuses.

Robert Reich, l’ancien secrétaire au travail de Bill Clinton et professeur de sciences politiques à l’université de Berkeley, avait également apporté sa contribution sur le sujet.

On pourrait ajouter les déclarations du professeur d’histoire Timothy Snyder qui n’est pas non plus un gauchiste qui n’hésite pas non plus à qualifier le régime d’une seconde administration de fasciste :

“By fascism I just have in mind (1) the cult of personality of a Leader: (2) the party that becomes a single party; (3) the threat and use of violence; and (4) the big lie that must be accepted and used to reshape reality: in this case, that Trump can never lose an election.”

Le point 2 n’est pas vérifié puisqu’il n’est pas encore question de le supprimer. Mais le discours de Trump et de ses affidés est souvent de les qualifier d’unamerican (je ne mentionne même pas les insultes).

Dans une interview récente à l’hebdomadaire Le Point réalisée à l’occasion de la publication de son livre Freedom, Tymothy Snyder définit Donald Trump comme un sadopopulisme.

« Les populistes font des promesses souvent irréalistes. Le « sadopopuliste », quant à lui, promet simplement de la douleur. Sa politique est la suivante : vous allez souffrir, mais vous verrez d’autres personnes souffrir davantage. Aux États-Unis, de nombreux Blancs sont prêts à souffrir si cela implique que les Noirs souffrent plus qu’eux. La politique de Trump s’inscrit dans cette optique. Elle invite une population à profiter des malheurs des autres. Il mise sur notre côté sadique. Le défi pour les défenseurs de la liberté est de parvenir à créer un peuple capable de réfléchir à ses engagements moraux, afin qu’il ait moins besoin de voir les autres souffrir ».

Une chose est sûre, Donald Trump développe en permanence une idéologie de « Eux contre nous » et ne cherche pas à unir son pays.

L’article mentionné plus haut précise les attributs du fascisme mussolinien, un autoritarisme fondé sur :

– L’État omnipotent

C’est ce que veut en place Trump en parlant de retribution et que la Cour Suprême semble valider avec l’arrêt sur l’immunité du président) ;

– Le refus du parlementarisme 

Les soutiens de Trump mentionnent tous le renforcement de l’Exécutif. Chez Donald Trump, c’est une pratique qui dérive de son expérience plus qu’une théorie politique, il veut diriger les États-Unis comme il a dirigé sa PME Trump organization), en potentat et unique décideur. Le plan Schedule F qui consiste à révoquer 50 000 postes dans l’administration pour y mettre des loyalistes vise bien à cet objectif-là.

– Le mépris des droits individuels

La position de Donald Trump vis-à-vis de la Justice lui a été transmise par Roy Cohn : la Justice n’est qu’un moyen pour arriver à ses fins. La liste des gens qu’il veut mettre en prison (parce qu’ils ont l’outrecuidance de ne pas être d’accord avec lui) s’allonge de jour en jour.

Ses déclarations récentes dans ses meetings du Colorado et en Californie renforçaient cette analyse sans pour autant changer en nature. Mais sur Fox News, il déclarait que les ennemis de l’intérieur, qu’il décrivait comme des radical left lunatics, nommant au passage Adam Schiff, le représentant de Californie et qui se présente au Sénat, étaient plus dangereux que la Russie ou les Chinois. Leurs cas pourraient être facilement réglés par la garde nationale et l’armée. Ses critiques ne reçoivent aucune correction de la part des républicains qui ne semblent pas gênés de faire le service après-vente et essaient d’expliquer que ce n’est pas ce qu’il voulait dire, que ce ne sont que des mots, qu’il plaisante ou encore que ces déclarations sont sorties de leur contexte. C’est exactement ce qu’a fait le gouverneur de Virginie Glenn Youngkin sur CNN dans une interview réalisée par Jake Tapper.

“Is that something that you support?” interroge le journaliste.

Le gouverneur lui qu’il a mal compris les propos de Donald Trump et qu’il qualifie les migrants.

Non, répond le journaliste, répondant que Donald Trump a bien fait référence aux citoyens en mentionnant Adam Schiff.

Le gouverneur, confronté à la dure réalité, s’égare alors dans une déclaration bouillabaisse mélangeant des histoires de gangs vénézuéliens, de Virginiens mourant à cause du fentanyl…

Ceux qui critiquent le fait de qualifier les idées de Donald Trump de fasciste considèrent que cela est contre-productif, exagéré et ne fait que renforcer ses soutiens plus que de mobiliser ses opposants. Peut-être, mais si une pomme est verte, il est difficile d’affirmer qu’elle est rouge. De toute façon, on a bien compris que ceux qui ont décidé de voter pour le candidat républicain ne changeront pas leur vote. Il s’agit de convaincre ceux qui pourraient encore se poser des questions, les fameux indécis qui ne se décideront qu’une fois dans l’isoloir.

Et puis, si ce n’est pas du fascisme, ça y ressemble fortement. Et le f** peut se décliner de plusieurs manières.

Si le droit de vote était réservé aux femmes, Kamala Harris serait élue haut la main. Non pas tant qu’elle joue de sa féminité tout comme elle n’a jamais mis en avant ses origines noire (jamaïcaine) et asiatique (indienne), mais plutôt que Donald Trump a un effet repoussoir pour nombre de femmes. Par ses discours, par des actions passées (la nomination de 3 juges conservateurs à la Cour Suprême qui a permis d’invalider l’arrêt Roe v. Wade de 1973) et son passif (il a été condamné pour viol sans parler de la fameuse vidéo de l’Access Hollywood Tape révélée par le Washington Post en octobre 2016).

Selon une note du Pew Research Center (Most Voters Say Harris Will Concede – and Trump Won’t – If Defeated in the Election), les femmes soutiennent Donald Trump à 52 %, les hommes à seulement 43 %. Et si l’on croise les caractéristiques sexe et race, on obtiendrait des scores beaucoup plus élevés pour la candidate démocrate.

Cet élan des femmes pour les femmes serait encore plus marqué si l’on en croit une enquête que vient de réaliser l’institut KFF (anciennement connue sous le nom de Kaiser Family Foundation) et qui montre que les électrices sont plus enthousiastes à l’idée de voter depuis que Joe Biden s’est retiré de la campagne et que Kamala Harris est entrée dans la course. La question de l’IVG tient une place importante dans cette nouvelle motivation. De juin à septembre, la proportion de femmes qui pensent que l’élection de 2024 aura un impact majeur sur l’IVG est passée de 54 % à 65 %.

Cette question de l’IVG tient une place centrale dans la formation du choix des femmes.

Quatre électrices de moins de 30 ans sur 10 (39 %) disent maintenant que l’avortement est la question la plus importante pour leur vote, soit près du double de la proportion qui disaient la même chose en juin (20 %).

Les électrices sont désormais 11 % plus susceptibles de dire que cette élection présidentielle aura un impact majeur sur l’accès à l’IVG et aux soins de santé reproductive aux États-Unis (65 %, contre 54 %). Parmi les femmes démocrates en âge de procréer – dont un quart (26 %) disent maintenant que l’avortement est leur enjeu de vote le plus important – 79 % disent maintenant que les élections de novembre comptent de manière majeure pour l’accès à l’avortement, contre 66 % en juin. Pendant ce temps, les femmes républicaines ne voient pas l’élection comme un point de basculement majeur sur l’accès à l’avortement, une majorité affirmant que l’élection présidentielle n’aura soit un « impact mineur », soit « aucun impact » (57 %).

En juin, avant que Harris ne soit la candidate démocrate à la présidence, environ la moitié des électrices démocrates (49%) ont déclaré qu’elles faisaient « beaucoup » confiance à Harris pour parler de la politique d’avortement, même si elle était déjà porte-parole de la campagne sur la santé reproductive. En septembre, cette proportion est passée à trois sur quatre (75 %) depuis qu’elle est devenue la candidate démocrate et a fait de l’avortement l’une des caractéristiques de sa campagne. Harris détient également un fort avantage sur Trump sur les électrices en qui les électrices font confiance pour mieux décider de la politique d’avortement (58 % contre 29 %), et s’en sort mieux dans le duel que Biden avec Trump cet été (46 % contre 28 %).

Parmi les autres sujets sur lesquelles Kamala Harris détient un avantage sur son opposant sont l’inflation, la santé.

Environ la moitié (46 %) des électrices disent maintenant qu’elles font confiance à Harris plutôt qu’à Trump (39 %) lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux coûts des ménages. En comparaison, les électrices de juin étaient divisées à parts égales sur le parti auquel elles faisaient le plus confiance pour faire face à la hausse des dépenses des ménages, ce qui ne donne l’avantage à aucun des deux partis. À l’approche des élections de 2024, l’inflation reste le principal problème pour l’ensemble de ce groupe (36 %) et continue d’être la principale priorité pour les femmes noires (51 %) et hispaniques (41 %)

Harris conserve l’avance sur les coûts des soins de santé qui était détenue par le Parti démocrate cet été ; la moitié des électrices (50%) disent qu’elles lui font confiance pour faire un meilleur travail sur cette question contre 34% pour le candidat républicain.

Au-delà du mouvement d’opinion lié à la candidature de Kamala Harris, les jeunes femmes (de 18 à 29 ans) sont devenues de plus en plus libérales (au sens américain). La proportion de celles qui se déclarent libérales / très libérales est passée de 28 % en 2001 à 40 % en 2024 (Exploring Young Women’s Leftward Expansion).

Le mouvement des femmes pour Kamala Harris est soutenu par une coalition (Women for Kamala Harris Grassroots Coalition) qui revendique un million de membres.  

Un long chemin vers le droit de vote

C’est en juillet 1848, à la Seneca Falls Convention organisée par Elizabeth Cady Stanton et Lucrecia Mott, pionnières de la lutte pour les droits des femmes que le mouvement est lancé. Mais ce n’est qu’en 1920 que le 19e amendement qui donne le droit de vote aux femmes est ratifié après le vote du Tennessee. Le premier pays à avoir accordé ce jour est la Nouvelle-Zélande en 1983 et le dernier est le Portugal en 1976. En France, c’est en 1944 que ce droit a été donné.

J-22 : La Pennsylvanie, mère de toutes les batailles

Aujourd’hui, Donald Trump se rend à Oaks dans la banlieue de Philadelphie tandis que Kamala Harris sera à Erie, deux endroits de la Pennsylvanie. Les deux candidats se sont déjà rendus à plusieurs reprises dans cet état qui sera décisif pour les élections.

Le candidat qui remportera les 19 grands électeurs maximisera ses chances d’atteindre le seuil de 270.

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À ce jour, les élections sont quasiment jouées dans 43 États (c’est là la conséquence de système obsolète) donnant ainsi 225 voix à Kamala Harris et 219 à Donald Trump.

Restent alors les États du Blue Wall (Michigan, Wisconsin et Pennsylvanie), du Sud (Géorgie, Caroline du Nord) et de l’Ouest (Arizona, Nevada) qui sont considérés comme des battleground States. Sans compter le deuxième district du Nebraska.

Si Kamala Harris remporte la Pennsylvanie, il ne lui restera plus que 26 grands électeurs à gagner.

Michigan : 15
Wisconsin : 10
Géorgie : 16
Caroline du Nord : 16
Nevada : 6
Arizona : 11
Nebraska CD2 : 1

On le voit, le nombre de combinaison pour atteindre 26 est assez élevé. Le plus sûr étant Wisconsin + Michigan + Nebraska CD2. Mais il y en d’autres.

Si elle ne gagne pas la Pennsylvanie, alors la victoire s’éloignerait. Car il lui faudrait gagner deux des trois États (Caroline du Nord, Arizona ou Géorgie) en plus du Michigan et Wisconsin. Ce qui paraît assez difficile étant donné les sondages actuels.

Si Donald Trump gagne la Pennsylvanie, il lui suffirait de gagner la Géorgie et la Caroline du Nord.

D’où cet intérêt récurrent pour cet État à la fois en déplacement des candidats et en dépenses, notamment en publicité. Entre le 22 juillet (date de l’entrée dans la campagne de Kamala Harris) et le 8 octobre, les candidats ont dépensé plus un milliard de dollars de publicité politique, dont près de 30 % pour le seul État de Pennsylvanie.

(Source : AdImpact)

Pour l’heure, l’avantage de la Pennsylvanie est à Kamala Harris, mais l’écart qui est dans la marge d’erreur ne donne donc aucune garantie. Et si l’on se réfère à la dernière élection, Donald Trump avait gagné avec 50,01 % soit une marge de 80 555 voix sur près de 7 millions de votants.

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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-13 Le vent tourne
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-14 Une nouvelle élection commence
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-15 D’une Convention à l’autre
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-16 Turning Point?
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-17 Doute après le débat
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-18 Tipping Point?
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-19 En attendant le débat
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-20 Asymétrie
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-21 Joe Biden préside, Donald Trump trépigne
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-22 Guilty
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-23 No limits
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-24 Des hauts et débats
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-25 Biden sur tous les fronts
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-26 RFK Jr, le fâcheux
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-27 Entre manipulation d’élections et immunité
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-28 Trump à la barre
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-29 A front renversé
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-30 Montée de la violence
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-31 Des questions d’argent
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-32 Donald Trump à la recherche du modèle hongrois
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-33 Lancement de l’élection générale
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-34 Super Trumpsday
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-35 Le dilemme de Nikki Haley
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-36 Nikki Haley, meilleure alliée de Joe Biden ?
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-37 Quel avenir pour Nikki Haley ?
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-38 Calme plat en attendant la Caroline du Sud
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-39 Manipulation aux primaire/caucus du Nevada
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-40 Donald Trump gagne le New Hampshire, Nikki Haley reste dans la course
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-41 Iowa : Donald Trump en tête, Vivek Ramaswamy jette l’éponge
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-42 Chris Christie jette l’éponge
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-43 L’Iowa en ligne de mire
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-44 La Cour Suprême joue la montre, mais devra bien se prononcer
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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-46 Les jeux sont faits
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-47 Donald Trump dictateur d’un jour  
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-48 Dans l’attente de l’Iowa et du New Hampshire
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-49 L’impact du Proche-Orient joue en défaveur de Joe Biden
PRÉSIDENTIELLES 2024>S-50 Tim Scott sort de la course, Joe Manchin songe à y entrer
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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-52 Des élections à haut risque

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