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J-19 : Kamala Harris à la recherche du vote noir et hispanique

Selon les derniers sondages du New York Times/Siena, Kamala Harris bénéficierait de 78 % des voix de la communauté noire, ce qui a priori pourrait sembler satisfaisant. Et pourtant, ce chiffre est à comparer aux 90 % que recueillaient régulièrement les candidats démocrates.

En 2016, Donald Trump a lancé sa campagne en qualifiant les migrants mexicains de voleurs et de violeurs après avoir affirmé des années durant que Barack Obama n’était pas né aux États-Unis. En conséquence de quoi, il avait réalisé un faible score auprès des deux minorités : 7 % pour la première et 28 % pour la seconde.  

Huit ans plus tard, malgré les déclarations répétées sur les migrants, qui sont principalement des minorités en provenance d’Amérique du Sud, donc des hispaniques, le différentiel de voix (Différence entre les intentions de votes des Noirs et des Hispaniques pour les démocrates et les républicains) s’est considérablement réduit, 63 % pour ce qui concerne les Noirs et 19 % seulement pour les Hispaniques. Elle ne réalise que 56 % d’intentions de vote des Hispaniques là où Hillary Clinton atteignait 68 %.

Comment expliquer cette contre-performance qui pourra peut-être lui coûter la victoire. Dans un article intitulé Why is Trump gaining With Black and Hispanics voters, Nate Cohn, chief political analyst du New York Times, fournit cinq explications majeures :

– Les excès et excentricités du candidat ne les dérangent pas ;
– Ils ne se sentent pas offensés. Cela serait plutôt de nature à les amuser ;
– L’économie est la principale raison qui motive leur vote ;
– L’espoir levé par Barack Obama s’est évanoui ;
– C’est une question de génération.

Dans la société du spectacle que Guy Debord avait décrit dans son livre éponyme, Donald Trump est champion toutes catégories. Il a réussi à convaincre nombre d’électeurs que la fiction qu’il décrit est en fait la réalité. C’est le message qu’avait réussi à faire entre dans les esprits The Apprentice : Donald Trump est un businessman accompli qui énumère les règles du succès que lui a appris son mentor Roy Cohn (l’avocat du McCarthy) :

Règle n°1 : Attaquer, attaquer, attaquer
Règle n°2 : Ne jamais rien admettre
Règle n° 3 : Quoi qu’il puisse se passer, revendique la victoire, ne concède jamais la défaite.

Et dans cette fiction que brosse à l’envi Donald Trump, il se présente comme le meilleur défenseur des Noirs et des Hispaniques. Et puis, il utilise l’argument que défend l’historien Timoty Snyder selon lequel Donald Trump est un sadopopuliste selon laquelle une communauté peut souffrir, mais d’autres vont souffrir plus. Dans ce cadre, l’immigration est un thème très porteur. Les migrants sont une menace directe contre ces deux communautés.

Par ailleurs, les jeunes de ces deux communautés ne se sentent absolument pas heurtés par le comportement erratique de Donald Trump et ses excès. Le lien historique qui unissait les électeurs noirs, et dans une moindre mesure, hispaniques, ne semble pas les concerner.

L’économie est aussi un thème porteur qui n’est pas perçu par le prisme de la macro-économie, mais par le biais de la vie quotidienne : le prix de l’essence, le prix des œufs ou du jus d’orange. (peu importe si l’économie américaine se porte bien, l’article The envy of the world que vient de publier le magazine The Economist n’influencera pas beaucoup le citoyen américain).

Seulement 20 % des électeurs hispaniques et 26 % des électeurs noirs déclarent que les conditions économiques sont bonnes ou excellentes et la moitié des deux groupes déclarent qu’ils ont souvent été obligés de réduire leur achat de nourriture à cause des coûts élevés.

La fin de l’espoir concerne principalement les électeurs noirs d’un certain âge, ceux qui ont voté pour Barack Obama et qui espéraient un changement en profondeur de la société américaine. Et qui apparemment ne sont pas convaincus. Déçus une première fois, ils ne sont peut-être pas près de donner une deuxième chance, fût-ce à une candidate noire. Aujourd’hui, respectivement 63 % et 46 % des électeurs noirs et hispaniques considèrent que les démocrates sont le meilleur parti à tenir ses promesses. Peut-être ne doutent-ils de leurs bonnes intentions, mais ils sont désappointés des résultats obtenus.

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