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J-20 : Le f** word est-il approprié à Donald Trump ?

Est-ce la manifestation d’une démence aggravée, l’illustration d’une adhésion à une idéologie, ou l’application d’une stratégie calculée ? Peut-être les trois, mon général pourrait-on répondre.

Justement, en parlant de général, Mark Milley décrit l’ex-président comme suit : “He is the most dangerous person ever. I had suspicions when I talked to you about his mental decline and so forth, but now I realize he’s a total fascist. He is now the most dangerous person to this country…a fascist to the core.” (citation du dernier livre de Bob Woordward).

Mark Milley n’est pas un gauchiste échevelé, il a été “chairman of the Joint Chiefs of Staff, the nation’s highest-ranking military officer and the primary military advisor to the president, the secretary of defense, and the National Security Council”.

Et il a été nommé par Donald Trump.

Cette liste pourrait être complétée. C’est d’ailleurs ce que propose un article de l’IREF (on peut critiquer Trump sur bien des points, mais parler de « fascisme » n’a ici aucun sens), la publication qui s’est donné comme objectif de remettre les pendules à l’heure.

La philosophe américaine Judith Butler considérait dans un essai publié en 2016 que Donald Trump représentait une « nouvelle forme de fascisme ».

En 2020, le philosophe Alain Badiou, qualifié d’ultragauchiste, déclarait quant à lui sur France Inter : « Trump est fasciste dans sa vision du monde ».

En 2024, la représentante d’extrême gauche de l’État de New York, Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) appelait sur X les démocrates à « refuser de se résigner au ‘fascisme’ » – traduction en clair : à ne pas partir du principe que Trump va être réélu président en novembre de cette année… L’auteur de l’article ne semble pas ébranler par le fait que Donald Trump – et son colistier J.D. Vance – refuse de reconnaître le résultat des élections de 2020 et affirme régulièrement que, s’il perd celles de 2024, c’est qu’elles auront été frauduleuses.

Robert Reich, l’ancien secrétaire au travail de Bill Clinton et professeur de sciences politiques à l’université de Berkeley, avait également apporté sa contribution sur le sujet.

On pourrait ajouter les déclarations du professeur d’histoire Timothy Snyder qui n’est pas non plus un gauchiste qui n’hésite pas non plus à qualifier le régime d’une seconde administration de fasciste :

“By fascism I just have in mind (1) the cult of personality of a Leader: (2) the party that becomes a single party; (3) the threat and use of violence; and (4) the big lie that must be accepted and used to reshape reality: in this case, that Trump can never lose an election.”

Le point 2 n’est pas vérifié puisqu’il n’est pas encore question de le supprimer. Mais le discours de Trump et de ses affidés est souvent de les qualifier d’unamerican (je ne mentionne même pas les insultes).

Dans une interview récente à l’hebdomadaire Le Point réalisée à l’occasion de la publication de son livre Freedom, Tymothy Snyder définit Donald Trump comme un sadopopulisme.

« Les populistes font des promesses souvent irréalistes. Le « sadopopuliste », quant à lui, promet simplement de la douleur. Sa politique est la suivante : vous allez souffrir, mais vous verrez d’autres personnes souffrir davantage. Aux États-Unis, de nombreux Blancs sont prêts à souffrir si cela implique que les Noirs souffrent plus qu’eux. La politique de Trump s’inscrit dans cette optique. Elle invite une population à profiter des malheurs des autres. Il mise sur notre côté sadique. Le défi pour les défenseurs de la liberté est de parvenir à créer un peuple capable de réfléchir à ses engagements moraux, afin qu’il ait moins besoin de voir les autres souffrir ».

Une chose est sûre, Donald Trump développe en permanence une idéologie de « Eux contre nous » et ne cherche pas à unir son pays.

L’article mentionné plus haut précise les attributs du fascisme mussolinien, un autoritarisme fondé sur :

– L’État omnipotent

C’est ce que veut en place Trump en parlant de retribution et que la Cour Suprême semble valider avec l’arrêt sur l’immunité du président) ;

– Le refus du parlementarisme 

Les soutiens de Trump mentionnent tous le renforcement de l’Exécutif. Chez Donald Trump, c’est une pratique qui dérive de son expérience plus qu’une théorie politique, il veut diriger les États-Unis comme il a dirigé sa PME Trump organization), en potentat et unique décideur. Le plan Schedule F qui consiste à révoquer 50 000 postes dans l’administration pour y mettre des loyalistes vise bien à cet objectif-là.

– Le mépris des droits individuels

La position de Donald Trump vis-à-vis de la Justice lui a été transmise par Roy Cohn : la Justice n’est qu’un moyen pour arriver à ses fins. La liste des gens qu’il veut mettre en prison (parce qu’ils ont l’outrecuidance de ne pas être d’accord avec lui) s’allonge de jour en jour.

Ses déclarations récentes dans ses meetings du Colorado et en Californie renforçaient cette analyse sans pour autant changer en nature. Mais sur Fox News, il déclarait que les ennemis de l’intérieur, qu’il décrivait comme des radical left lunatics, nommant au passage Adam Schiff, le représentant de Californie et qui se présente au Sénat, étaient plus dangereux que la Russie ou les Chinois. Leurs cas pourraient être facilement réglés par la garde nationale et l’armée. Ses critiques ne reçoivent aucune correction de la part des républicains qui ne semblent pas gênés de faire le service après-vente et essaient d’expliquer que ce n’est pas ce qu’il voulait dire, que ce ne sont que des mots, qu’il plaisante ou encore que ces déclarations sont sorties de leur contexte. C’est exactement ce qu’a fait le gouverneur de Virginie Glenn Youngkin sur CNN dans une interview réalisée par Jake Tapper.

“Is that something that you support?” interroge le journaliste.

Le gouverneur lui qu’il a mal compris les propos de Donald Trump et qu’il qualifie les migrants.

Non, répond le journaliste, répondant que Donald Trump a bien fait référence aux citoyens en mentionnant Adam Schiff.

Le gouverneur, confronté à la dure réalité, s’égare alors dans une déclaration bouillabaisse mélangeant des histoires de gangs vénézuéliens, de Virginiens mourant à cause du fentanyl…

Ceux qui critiquent le fait de qualifier les idées de Donald Trump de fasciste considèrent que cela est contre-productif, exagéré et ne fait que renforcer ses soutiens plus que de mobiliser ses opposants. Peut-être, mais si une pomme est verte, il est difficile d’affirmer qu’elle est rouge. De toute façon, on a bien compris que ceux qui ont décidé de voter pour le candidat républicain ne changeront pas leur vote. Il s’agit de convaincre ceux qui pourraient encore se poser des questions, les fameux indécis qui ne se décideront qu’une fois dans l’isoloir.

Et puis, si ce n’est pas du fascisme, ça y ressemble fortement. Et le f** peut se décliner de plusieurs manières.

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