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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-4 Civilité et asymétrie

Tim Walz bon, J.D. Vance meilleur. Tel est l’avis général des commentateurs qui ressort de ce débat entre les deux candidats à la vice-présidence, respectivement colistiers de Kamala Harris et de Donald Trump. Un débit civil entre midwesterners – des Américains souvent présentés comme des gens sympathiques et affables – mais entre candidats ô combien opposés sur les politiques à mener. Une atmosphère qui tranchait avec celle qui flottait lors du débat entre les candidats à la présidence. Pas moins de quinze poignées de mains échangées entre les deux candidats, leurs épouses et les deux journalistes contre une seule que Kamala Harris a forcée à son adversaire.

L’objectif pour les deux participants était sans doute de convaincre les électeurs qui restent à l’être, les fameux indécis. Comment ?

Pour J.D. Vance, le message est relativement simple : pendant les quatre de l’administration Trump tout allait bien, pas de guerres dans le monde, pas d’inflation, une frontière qui n’était pas une passoire, et pendant les quatre dernières années, tout va mal, à cause de Kamala Harris.

Il est étonnant que les démocrates n’aient pas défini une contre-argumentation à cette liste à la Prévert des choses qui sont allées bien sous Trump et qui ne vont pas bien sous Harris (Biden). Comme si le seul président des États-Unis avait un total contrôle de ce qui se passe dans le monde et que tout ce qui arrive dépendait de lui.

Ils pourraient opposer à cette liste totalement stupide : oui, mais il y a eu le Covid qui a fait plus d’un million de morts aux États-Unis, un des tributs les plus élevés des pays du monde occidental, les guerres civiles syrienne et libyenne et les guerres au Yemen et au Haut-Karabakh ont fait des milliers de morts et ont causé des déplacements massifs de population, le coup d’État militaire au Myanmar a conduit à une répression violente et pourquoi pas les ouragans Harvey, Irma, Maria – qui a ravagé Porto Rico (et où Donald Trump s’était distingué en critiquant la maire de San Juan), les incendies à répétition en Californie, le Cyclone Idai qui a frappé le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi causant des centaines de morts, l’éruption du volcan Kilauea à Hawaï qui a causé des évacuations massives et des dégâts considérables. Bref, les démocrates auraient dû développer un contre-argumentaire depuis le temps que leurs opposants républicains déroulent ces pseudo-évidences qui sonnent bien à l’oreille, mais qui n’ont pas beaucoup de sens.

Pour Tim Walz, l’objectif était de présenter les politiques que Kamala Harris compte mettre en œuvre et qui sont censées répondre aux besoins et aux attentes des Américains.

Mais la grande différence entre les deux candidats est que J.D. Vance semble avoir plusieurs personnalités et ne pas être gêné de se répandre en mensonges ou en déformations mensongères de la réalité, là où Tim Walz est fait d’un seul bloc. J.D. Vance est un peu le nice guy, côté docteur Jekyll pendant le débat, et l’abject ultra-right lorsqu’il s’adresse à la base MAGA, côté M. Hyde. Il est capable de dire des choses détestables de manière extrêmement policée et civile là où son maître ne peut s’empêcher d’éructer et d’injurier. En gros, dire de manière raisonnable et posée des choses outrancières. Dire en anglais les messages incohérents de Donald Trump. Sauf que parfois c’est difficile. Comment expliquer que les migrants, qu’ils soient haïtiens ou autres, ne mangent pas les chiens et les chats ? Ou que l’on ne peut pas tuer sans impunité des fœtus après leur naissance ?

D’ailleurs, lorsque la journaliste a repris le candidat MAGA en rappelant que les migrants haïtiens étaient bien légalement aux États-Unis, J.D. Vance a presque été surpris en rétorquant : “The rules were that you guys weren’t going to fact-check!”

J.D. Vance a un avantage majeur par rapport à son opposant, il peut mentir sans honte ni scrupule. Le média The Bulwark a concocté une petite liste des mensonges et des craques formulées pendant le débat :

  • That because Trump is crazy and unpredictable, other countries fear him—which is why Trump is good for foreign policy.
  • That climate change is real and protectionism is the best way to combat it.
  • That when he said mean things about Trump in the past, it was because the media had lied to him about Trump.
  • That Trump governed in a bipartisan manner and “got things done.”
  • That Trump saved Obamacare.
  • That America has an “epidemic of gun violence.”
  • That Republicans need to “earn people’s trust back” on abortion.
  • That Trump isn’t a threat to democracy because he did voluntarily leave the White House on January 20, 2021.
  • That America needs (1) change and (2) a president who’s done this all before.

Certaines affirmations comme Trump saved Obamacare sont presque risibles lorsqu’on se souvient que durant les quatre ans d’administration Trump, les républicains ont tenté à soixante reprises de repeal l’ACA (Affordable Care Act). Et Donald Trump n’a eu de cesse de promettre un beautiful plan pour le remplacer. Lors du débat avec Kamala Harris, il a même eu l’audace d’expliquer qu’il avait “a concept of a plan”. C’est le début du commencement d’une ébauche.

Mais le moment irrésistible est celui où Tim Walsh lui a demandé (une question qui sert de litmus test pour tout l’entourage de l’ex-président) si Donald Trump avait perdu les élections de 2020. Et là, on le sait, c’est la barre que ne peut franchir le sauteur en hauteur MAGA.

TW: Did he lose the 2020 election?

JDV: Tim, I’m focused on the future. Did Kamala Harris censor Americans from speaking their mind in the wake of the 2020 COVID situation?

TW: That is a damning. That is a damning non answer.

JDV: It’s a damning non answer for you to not talk about censorship. Obviously, Donald Trump and I think that there were problems in 2020. We’ve talked about it. I’m happy to talk about it further. But you guys attack us for not believing in democracy. The most sacred right under the United States democracy is the First Amendment. You yourself have said there’s no First Amendment right to misinformation. Kamala Harris wants to use the power of government and big tech to silence people from speaking their minds. That is a threat to democracy that will long outlive this present political moment. I would like Democrats and Republicans to both reject censorship. Let’s persuade one another. Let’s argue about ideas, and then let’s come together afterwards.

Le début de la réponse peut aussi être interprété de manière ambivalente et inquiétante. La version la moins préoccupante est que J.D. Vance est plus intéressé à parler des sujets qui constituent le quotidien des Américains. Mais l’autre version, moins reluisante, ce que ferait J.D. Vance si Donald Trump perdait les élections de 2024. Aurait-il la même attitude de Mike Pence d’en accepter les résultats ou l’accompagnerait-il dans une nouvelle tentative de coup d’État ?

Le média Popular Information détaille les différentes initiatives que déploie l’équipe de campagne de Donald Trump pour modifier le résultat des élections si celui-ci n’était pas en sa faveur (How Republicans could subvert the 2024 election). Un article qui s’appuie sur des rapports publiés par différentes institutions : Citizens for Responsibility and Ethics in Washington, Public Wise, Informing Democracy, and the Center for Media and Democracy, Brookings Institution, Stated United Action. Le contenu de ces rapports montre que l’amateurisme qui caractérisait 2020 a cédé la place au professionnalisme. La période entre le 5 novembre 2024 – où le jour où seront publiés les résultats – et le 20 janvier 2025 risque d’être très mouvementée.

Autre question que pose ce débat : J.D. Vance peut-il être l’incarnation de ce que peut être le trumpisme après Trump ? C’est la question à laquelle le magazine The New Republic répond plutôt par l’affirmative : J.D. Vance Is the Future of the Republican Party.

Même si “The electoral appeal of Trumpism without Trump is still untested. The available data we have in the form of competitive Senate and House races—and, for that matter, in the form of Vance’s staggeringly bad favorability ratings—suggests any successor will struggle to recreate both the vibe and the coalition that Trump has built.

Donald Trump a bien validé son affirmation selon laquelle il pourrait tuer quelqu’un sur la 5e avenue sans que cela ne lui coûte une seule voix. Pour sa base électorale, il a acquis le rang d’un démiurge intouchable. Ce n’est pas encore le cas de J.D. Vance qui n’est encore qu’un humain. 

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