Les commentateurs politiques se transforment en commentateurs sportifs au moment des élections qui sont alors analysées sous toutes les coutures comme le serait une course de chevaux. Tous les critères doivent être passés au crible.
Forme actuelle du cheval :
– Performances récentes : Comment le cheval a-t-il performé dans ses dernières courses ?
– Consistance : Le cheval montre-t-il une performance régulière ou fluctuante ?
Historique des courses :
– Victoires et placements : Combien de fois le cheval a-t-il gagné ou été placé ?
– Type de courses : Le cheval a-t-il déjà couru sur des distances similaires et sur des surfaces similaires (gazon, sable, etc.) ?
Jockey et entraîneur :
– Réputation : Le jockey et l’entraîneur ont-ils une bonne réputation et un bon taux de réussite ?
– Association : Le jockey et l’entraîneur ont-ils déjà collaboré avec succès ?
Conditions de la course :
– Distance : La distance de la course convient-elle au cheval ?
– Surface : Le cheval est-il plus performant sur gazon, sable, ou autre surface ?
– Conditions météorologiques : Le cheval performe-t-il mieux par temps sec, pluvieux, etc. ?
Poids et handicap :
– Poids porté : Le poids que le cheval doit porter peut affecter sa performance.
– Handicap : Dans les courses à handicap, les chevaux portent des poids différents pour égaliser les chances.
Pedigree et génétique :
– Lignée : Le cheval a-t-il des parents ou des frères et sœurs qui ont eu du succès ?
– Caractéristiques génétiques : Certaines lignées sont connues pour être plus performantes sur certaines distances ou surfaces.
État de santé et préparation :
– Blessures : Le cheval a-t-il des blessures récentes ou des problèmes de santé ?
– Entraînement : Le cheval a-t-il suivi un entraînement approprié pour la course ?
Cotes et paris :
– Cotes des bookmakers : Les cotes peuvent refléter les attentes des parieurs et des experts.
– Mouvements de cotes : Les changements dans les cotes peuvent indiquer des informations importantes.
Position de départ :
– Box de départ : La position de départ peut affecter la performance, surtout sur les pistes avec des virages serrés.
Analyse des adversaires :
– Niveau de la compétition : Quel est le niveau des autres chevaux dans la course ?
– Comparaison des performances : Comment le cheval se compare-t-il aux autres participants ?
Bref, c’est toute une science. L’analyse de l’élection présidentielle l’est tout autant, sinon plus. Les commentateurs politiques américains ont déployé toute une science (bien inutile) liée au système électoral indirect qui est devenu totalement obsolète et qui se résume en : « comment atteindre les 270 voix de grands électeurs ». Les partisans du statu quo, essentiellement les républicains, interpellent les Pères fondateurs qui ne souhaitaient pas donner trop d’importance au vote populaire et avaient fini par adopter un système à deux niveaux : vote populaire, collège électoral. En fait, la véritable raison est qu’ils ne peuvent plus gagner les élections si le scrutin était seulement fondé sur les voix populaires, sauf exception. Comme ce fut le cas en 2004 avec l’effet drapeau lié à la guerre en Irak fondé sur le mensonge des armes de destruction massive.
La conséquence de ce système (aujourd’hui totalement absurde) est que le résultat des élections se joue à quelques milliers de voix près dans 6 ou7 États clés. Les contradicteurs affirmeront que la majorité n’est qu’une affaire de 50 % des voix + Une. Et que c’est cette voix qui fait la différence. Certes, mais dans le système actuel, les 43 ou 44 États qui ne sont pas pourpres, mais bien bleu ou bien rouge, ne comptent pas vraiment. D’ailleurs, les candidats n’y font quasiment pas campagne.
Under the current system, a small number of votes in a small number of states regularly decides the Presidency. All-or-nothing payoffs fuel doubt, controversy over real or imagined irregularities, hair-splitting post-election litigation, and unrest. In 2020, if 21,461 voters had changed their minds, Joe Biden would have been defeated, despite leading by over 7 million votes nationally. Each of these 21,461 voters (5,229 in Arizona, 5,890 in Georgia, and 10,342 in Wisconsin) was 329 times more important than the 7 million voters elsewhere. That is, every vote is not equal under the current system.
Presidential candidates only pay attention to voters in closely divided battleground states. In 2020, almost all (96%) of the general-election campaign events were concentrated in 12 states where the candidates were within 46%–54%. In 2024, 80% of Americans will be ignored because they do not live in closely divided states. The politically irrelevant spectator states include almost all of the small states, rural states, agricultural states, Southern states, Western states, and Northeastern states.
(Source : www.nationalpopularvote.com/written-explanation)
Quelles que soient les analyses proposées dans les médias, l’idée qui surplombe toutes les autres est que cette élection sera très serrée. Côté Donald Trump, c’est le refrain habituel qui est servi par le candidat : s’il perd les élections, c’est qu’elles auront été truquées.
Dans un dernier billet, Robert Reich, ancien secrétaire du travail de Bill Clinton et professeur à l’Université de Berkeley, s’étonne de cette situation et propose une analyse intéressante (How the hell can Trump be running neck-and-neck with Harris? Let me tell you).
À moins de 40 jours du jour de l’élection, comment se fait-il que Trump ait pris une petite avance en Arizona et en Géorgie – deux États pivots qu’il a perdus face à Biden en 2020 ? Comment peut-il devancer Kamala Harris de justesse dans l’État pivot de la Caroline du Nord ? Comment peut-il maintenant être essentiellement à égalité avec elle dans les autres États clés du Michigan et du Wisconsin ?
Plus généralement, comment Trump a-t-il pu réduire à néant l’avantage de Harris dès le début du mois d’août ? Comment est-il possible qu’un plus grand nombre d’électeurs semblent avoir une opinion favorable de Trump aujourd’hui qu’il y a plusieurs mois, lorsqu’il était dans la course contre Biden ?
Pourquoi est-il au coude à coude avec Kamala Harris ? L’universitaire balaie les explications couramment proposées.
Les sondages sous-estimeraient le soutien des électeurs à Kamala Harris et exagéreraient leur soutien à Donald Trump. Mais si les sondages sont systématiquement biaisés, on pourrait penser que ce serait l’inverse, car certains électeurs non universitaires sont probablement réticents à admettre aux sondeurs professionnels leur préférence pour Trump.
Une autre est que les médias créent intentionnellement une course serrée afin de vendre plus de publicités. Mais cela ne peut pas être vrai parce que, au contraire, de plus en plus d’Américains semblent se déconnecter complètement de la politique.
Une dernière théorie soutient que Kamala Harris n’a pas encore apaisé les craintes des électeurs concernant l’inflation et l’économie. Mais étant donné que l’économie américaine a rebondi, que l’inflation est en baisse, que les taux d’intérêt baissent, que les salaires sont en hausse et que le moteur de l’emploi continue, on pourrait penser que les électeurs en marge se tourneraient vers elle plutôt que vers Donald Trump.
Pour Robert Reich, l’explication la plus simple concerne l’information asymétrique.
À l’heure actuelle, presque tout le monde en Amérique connaît Donald Trump et a pris sa décision à son sujet. Des sondages récents ont révélé que près de 90 % des électeurs disent qu’ils n’ont pas besoin d’en savoir plus sur le personnage pour décider de leur vote.
Alors qu’ils ne connaissent pas encore Kamala Harris ou restent indécis. Donald Trump exploite cette asymétrie de sorte que lorsqu’il s’agit de choisir entre les deux candidats, les électeurs choisiront le diable qu’ils connaissent.
Cela exige, tout d’abord, que Donald Trump sature les médias afin que Kamala Harris ait moins d’occasions de se définir positivement. En d’autres termes, Trump est au coude à coude avec Harris, non pas en dépit du chaos que Donald Trump a créé au cours des dernières semaines, mais à cause de celui-ci.
La stratégie de Trump exige également que lui et ses alliés inondent simultanément les ondes et les médias sociaux de publicités négatives sur Harris, qui sont ensuite amplifiées par l’écosystème de droite de Fox News, Newsmax et Sinclair radio.
L’équipe de campagne de Donald Trump a renoncé à essayer de le promouvoir positivement (il suffit de l’écouter pour comprendre que cela est impossible). Au lieu de cela, les publicités diffusées par Donald Trump et ses alliés dans les États pivots sont extrêmement négatives à propos de Kamala Harris – mettant l’accent, par exemple, sur son soutien passé à la chirurgie de transition de genre pour les personnes incarcérées.
On sait depuis longtemps que les messages négatifs ont un impact plus important que les messages positifs. Et derrière l’asymétrie de l’information se cachent le racisme et la misogynie.