En trois semaines, les aiguilles se sont affolées en tournant du côté démocrate.
La campagne prend donc une tournure inattendue. Au lendemain de la tentative d’assassinat suivie par la Convention républicaine la semaine suivante, les élections étaient jouées : Donald Trump allait les gagner (Trump was close to breaking his poll ceiling. Then Harris arrived). Et puis, Joe Biden s’est retiré. Depuis plusieurs mois, les médias questionnaient l’âge du capitaine. Le débat malheureux du 27 juin a été le coup de grâce et a conduit Joe Biden à prendre une difficile décision : ne pas se représenter et apporter son soutien à Kamala Harris. Le 21 juillet, par l’entremise d’un premier tweet, puis d’un second. La nouvelle a pris un peu tout le monde de surprise même si beaucoup s’y attendaient.
Pendant un jour ou deux, l’incertitude a plané du côté démocrate et puis tout est allé très vite. Kamala Harris a rapidement émergé comme la candidate légitime bénéficiant du soutien de l’ensemble du parti démocrate, les premiers meetings ont montré que Donald Trump n’était pas le seul à pouvoir attirer des foules et que l’enthousiasme et l’énergie avaient changé de camp. Puis est arrivée la nomination du colistier Tim Walz qui a consolidé un peu plus le ticket démocrate. De telle sorte que le camp démocrate arrive à la Convention à Chicago en ordre de bataille.
Alors que les sondages semblaient bloqués pendant des mois, les aiguilles ont tout d’un coup bougé en faveur des démocrates. Donald Trump qui s’était installé dans une promenade de santé qu’il pensait avoir déjà gagnée ne semble pas vouloir comprendre qu’il est entré dans une nouvelle campagne et que les arguments utilisés jusqu’ici ne valent plus. C’est désormais lui qui est le vieux candidat. Il était peut-être un disrupteur en 2016, il ne l’est plus aujourd’hui. Les attaques et les gesticulations qui pouvaient surprendre alors ne semblent que du réchauffé et sont assez inefficaces.
Donald Trump continue ses interventions sur une description noire des États-Unis, qualifie tout ce qui ne va pas de Kamala X ou Kamala Y (exemples : Kamala Crash, Kamala chaos, Biden-Harris invasion) et explique que, s’il avait été à la Maison-Blanche à la place de Joe Biden, la guerre en Ukraine n’aurait pas eu lieu, tout comme l’attaque du 7 octobre, l’inflation, le déficit, peut-être le réchauffement climatique, mais celui-ci n’existe pas donc tout va bien…
Lui et son colistier passent leur temps à lancer des critiques virulentes, mais le plus souvent sans fondement. Le site Politifacts note les déclarations des candidats sur une échelle à 6 gradations allant de True à Pants of fire (The statement is not accurate and make a ridiculous claim). Le palmarès de Donald Trump est éloquent (voir ci-dessous).
Sa calamiteuse conférence de presse à Mar-a-Lago puis catastrophique interview sur X avec Elon Musk (ce dernier jouant le rôle de passe-plat) donne une bizarre impression que Donald Trump n’a plus vraiment de faire campagne ni de gagner les élections. Étonnante confrontation entre un constructeur de voitures électriques et un promoteur du pétrole.
Son autre conférence de presse impromptue de Bedminster, destinée principalement à occuper le terrain médiatique, devait lui donner l’occasion de parler d’économie et détailler sa politique en la matière. La petite mise en scène avec des produits du quotidien devait lui permettre de toucher directement les Américains. Et comme à son habitude, il a rapidement dérapé en allant sur ses terrains favoris : l’Amérique est au bord du précipice, c’est la faut de l’équipe Joe Biden / Kamala Harris, les pires président et vice-président de l’histoire des États-Unis. Ou à énoncer des affirmations n’ayant que peu de rapport avec la réalité comme le fait que 100 % des emplois créés dans la dernière année ont été des “migrant jobs”. Avec comme à son habitude à la fin de ces affirmations : “Did you that” comme pour les donner un quelconque rapport avec la réalité. Sans oublier la bordée d’injures et d’insultes dont il fait désormais son pain quotidien. “As far as the personal attacks, I’m very angry at her because of what she’s done to the country. I’m very angry at her that she would weaponize the justice system against me and other people, very angry at her. I think I’m entitled to personal attacks,” a-t-il expliqué à son club de golf du New Jersey. “I don’t have a lot of respect for her intelligence and I think she’ll be a terrible president”
Les chemins de la victoire
Les prochaines élections vont se jouer dans 7 Etats : Wisconsin, Michigan et Pennsylvanie qui forment ce que les politologues appellent le Blue Wall, la Caroline du Nord et la Géorgie au Sud, et le Nevada et l’Arizona à l’Ouest. Autrement dit, les 60 millions qu’ils représentent feront les élections laissant les 270 millions restant peu de voix au chapitre. Cela à cause du système électoral indirect fondé sur les Grands électeurs totalement vétuste et désormais totalement inadapté. Bien sûr les républicains souhaitent le maintenir puisqu’il les avantages considérablement. Sur les 8 dernières élections, les démocrates ont remporté la majorité des voix populaires à 7 reprises. La seule élection où les républicains l’ont emporté est celle de 2004 quelques mois après la guerre en Irak qu’une majorité d’Américains avaient soutenue.
En 3 semaines, Kamala Harris a renversé la situation à son avantage et peut désormais espérons gagner de plusieurs manières possibles. Le New York Times a fait le point sur ces différents chemins possibles en partant des États qui sont d’avance. Kamala Harris a 226 Grands électeurs dans sa poche et Donald Trump 219.
La science de l’inutile
Tout cela va peut-être s’avérer totalement inutile, non pas parce que le système aura changé mais parce que Kamala Harris pourrait bien remporter tous ces États pivots. Les derniers sondages montrent qu’elle est dans la bonne direction.
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