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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-12 La bataille des tickets

Depuis la nomination de Kamala Harris, officieuse puis officielle après le vote des délégués, les médias américains se sont concentrés sur le choix de son colistier. C’est finalement Tim Walz, le gouverneur du Minnesota qui a été retenu, un peu contre toute attente, même s’il était dans la « short list » des derniers jours avec le gouverneur de la Pennsylvanie, Josh Shapiro et Mark Kelly, sénateur de l’Arizona et ancien astronaute. C’est le candidat du Midwest, Tim Walz, qui l’a emporté. C’est le ticket démocrate Harris-Walz qui va affronter le ticket républicain Trump-Vance devant les électeurs en novembre prochain.

Les critiques des républicains ne se sont pas fait attendre. Les plus prévisibles consistent à présenter le colistier comme un progressiste, une étiquette à connotation très négative, ou un “radical left”.  Ils n’ont pas manqué de rappeler que, en tant que gouverneur de l’État, il n’était pas intervenu au début des émeutes qui avaient suivi l’assassinat de George Floyd par un policier. Cette attaque est tombée un peu à plat lorsque les médias ont publié un enregistrement d’une conversation pendant laquelle Donald Trump, alors président, félicite Tim Walz pour son action. Il y a eu aussi la critique de ses états de service en tant qu’engagé dans la Garde nationale des États-Unis. Il aurait refusé d’être déployé en Afghanistan. Sauf que la chronologie contredit cette affirmation. Après 24 ans de service (4 ans après les 20 ans requis), il avait souhaité faire valoir ses droits à la retraite pour se présenter au Congrès. Bref jusqu’ici, rien ne semble accrocher. L’attaque la plus surprenante a été de qualifier les démocrates d’antisémites parce qu’ils n’avaient pas choisi Josh Shapiro. “I think it’s very insulting to Jewish people,” a déclaré Donald Trump. Mais, comme le fait remarquer l’historienne Heather Cox Richardson dans sa lettre d’une Américaine, l’argument est difficile à vendre, sur 26 membres de la chambre des représentants sur 9 sénateurs de confession juive, respectivement 24 et 8 sont démocrates. Et Doug Emhoff, le conjoint de Kamala Harris est lui-même de confession juive. Bref, jusqu’ici, rien ne semble accrocher alors que, côté républicain, les prestations de J.D. Vance soulèvent polémique après polémique.

Quels que soient les critères – argent collecté, notamment par des petits donateurs, nombre de volontaires, sondages, l’énergie et l’enthousiasme, les meetings – tous les clignotants montrent que la situation a complètement changé en trois semaines, en faveur des démocrates. Alors que rien ne bougeait depuis plus de six mois et que l’avantage était clairement du côté républicain, les cartes ont été complètement rebattues.

Au-delà d’un CV qui parle à la classe moyenne (55 Things to Know About Tim Walz, Kamala Harris’ Pick for VP) et d’un enracinement dans le Midwest, considéré comme le Heartland de l’Amérique, Tim Walz a été choisi parce qu’il n’a clairement pas d’ambitions personnelles et s’est déclaré au service de la candidate. Dès les premiers meetings, sa manière de parler simple et directe, a résonné auprès des militants et des électeurs démocrates et pourraient aussi attirer des indépendants et des républicains, indécis ou qui ne souhaitent pas voter pour Donald Trump.  

Les sondages révèlent donc que la situation a évolué après des mois d’immobilisme. Au plan national (qui n’indique rien d’autre qu’une tendance), Kamala Harris possède un avantage légèrement supérieur à 2 %, avantage nécessaire pour pouvoir remporter la majorité des voix des Grands électeurs. La dynamique est du côté démocrate. En termes de popularité, l’avantage est aussi du côté de la candidate. Et les spécialistes du très byzantin système électoral américain considèrent que Kamala Harris a aujourd’hui plusieurs chemins pour arriver à la victoire (The Blue Wall, the Southern Strategy…). Les derniers sondages semblent leur donner raison et montrent que les démocrates peuvent gagner le Blue Wall, mais cela ne l’empêche de viser les États du Sud qui sont incertains comme l’Arizona, la Géorgie et le Nevada.

Border Patrol processed approximately 84,000 migrants who crossed the U.S.-Mexico border without authorization in June, the lowest monthly level since Mr. Biden took office in January 2021, when the agency reported just over 75,000 migrant apprehensions, the internal statistics show.

(Source : CBS News – Illegal crossings at U.S.-Mexico border fall to 3-year low, the lowest level under Biden).

Puisque la situation sur la frontière mexicaine s’est améliorée et que la bourse a connu un fort coup de tabac, Donald Trump va peut-être changer de discours. Il a d’ailleurs réagi au quart de tour en qualifiant cet épisode de « Kamala Crash ». Même si l’immigration reste un sujet très fort, non pas en termes objectifs, mais dans l’esprit des Américains qui considèrent cette question très importante.

Encore plus que tout candidat qui n’est pas au pouvoir, Donald Trump utilise tout ce qui va mal en en rendant responsables le président et la vice-présidente. On se souvient que lorsque la bourse était au plus haut, Donald Trump avait expliqué que c’était là une des conséquences de son mandat exceptionnel. Mais il faudra attendre un peu pour savoir s’il s’agit d’une simple correction, attendue depuis longtemps, ou du début d’une véritable récession. Pour l’heure, les principaux indices boursiers sont encore sont supérieurs à la moyenne des six derniers mois.

Avec les sondages qui évoluent en faveur des démocrates, Donald Trump n’arrive pas à digérer le fait que son nouvel opposant n’est plus Joe Biden, mais Kamala Harris. Ce qui réduit à néant sa stratégie depuis qu’il a annoncé sa candidature en novembre 2022 consistant quasi exclusivement à attaquer Joe Biden et à limiter son discours politique à Make America Great Again, un slogan désormais usé jusqu’à la corde et sonne comme un disque rayé. Du coup, conférence après conférence, rallye après rallye, il apparaît désormais comme un homme du passé et non un « disrupteur ». Par ailleurs, ses propos sont de plus en plus incohérents et sans aucun sens.

La politique est affaire de contraste, expliquait récemment un commentateur politique. Joe Biden parti, le contraste entre Donald Trump et Kamala Harris est chaque jour plus marquant. Et les médias qui s’étaient concentrés sur l’âge du capitaine ont tourné leur attention sur l’état mental du « stable genius » (The GOP’s new worry: Trump can’t drive a coherent message ; The Truth About Trump’s Press Conference, His obvious emotional instability is frightening, not funny). La difficulté de l’exercice est qu’il a habitué les médias aux mensonges et aux propos démentiels. De telle sorte qu’à peine après avoir débusqué une affabulation, il faut s’attaquer à la suivante. Il semblerait qu’avec la pression des sondages, Donald Trump ait franchi un nouveau palier. La conférence de presse donnée à Mar-a-Lago confirme cette aggravation.

Lors de son discours dans le Montana, il expliquait à ses fans que Joe Biden allait venir à la Convention démocrate et reprendre la candidature : “I hear he’s going to make a comeback at the Democrat convention,” Trump said at a rally in Bozeman. “He’s going to walk into the room and he’s going to say, I want my presidency back. I want another chance to debate Trump. I want another chance.”

Comme l’écrit Tom Nichols dans The Atlantic : “Donald Trump is not well. He is not stable. There’s something deeply wrong with him”.

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